Allemagne : de grands groupes entrent en campagne contre l’extrême droite

Berlin– Une « alliance » d’entreprises allemandes, dont les plus grands groupes du pays, ont annoncé mardi entrer en campagne contre l’extrême droite, alors que le parti AfD a le vent en poupe, à un mois des élections européennes.

« Trente entreprises allemandes se rassemblent dans une alliance pour la diversité, l’ouverture et la tolérance », ont-elle indiqué dans une tribune, signée par des poids lourds comme BASF, BMW, Siemens, Deutsche Bank mais aussi des PME et des startups.

Cette initiative vise à déployer une « campagne » sur les réseaux sociaux, afin d’appeler leur « 1,7 million de salariés » à « mettre en avant l’importance de l’unité européenne pour la prospérité, la croissance et l’emploi ».

« L’exclusion, l’extrémisme et le populisme sont des menaces pour l’attractivité de l’Allemagne et notre prospérité », déclarent-elles dans la tribune baptisée « we stand for value » (Debout pour nos valeurs, ndlr).

Cette prise de position, inhabituelle pour le monde économique allemand, intervient alors que les sondages prévoient que le parti d’extrême-droite AfD obtienne environ 15% des voix aux élections européennes de juin prochain, en deuxième place derrière les conservateurs.

Ce score inquiète d’autant plus que le parti a été au cœur d’une succession de scandales ces derniers mois. Dernier en date : la révélation, fin avril, des soupçons d’espionnage au profit de la Chine par un collaborateur parlementaire de l’eurodéputé Maximilian Krah, tête de liste AfD aux élections de juin.

L’AfD a aussi suscité l’indignation en début d’année après la révélation de discussions d’une réunion à laquelle ont participé certains de ses membres sur un projet d’expulsion massive de personnes d’origine étrangères.

« L’isolationnisme, l’extrémisme et la xénophobie sont un poison pour les exportations allemandes et les emplois », a commenté dans un communiqué Christian Bruch, le PDG de Siemens Energy, qui fait partie de l’alliance.

Déjà confrontée à de graves pénuries de main-d’œuvre qualifiée, la première économie européenne craint que les gains de l’extrême droite ne réduisent encore davantage son attractivité.

Par ailleurs, l’industrie exportatrice dépend largement des échanges commerciaux mondiaux, et particulièrement de l’Union Européenne, pour écouler ses produits.

« Deux-tiers de nos employés viennent de l’UE et nous vendons un tiers de nos véhicules dans ces pays », a ainsi noté Oliver Zipse, PDG de BMW.

L’Allemagne vieillissante compte déjà 1,73 million de postes vacants, nécessitant le recrutement de entre 200.000 à 400.000 travailleurs supplémentaires chaque année, selon l’alliance.

AFP

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