Bruxelles (Belgique) – La Commission européenne a annoncé mercredi qu’elle tablait sur une inflation plus faible que prévu en 2024 dans la zone euro, à 2,5% contre 2,7% anticipé jusqu’ici, et confirmé sa prévision d’une croissance de 0,8% malgré les tensions géopolitiques.
« Nos prévisions restent très incertaines alors que deux guerres continuent de faire rage non loin de chez nous » en Ukraine et au Proche-Orient et « les risques de dégradation (de ces prévisions) se sont accrus », a toutefois souligné le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni.
La bonne nouvelle concerne le ralentissement plus net que prévu des prix à la consommation grâce aux bons chiffres enregistrés en début d’année. Ils se rapprochent de la cible de 2% fixée par la Banque centrale européenne (BCE), ce qui devrait conforter l’institution monétaire dans son projet de baisse des taux à partir de juin.
Cet assouplissement monétaire confortera à son tour le rebond de la croissance ces prochains mois.
« L’inflation devrait continuer à diminuer et atteindre son objectif un peu plus tôt en 2025 » que ce qui était attendu lors des prévisions précédentes publiées le 15 février, selon la Commission.
Pour l’an prochain, Bruxelles table désormais sur des prix en hausse de 2,1% dans les 20 pays partageant la monnaie unique, contre 2,2% jusqu’ici.
Les prix se sont nettement assagis depuis le pic d’inflation à 10,6% atteint en octobre 2022.
Accalmie sur les prix alimentaires
« La désinflation devrait être principalement alimentée par les biens non énergétiques et les denrées alimentaires, tandis que l’inflation de l’énergie augmente légèrement et que l’inflation des services ne diminue que progressivement, parallèlement à la modération des pressions salariales », a expliqué la Commission.
La tendance est la même pour l’ensemble de l’Union européenne, bien qu’à un niveau plus élevé. Bruxelles table sur 2,7% d’inflation cette année et 2,2% l’an prochain (-0,3 point pour ces deux chiffres).
Sur le front de la croissance, le plus dur semble passé.
La zone euro s’est enlisée dans la stagnation l’an dernier, la progression du produit intérieur brut (PIB) plafonnant à 0,4%.
Mais la Commission a confirmé le redressement attendu après un premier trimestre meilleur que prévu. L’institut européen des statistiques Eurostat a d’ailleurs maintenu le chiffre de 0,3% de croissance sur les trois premiers mois de l’année, dans une deuxième estimation publiée mercredi.
« L’économie de l’UE s’est nettement redressée au premier trimestre, ce qui indique que nous avons franchi un cap après une année 2023 très difficile », a commenté Paolo Gentiloni.
Il prévoit « une accélération progressive de la croissance au cours de cette année et de l’année prochaine, la consommation privée étant soutenue par la baisse de l’inflation, le redressement du pouvoir d’achat et la poursuite de la croissance de l’emploi ».
L’Allemagne en difficulté
Bruxelles table sur une hausse du PIB de 0,8% cette année puis 1,4% l’an prochain dans la zone euro. La Commission attend pour l’ensemble de l’UE une croissance de 1% en 2024 puis 1,6% en 2025, globalement en ligne avec ses anticipations antérieures.
Mais l’Allemagne continue de tirer l’Europe vers le bas. Sa croissance serait encore quasi nulle cette année (+0,1%) alors que Bruxelles tablait en février sur 0,3%. Elle enregistrerait un rebond l’an prochain avec une progression du PIB attendue à 1%, mais là aussi moins que le chiffre de 1,2% prévu jusqu’ici.
La première économie européenne continue de souffrir de la hausse des prix de l’énergie liée à la rupture de ses importations de gaz russe en raison de la guerre en Ukraine.
La France s’en sort mieux mais sa croissance serait également moins forte que prévu à 0,7% en 2024, comme en 2023, au lieu de 0,9% annoncé en février, et 1,3% (chiffre inchangé) en 2025.
Dans ce contexte de croissance toujours ralentie, les finances publiques devraient rester sous tension. Le ratio de dette devrait se maintenir cette année à 90% du PIB dans la zone euro avant de progresser encore légèrement l’an prochain à 90,4%, très loin au-dessus du plafond de 60% fixé par les règles budgétaires européennes.
AFP