Le Suisse, vainqueur de l’Eurovision 2024, s’est imposé avec un style bien à lui. L’artiste de 24 ans a fait de sa non-binarité une force artistique.
« J’ai cassé les codes. » Nemo, en remportant l’Eurovision samedi 11 mai, est entré à plus d’un titre dans l’histoire. En premier lieu, il est devenu le premier artiste suisse à remporter la compétition depuis 1988 et… Céline Dion. Ce qui le place d’ores et déjà dans une filiation dorée. Âgé de 24 ans, Nemo (Mettler de son nom de famille), né à Bienne, est surtout un précoce du milieu musical. Enfant, déjà, il joue dans des comédies musicales et participe à l’équivalent suisse de La France a un incroyable talent en tant que rappeur, à 16 ans.
Il connaît son premier succès avec son EP Clownfish, sorti en 2015.
Trois autres suivront avec, en prime, son tube « Du » pour lequel il a reçu en 2018 pas moins de quatre Swiss Music Awards, équivalents des victoires de la musique chez nos voisins suisses. En 2021, Nemo participe également à la deuxième saison de The Masked Singer Switzerland, l’adaptation suisse de Mask Singer.
Il est partout, veut se faire connaître. Et, pour cela, l’artiste a plus d’une corde à son arc. Il joue du violon, même s’il estime avoir « toujours été très mauvais », ainsi que du piano et de la batterie. Il est autant à l’aise dans le registre de l’opéra que de la pop ou du rap.
Non binaire
En bref, Nemo est un inclassable. Son prénom est d’ailleurs lourd de sens, puisqu’il signifie « personne » en latin : « Mes parents pensaient que si je n’étais personne, je pourrais être n’importe quoi », avait-il expliqué en 2018 au magazine Schweizer Illustrierte.
Mais Nemo ne brise pas les codes uniquement sur scène. Celui qui vit désormais à Berlin, en Allemagne, a fait son coming out non binaire en novembre dernier.
« Je ne m’identifie pas en tant qu’homme ou femme. Je suis juste Nemo. J’aime penser au genre comme à une galaxie. Je m’imagine comme une petite étoile, flottant quelque part à l’intérieur. C’est ainsi que je me sens le plus moi-même. » La chanson qui a permis son sacre à l’Eurovision, « The Code », est d’ailleurs une référence directe à sa non-binarité.
« Il est question du véritable voyage que j’ai commencé lorsque j’ai pris conscience que je n’étais ni un homme ni une femme. Le chemin vers moi-même a été un processus long et difficile », explique l’artiste au Temps. Par sa musique, il tente de répondre aux questions auxquelles il a dû faire face. « Maintenant, j’ai trouvé le paradis », se félicite-t-il.
« Peut-être que l’Eurovision a besoin d’être réparé »
Très rapidement donné favori du concours de l’Eurovision, Nemo n’aura pas déçu. Il se sera confortablement imposé devant la Croatie, avec 591 points, pointant en tête du classement des jurés après une performance scénique remarquable.
Lors de la conférence de presse après sa victoire, Nemo est revenu sur les polémiques qui ont émaillé le concours cette année.
Il a tissé la métaphore avec son trophée de cristal, qu’il avait brisé en deux quelques minutes après l’avoir reçu : « Peut-être que le trophée peut être réparé et peut-être que l’Eurovision a besoin d’être réparé aussi », a-t-il doctement estimé. Un nouvel horizon s’ouvre à lui. Et il ira probablement, comme à son habitude, là où on ne l’attendra pas.
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