Emmanuel Macron présidera ce lundi la 7e édition du sommet « Choose France », pour vanter l’attractivité de l’Hexagone. Avec un enthousiasme peu contagieux.
Cocorico. « La France reste, pour la cinquième année consécutive, le pays le plus attractif d’Europe », se félicite l’Élysée, en introduction d’une présentation à la presse des enjeux du 7e sommet Choose France à Versailles, organisé ce lundi 13 mai et auquel participera (comme chaque année) Emmanuel Macron.
Pour qui suit l’actualité politique et économique du pays, le dossier est primordial dans le discours de la majorité et central dans le logiciel macroniste. Dans une interview à La Tribune Dimanche publiée ce 12 mai, le ministre chargé de l’Industrie Roland Lescure ne cache pas son enthousiasme.
« Choose France n’a jamais autant attiré, nous n’avons jamais eu autant de demandes de dirigeants étrangers », se félicite le ministre, qui juge que « cet afflux de demandes montre combien la France attire les industriels ».
Le ministre en veut pour preuve le baromètre EY, indiquant que l’Hexagone « a conservé son rang de première destination européenne des investissements directs étrangers », avec 1 194 créations et extensions de sites sur l’année. Une annonce qui avait été célébrée sur le réseau social X par Gabriel Attal, avant que l’opposition ne lui renvoie toutes les choses qui fonctionnent moins bien, que ce soit sur le plan de la sécurité ou de l’écologie.
« Politique économique volontariste »
Mais pas de quoi gâcher la fête de l’exécutif. En amont de cette édition 2024, l’entourage du chef de l’État promet « un nombre d’annonces record », comme c’était (déjà) le cas l’an dernier. Sont notamment prévus des investissements dans divers secteurs, des engrais au nickel, en passant par l’aviation, les robots ménagers ou encore la chimie.
Pour autant, force est de constater que le récit ne prend pas vraiment dans l’opinion. Dans le dernier baromètre YouGov pour Le HuffPost, 76 % des Français jugent que le gouvernement a une mauvaise gestion de l’économie. Un chiffre en hausse de deux points sur le mois. En outre, et depuis que l’exécutif met en avant, depuis cinq ans, ses résultats positifs en la matière, Emmanuel Macron n’a jamais tiré un grand bénéfice de ce qui est présenté comme une médaille d’or de l’attractivité.
Et ce, malgré le lien direct fait entre ces résultats et les réformes engagées depuis 2017.
L’Élysée présente effectivement la situation comme le fruit de la « politique économique volontariste » menée par le chef de l’État, citant « une politique fiscale attractive, des investissements dans l’innovation avec France 2030, des simplifications réglementaires et une stratégie claire en termes de production d’énergie décarbonée ». Or, ce contexte ne produit pas d’effet significatif (et positif) sur la perception de la politique économique de l’exécutif.
Un indicateur bancal
En cause, le caractère abstrait de ces données macroéconomiques sur le quotidien des Français. D’autant que les résultats mis en avant par le gouvernement ne disent pas tout sur le dossier. Dans une tribune au Monde, l’économiste Lucas Chancel estime que le baromètre d’attractivité brandi par le gouvernement est trompeur, puisqu’il ne prend pas en compte l’ensemble de la question, notamment les créations d’emplois découlant directement de cette attractivité.
« Sur ce point, le baromètre nous informe que les projets d’investissements étrangers en France sont associés à 39 773 créations d’emploi.
C’est une première nuance : la France passe en troisième position sur l’échelle européenne de l’attractivité, derrière le Royaume-Uni et l’Espagne », nuance cet enseignant à Harvard, avant d’enfoncer le clou en rapportant le nombre de ces emplois créés (représentant seulement 0,13 % de la population active) à la taille des pays comparés. Avec cette opération, la France chute « en huitième position derrière le Portugal, la Serbie, l’Irlande, la Hongrie, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Grèce ».
De quoi relativiser la portée de l’indicateur mis en avant par l’exécutif, et expliquer le peu d’enthousiasme que celui-ci provoque au sein de la classe politique, comme dans l’opinion.
Qui plus est dans un contexte où d’autres sujets économiques inquiètent davantage. Au premier plan celui du dérapage la dette, puisque les mesures envisagées pour corriger le tir (comme la réforme de l’assurance chômage) auront, pour le coup, des effets concrets sur la vie des Français. Davantage en tout cas que l’annonce d’investissements records qui mettront plusieurs années à porter leurs fruits.
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