Presque pas de heurts signalés durant le scrutin au Tchad. Le taux de participation sera aussi attendu que les résultats. Le 21 mai sera une date cruciale du processus.
L’élection, suivie de près par la presse internationale en vue de désigner le futur président de la République du Tchad, s’est finalement déroulée ce lundi 6 mai 2024, presque sans l’annonce de heurts. C’est le premier scrutin organisé dans l’ensemble des Etats du Sahel dirigés actuellement par des transitions militaires.
Mahamat Déby, qui a été porté à la tête de la transition après le décès tragique de son père, alors qu’il était encore président de la République, a dit voter pour permettre « un retour à l’ordre constitutionnel », selon des informations rapportées par des médias locaux. Le taux de participation pourrait être un indicateur clé à suivre.
L’attention a été portée sur une possible victoire de Succès Masra, actuel Premier Ministre et candidat face à Mahamat Déby. Cependant, pour plusieurs organisations non gouvernementales, comme Crisis Group, le scrutin actuel ne revêt pas toutes les qualités de crédibilité.
L’organisation relève que le nouveau code électoral, adopté dans un contexte politique complexe, a été approuvé lors d’une session qui a duré moins de deux heures.
D’autres faiblesses, enregistrées malgré les bonnes intentions affichées par la junte à la tête de la transition, incluent un Conseil constitutionnel dont le président est un proche politique de l’ancien président Déby. De plus, les résultats ne seront pas lus par centre de vote, mais consolidés au niveau des régions, ce qui complique la tâche des observateurs.
Les résultats de ce premier tour sont attendus pour le 21 mai. D’un point de vue socio-politique, Crisis Group anticipe déjà de possibles risques de crises post-électorales, l’intervention militaire du 28 février 2024, qui s’est soldée par la mort de l’opposant Yaya Dillo, reste encore dans les esprits. Une enquête « de type international » avait été promise, mais ses conclusions sont toujours attendues.
Une autre question est la réaction de la communauté internationale.
L’arrivée au pouvoir du fils Déby, plébiscité par quelques puissants généraux de l’armée, n’avait pas fait l’objet de contestation ou de sanction, contrairement à ce qui s’est passé au Burkina Faso, au Mali et au Niger. L’argument principal avancé était la position stratégique du Tchad dans la lutte contre le terrorisme, avec une condition posée : l’organisation d’une élection sans le principal dirigeant de la transition.
Avec la ligne dure prise par les régimes militaires à la tête des autres pays du Sahel, le Tchad continue d’être un îlot de stabilité dans cette vaste région incontrôlable et sous l’emprise de plusieurs conflits, notamment terroristes et surtout au Soudan, provoquant une crise humanitaire qui nécessitera une base arrière pour accueillir et aider des réfugiés.
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