Xi Jinping est arrivé en France pour célébrer les 60 ans de relations diplomatiques franco-chinoises

Xi Jinping est arrivé dimanche à Paris, où son homologue français Emmanuel Macron entend prôner la « réciprocité » commerciale et la recherche d’une résolution de la guerre en Ukraine face à un président chinois qui continue d’afficher son soutien à la Russie.

Annoncée il y a une semaine, la visite d’État du président chinois en France a débuté, dimanche 5 mai. Xi Jinping est arrivé à Paris, où son homologue français Emmanuel Macron entend notamment prôner la « réciprocité » commerciale entre les deux pays et rechercher une résolution de la guerre en Ukraine.

« Dans l’après-midi du 5 mai, heure locale, le président Xi Jinping est arrivé en avion à Paris pour débuter une visite d’État en France », a indiqué la télévision officielle chinoise CCTV.

Il a été accueilli vers 16 h (14 h GMT) par le Premier ministre Gabriel Attal à l’aéroport parisien d’Orly.

Le président chinois Xi Jinping et son épouse Peng Liyuan accueillis à leur descente d'avion par le Premier ministre français Gabriel Attal à l'aéroport d'Orly, le 5 mai 2024.

Xi Jinping veut « œuvrer » à « résoudre la crise » en Ukraine

Dès son arrivée en France, le président chinois a affirmé dans une tribune publiée par Le Figaro qu’il entend « œuvrer avec la France et toute la communauté internationale » à « résoudre la crise » en Ukraine.

« Nous espérons que la paix et la stabilité reviendront rapidement en Europe, et entendons œuvrer avec la France et toute la communauté internationale à trouver de bonnes pistes pour résoudre la crise », écrit le numéro un de la superpuissance asiatique.

« Nous comprenons le bouleversement qu’engendre la crise ukrainienne pour les Européens.

La Chine n’est pas à l’origine de cette crise, et elle n’y est pas non plus partie ou participante », ajoute le dirigeant chinois. Xi Jinping assure avoir « toujours joué un rôle constructif pour favoriser un règlement pacifique » dans ce conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Il rappelle avoir appelé à plusieurs occasions « à observer les buts et principes de la Charte des Nations unies, à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays, à prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes des différentes parties, et insisté sur l’impératif de ne pas utiliser d’armes nucléaires ni de mener de guerre nucléaire ».

La Chine, ajoute-t-il, a « fourni à l’Ukraine des aides humanitaires, et notre envoyé spécial a fait plusieurs déplacements dans les pays concernés ».

Enchaînements de rendez-vous

Lundi, Xi Jinping, qui vient célébrer les 60 ans de relations diplomatiques franco-chinoises, enchaînera les rendez-vous avec Emmanuel Macron, qui s’est concerté en amont avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

Lundi matin, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se joindra au duo franco-chinois à l’Élysée pour une session qui devrait permettre de soulever les différends commerciaux.

Et ils sont nombreux. Menacée d’être prise en tenailles entre les économies américaine et chinoise, massivement aidées par la puissance publique, l’UE a multiplié ces derniers mois les enquêtes sur les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, notamment aux véhicules électriques, accusées de fausser la concurrence.

Obtenir le soutien de la Chine pour une « trêve olympique »

Dans un entretien à La Tribune dimanche, Emmanuel Macron reconnaît que les Européens ne sont « pas unanimes » sur la stratégie à adopter car, dit-il, « certains acteurs voient toujours dans la Chine essentiellement un marché de débouchés » alors qu’elle « exporte massivement vers l’Europe ».

Il plaide, lui, pour « mieux protéger notre sécurité nationale », « être beaucoup plus réalistes dans la défense de nos intérêts » et « obtenir la réciprocité ».

Les présidents chinois Xi Jinping et français Emmanuel Macron, le 7 avril 2023 à Canton, dans le sud de la Chine.

À Pékin, ces mesures jugées « protectionnistes » passent mal. Les autorités chinoises ont lancé leur propre enquête antisubventions visant essentiellement le cognac français, contre laquelle le président français compte s’élever.

Si aucun contrat mirobolant n’a été annoncé à ce stade, des discussions sur des investissements étaient en cours jusqu’au bout. Un forum économique franco-chinois est aussi prévu lundi au théâtre Marigny.

Lundi après-midi, après une cérémonie protocolaire d’accueil en grande pompe aux Invalides, et avant un banquet à l’Élysée, Emmanuel Macron et Xi Jinping se retrouveront en tête-à-tête pour la séquence la plus politique, puis s’exprimeront devant la presse.

Le Français compte demander au Chinois de soutenir la « trêve olympique » pour « l’ensemble » des conflits à l’occasion des JO Paris 2024.

Les présidents chinois Xi Jinping et français Emmanuel Macron, accompagnés d'une interprète, le 7 avril 2023 à Canton, dans le sud de la Chine.

Paris veut a minima s’assurer que la Chine, principale alliée du président russe Vladimir Poutine, ne bascule dans un soutien clair à son effort de guerre face à Kiev. Voire « l’encourager à utiliser les leviers » dont elle dispose sur Moscou pour « contribuer à une résolution de ce conflit », selon l’Élysée.

Casser le protocole au Tourmalet pour un dialogue plus direct

Emmanuel Macron avait porté ce même message il y a un an lors de sa propre visite d’État en Chine, avec des résultats modestes.

Pour Marc Julienne, chercheur à l’IFRI, « cette approche révèle un manque de compréhension des intérêts et de la stratégie de Pékin », qui veut « se tenir à distance du conflit » et n’entend « pas s’impliquer davantage, ni dans le sens des Européens, ni dans le sens d’un soutien militaire à la Russie ».

Des manifestants portent des drapeaux tibétains et tiennent un panneau "Tibet Libre" lors d'un rassemblement contre la venue en France du président chinois Xi Jinping, le 5 mai 2024 à Paris.

Le président français tentera néanmoins d’enfoncer le clou mardi, dans les Pyrénées, à l’occasion d’une escapade plus personnelle entre les deux hommes, accompagnés de leurs épouses.

L’objectif de ce déjeuner sur le col du Tourmalet – là où, enfant, il passait ses vacances chez sa grand-mère – est éminemment diplomatique : casser l’imposant protocole pour instaurer un dialogue plus direct, notamment sur l’Ukraine.

Sur la question sensible des droits humains, Emmanuel Macron dit préférer évoquer « les désaccords » plutôt « derrière des portes closes ».

Paris n’a pas non plus tenu à ériger en priorité le dossier de Taïwan, pourtant au cœur des fortes tensions entre les États-Unis et la Chine.

Manifestation d'Amnesty international à Paris avant la venue du président chinois Xi Jinping, le 4 mai 2024.

Plusieurs centaines de militants tibétains se sont rassemblés dimanche place de la République à Paris pour dénoncer en la Chine « un prédateur » et « un régime colonial ». « Non au totalitarisme chinois », pouvait-on lire sur une banderole.

De mercredi à vendredi, Xi Jinping ira ensuite en Serbie et en Hongrie.

AFP

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