Au Pakistan, le mois d’avril « le plus pluvieux » depuis 1961

Des habitants contemplent leurs maisons inondées dans le district de Charsadda, dans la région de Khyber Pakhtunkhwa, au Pakistan, le 17 avril 2024. Le Pakistan a connu en cette année son mois d’avril le plus pluvieux depuis plus de 60 ansDes habitants contemplent leurs maisons inondées dans le district de Charsadda, dans la région de Khyber Pakhtunkhwa, au Pakistan, le 17 avril 2024. Le Pakistan a connu en cette année son mois d’avril le plus pluvieux depuis plus de 60 ans

Si une grande partie de l’Asie connaît une vague de chaleur sans précédent, le Pakistan, lui, vient de vivre son « avril le plus pluvieux depuis 1961 », avec des températures près d’un degré plus basses qu’à l’habitude.

Comme souvent dans le pays, le cinquième le plus peuplé du monde et l’un des plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes, experts et météorologues pointent du doigt le changement climatique.

Le pays pauvre d’Asie du Sud ne cesse de répéter que ses 240 millions d’habitants (environ 3% de la population mondiale) ne sont responsables que de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Beaucoup s’inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d’avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d’enfants dans l’écroulement de leur maison sous des pluies torentielles. Mais la mousson, et son lot d’inondations, de crues subites et de dégâts, doit arriver en juillet et durera jusqu’en septembre.

Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde, autant de phénomènes dont l’impact est aggravé, disent les experts, par un manque d’infrastructures et une mauvaise gouvernance.

En avril, les précipitations ont atteint « 59,3 millimètres », bien au-delà des moyennes habituelles de 22,5 millimètres, détaille un rapport des services de météorologie publié tard vendredi.

Le Balouchistan, la plus grande province du Pakistan aux frontières de l’Iran et de l’Afghanistan, a connu l’augmentation la plus importante du pays. Là, notent les services de météorologie, les précipitations ont été quatre fois et demie supérieures aux normales saisonnières.

Le bilan humain le plus lourd, avec 84 morts dont 38 enfants, a en revanche été enregistré dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest frontalier de l’Afghanistan, où 3.500 habitations ont été endommagées.

– « Météo imprévisible » –

Et alors que des Philippines à la Birmanie en passant par l’Inde, des millions de personnes suffoquent sous une vague de chaleur inédite, le Pakistan a vu sa température moyenne mensuelle baisser à 23,67 degrés, contre 24,54 habituellement, poursuit le rapport.

Pour Zaheer Ahmad Babar, porte-parole des services météorologiques, le changement climatique explique ce mois inhabituel.

« Le changement climatique est un facteur important qui influe sur les tendances météo imprévisibles dans notre région », affirme-t-il à l’AFP.

En 2022, le pays pauvre d’Asie du Sud avait subi des inondations dévastatrices qui avaient touché près d’un tiers de son territoire et affecté plus de 33 millions de personnes, faisant plus de 1.700 morts.

Dans des régions du Pendjab, province la plus peuplée et grenier à céréales du pays, les récoltes ont souffert récemment des pluies abondantes et de la grêle.

« Les crues subites ont provoqué des dégâts importants à de grandes surfaces de cultures, en particulier celle du blé, qui était prêt à être récoltée », a indiqué l’agence onusienne OCHA dans un rapport récent.

« Ceci a entraîné des pertes économiques importantes pour les cultivateurs et les villages ».

« On assiste quasiment chaque année à des événements liés aux changements climatiques. Et pourtant on n’y est toujours pas préparé », constate l’avocat et militant écologiste Ahmad Rafay Alam.

La responsabilité du climat « incombe à nos gouvernements provinciaux et fédéral, mais ceux-ci accordent la priorité aux questions politiques », dit-il.

Si le Pakistan pâtit actuellement de précipitations élevées, début avril, Islamabad annonçait être confronté à une pénurie d’eau d’environ 30% par rapport à ses besoins au début de la saison des semis pour le riz et le coton.

Les autorités pointait du doigt un enneigement hivernal moins important qu’à l’habitude dans la région des glaciers du Nord.

Plus d’un an et demi plus tard, souligne l’ONU, près de 10 millions d’enfants avaient encore besoin d’aide humanitaire pour survivre dans les zones touchées par les pluies diluviennes qui ont tout emporté en 2022.

Pour l’Unicef, « les enfants pakistanais sont pris dans un cercle vicieux de sècheresse et d’inondation ».

« De leur conception à leur arrivée à l’âge adulte, le développement des cerveaux des enfants, de leurs poumons et de leur système immunitaire est affecté par leur environnement », poursuit l’Unicef qui s’inquiète pour toute une génération.

« Les risques qu’ils encourent du fait du changement climatique sont considérés comme extrêmement élevés », s’alarme l’agence onusienne.

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