L’un des principaux systèmes de détection et de neutralisation de drones hostiles qui doit être déployé pour sécuriser le ciel de Paris lors des JO cet été s’est montré inefficace lors de deux démonstrations. Des problèmes et des retards suffisamment inquiétants pour pousser les sénateurs à rendre confidentiel un rapport sur le sujet en raison de son caractère « sensible ».
Lors du dernier exercice, les essais d’interception auraient même été désastreux. Le système n’était capable que de repérer un seul drone sur trois et à une distance de seulement 800 mètres.
A priori, le procédé fonctionnerait correctement avec des drones lents et réalisant des manœuvres limitées, mais dans les autres cas, il laisserait passer les aéronefs au travers des mailles du filet de surveillance.
Signe de l’inquiétude qui règne autour du sujet, un rapport dédié à la lutte anti-drone vient tout juste d’être classé secret défense par les sénateurs de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Le dossier serait trop sensible et il reste nécessaire de réaliser des recommandations pour améliorer la sécurité nationale selon les sénateurs.
Des alternatives en cours
La Direction générale de l’armement [DGA] qui pilote le dossier 2021 est mise à contribution pour demander à Thales d’améliorer son système. Malgré d’importants retards pour les livraisons, de son côté l’industriel dédramatise et se veut rassurant en expliquant que le système sera opérationnel à temps.
En France, les drones présentent une menace importante, car ils sont faciles à utiliser, ils sont des millions et qu’il n’est pas compliqué, ni couteux, de les convertir en arme.
De son côté, le système Parade combine des radars, des systèmes de surveillance des émissions radio et des caméras supposément capables de détecter les menaces. Les systèmes défensifs comportent eux des brouilleurs, des drones porteurs de filets ou bien de la destruction d’un drone.
Ce dernier cas de figure n’est toutefois pas prioritaire en raison des risques encourus par la chute des débris de l’appareil abattu.
Reste que si du côté de Thales, il est toujours possible de corriger le « tir » avant le début des JO, la pendule tourne sans doute trop vite pour pouvoir s’assurer que le système est suffisamment performant et réaliser dans la foulée la mise à jour de la formation des opérateurs. En attendant, l’armée de l’air mise sur d’autres systèmes alternatifs et notamment le Bassalt, mis au point par Hologarde.
Paris 2024 : l’ambitieux bouclier anti-drones pourra-t-il repousser tous les assaillants ?
Enjeu majeur du volet « sécurité » des JO de Paris 2024, le très coûteux système anti-drones fait l’objet d’une enquête, six mois seulement avant le début des Jeux. En cause : des dysfonctionnements et des anomalies qui portent un coup à la réputation de ce bouclier présenté comme « sans failles ».
L’organisation des JO de Paris soulève des questions épineuses. En tête : son coût, et notamment le montant du portefeuille accordé au volet « sécurité » de l’événement. Son budget initial de 300 millions d’euros s’est envolé pour dépasser les 400 millions, et pourrait avoir atteint – et même dépassé – les 500 millions d’ici la fin des Jeux.
La lutte anti-drones y est peut-être pour quelque chose.
Sa mise en place nécessite différents systèmes, déjà éprouvés lors d’un « test » grandeur nature – et pas des moindres : la Coupe du monde de rugby, qui s’est déroulée en septembre et octobre derniers dans tout l’hexagone. Pour s’assurer un ciel inviolable, le gouvernement a déployé « Boréades », un système de commande et de contrôle qui coordonne et gère les opérations des deux systèmes anti-drones : « Parade » et « Radiant ».
La lutte anti-drones, enjeu majeur du volet « sécurité » des JO
Parade est conçu pour détecter, identifier et neutraliser les mini et micro-drones de manière sécurisée. Pour cela, il utilise un radar avec une portée instrumentée de cinq kilomètres et une couverture à 360 degrés, un système pour capter les fréquences radio des drones, et une caméra électro-optique pour l’identification visuelle.
Il est principalement destiné à la protection des grandes foules et des infrastructures.
De son côté, Radiant (Recherche active de drones intrusifs, acquisition, neutralisation) est un système plus léger de la préfecture de police de Paris, qui combine plusieurs moyens de détection et de neutralisation complémentaires à Parade.
Problème : Parade pourrait ne pas remplir toutes ses promesses, au point que, d’après nos confrères de L’Équipe, une très discrète mission d’information sénatoriale est actuellement menée depuis fin décembre afin d’évaluer un éventuel dysfonctionnement de ce dispositif.
Mis au point par un consortium co-dirigé par Thales et CS Group, son coût (mise en place incluse) s’est élevé à pas moins de 350 millions d’euros sur onze ans.
La lutte anti-drones pour les Jeux Olympiques de Paris questionnée au Sénat https://t.co/e3IL5EvrEw via @lequipe
— Nicolas Kssis-Martov (@Martov) February 1, 2024
Un bijou technologique défectueux ?
En cause, des dysfonctionnements lors des répétitions, ainsi que les performances du système lors de la Coupe du monde de rugby.
Sur les 55 drones repérés, 25 auraient été brouillés, et seulement neuf pilotes auraient été interpellés.
L’alerte a été lancée par Cédric Perrin, sénateur et président de la commission de défense, qui a estimé que le programme Parade ne répondait pas aux exigences nécessaires pour assurer la sécurité des Jeux.
L’enquête devrait aboutir à un rapport comportant des recommandations et attendu pour fin mars, laissant tout juste le temps (on l’espère) de rectifier le tir et de corriger les éventuelles anomalies de ce très coûteux système de défense.
futura