Macron emmène Xi dans les Pyrénées pour une escapade « personnelle »

Après les ors de l’Elysée, Emmanuel Macron emmène mardi Xi Jinping dans les Pyrénées au second jour de sa visite d’État, pour une escapade « personnelle » censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

« Nos montagnes françaises, (…) j’espère, continueront de nous inspirer », a lancé lundi 7 mai, lyrique, le président français, en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s’attendre, dans les Hautes-Pyrénées (sud-ouest), à des « discussions fructueuses et amicales » avec Xi Jinping, au second jour de sa visite d’État en France.

Les deux dirigeants sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France cycliste, où la météo est encore hivernale.

Le président Macron a appelé à un « cadre de concurrence loyale », en se félicitant, à l’issue des discussions, d’avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises « provisoires ».

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu que l’Union européenne prendrait « des décisions fermes » pour « protéger son économie », en dénonçant l’afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés.

« Le soi-disant ‘problème de la surcapacité de la Chine’ n’existe pas », leur a répondu sèchement Xi Jinping.

Xi Jinping, consensuel sur l’Ukraine

Sur l’Ukraine, il s’est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d’œuvrer à une solution politique.

Les présidents chinois Xi Jinping et français Emmanuel Macron le 6 mai 2024 au palais de l'Elysée à Paris

Le dirigeant chinois a apporté son soutien à une « trêve olympique » à l’occasion des Jeux de Paris cet été, poussée également par Emmanuel Macron.

Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s’agissant de l’Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de conflit.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut « lucide » sur les chances limitées d’une percée rapide. D’autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu’il doit recevoir prochainement.

La diplomatie d’Emmanuel Macron mise « sur le pouvoir de séduction »

L’étape pyrénéenne pourrait, dans l’esprit de la délégation française, favoriser « un échange franc et amical » sur ces sujets épineux. L’idée est de casser l’imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est « directement lié à l’histoire très personnelle » d’Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fêtera mardi les 7 ans de sa première élection, a passé de nombreuses vacances dans la région avec ses grands-parents auxquels il était très attaché.

Une vue de la station de ski de La Mongie dans les Pyrénées, sud-ouest de la France, le 2 mai 2024

Mardi, Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront dans le restaurant d’altitude d’Eric Abadie, éleveur et ami du président.

Une sorte de réponse à la cérémonie du thé qu’ils avaient partagée l’an dernier à Canton dans la résidence officielle où le père du président chinois avait vécu quand il était gouverneur de la province du Guangdong.

« La diplomatie d’Emmanuel Macron a toujours misé, de manière peut-être excessive, sur le pouvoir de séduction », analyse Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po. « Il y a toujours eu chez lui l’idée que ses relations personnelles pouvaient renverser les structures », ajoute-t-il.

« Mais c’est mal connaître Xi Jinping qui n’est pas vraiment un grand sentimental », prévient le chercheur.

Une « tonalité amicale » dénoncée

Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann a dénoncé la « tonalité amicale » de cette visite officielle. « L’homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n’est pas notre ami », a-t-il déclaré sur RTL.

Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains, opposition) a également pointé sur LCI les « ingérences » de Pékin et sa « stratégie agressive pour mettre à terre notre économie ».

La tête de liste macroniste Valérie Hayer a néanmoins défendu la volonté d’avoir « un dialogue direct et franc sur l’ensemble des sujets » avec le président chinois.

Bertrand Badie acquiesce : avec la Chine de Xi Jinping, « il y a un vrai travail à faire » car personne, jusqu’ici, « n’a trouvé la clé des relations euro-chinoises ».

 AFP

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