Un migrant d’une quarantaine d’années a été retrouvé mort samedi soir par les pompiers dans le canal de Bourbourg, près de Dunkerque, qui se jette dans la Manche. Ce nouveau décès porte à 16 le nombre d’exilés morts depuis janvier en tentant de traverser la mer pour rejoindre les côtes britanniques.
Nouveau décès dans le nord de la France. Un exilé d’une quarantaine d’années a été retrouvé samedi 4 mai dans la soirée dans le canal de Bourbourg, qui se jette dans la Manche, aux abords de Dunkerque. « Un batelier arrivant pour décharger sa cargaison a vu un corps flottant près de la berge. Les secours ont été appelés pour sortir le corps sans vie de l’eau », ont indiqué à l’AFP les pompiers.
« Une enquête pour recherche des causes de la mort » a été ouverte, a ajouté le parquet de Dunkerque, qui précise que l’identité de la personne n’a pas encore été établie.
Des cours d’eau de plus en plus empruntés
Les décès dans les canaux du nord de la France se multiplient ces derniers mois. Le 19 mars, le corps d’un Syrien de 27 ans, disparu depuis plusieurs jours, a été découvert dans le canal de l’Aa. Le 3 mars, c’est une fillette de sept ans qui est morte noyée dans ce même cours d’eau après le chavirage d’une petite embarcation chargée de migrants.
Pour éviter les contrôles renforcés le long du littoral, les exilés tentent de plus en plus de traverser la Manche depuis des canaux.
« Avant, les trafiquants enterraient le matériel nautique sur la plage, et ils gonflaient le bateau juste avant la traversée pour ne pas être interceptés », expliquait à InfoMigrants, Xavier Delrieu, chef de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim). « Maintenant, on a beaucoup de ‘taxi-boats’, c’est-à-dire que le bateau est gonflé et mis à l’eau sur des cours d’eau [comme la Canche, l’Aa… ndlr] qui rejoignent la mer.
Les passeurs remontent ensuite la côte et chargent les passagers à un endroit bien précis, ce qui permet d’éviter l’interception sur la plage ». Car selon le droit maritime, les policiers n’ont plus le droit d’intervenir quand le bateau est déjà sur l’eau.
Pour tenter de contrer ce nouveau phénomène, les autorités ont installé plusieurs barrages : dans l’Authie, la Canche et dans le canal des Dunes.
Hausse des arrivées au Royaume-Uni
Reste que les départs depuis les plages du littoral n’ont pas pour autant cessé. Et les drames continuent. Le 23 avril, cinq personnes, dont une enfant de sept ans, sont mortes au large de Wimereux alors qu’elles se trouvaient sur une embarcation surchargée.
Au total depuis janvier, 16 migrants ont péri dans leur tentative de traversée de la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni. Un chiffre en forte augmentation. Sur l’ensemble de l’année 2023, on comptait 12 décès.
Malgré la multiplication des mesures pour essayer de dissuader les migrants de rejoindre les côtes britanniques, les arrivées au Royaume-Uni ne diminuent pas. Et ce alors que le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière sa priorité.
Son « Plan Rwanda », qui prévoit l’expulsion des demandeurs d’asile vers ce pays d’Afrique de l’Est, n’a pour l’heure pas encore l’effet escompter : les débarquements en Angleterre n’ont jamais été aussi élevés pour les quatre premiers mois de l’année. Du 1er janvier au 30 avril, plus de 8 000 exilés ont atteint les rives anglaises, contre 6 000 l’an dernier à la même période.
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