Si les populations locales se servent du bois notamment pour faire la cuisine, le trafic de bois précieux contribue également à la déforestation dans l’est de la RDC.
Mardi 14 mai 2024, s’est tenu le Sommet sur les modes de cuisson propres en Afrique, organisé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à Paris, la capitale française.
Ce sujet concerne la santé des femmes qui, en général, sont celles qui vont chercher et transportent le bois. Il concerne aussi le climat, car le bois, utilisé pour faire la cuisine, est une source de pollution et de déforestation.
Le parc national des Virunga, situé dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, fait ainsi face à un déboisement sans précédent, lié au fait que les populations riveraines viennent y chercher du bois de chauffe. Une déforestation qui est aussi liée à l’activisme des groupes armés dans la région
C’est le constat dressé par l’Institut congolais pour la conservation de la nature. Celui-ci affirme n’avoir plus le contrôle intégral de ce patrimoine mondial de l’Unesco.
Trafic de bois précieux et besoins de la population
Une partie du déboisement dans le parc national de Virunga est d’abord l’œuvre des populations riveraines, constate Victor Materanya, un activiste environnemental. Pour lui, « cette déforestation est principalement faite par les populations qui vont chercher des planches pour se construire des maisons, d’autres cherchent à avoir l’énergie de cuisson, et recourent également à la déforestation pour avoir les bois de feu et du charbon de bois ».
Mais la plus grande partie du déboisement est la conséquence de la présence des groupes armés qui trouvent refuge dans le parc de Virunga et vivent du trafic de bois précieux.
Le défenseur de la nature, l’avocat maître Olivier Ndoole, estime que « la déforestation profite beaucoup plus aux groupes armés, parce que dans le parc on retrouve les FDLR, les Wazalendo et les M23. Ils en profitent pour des trafics illicites ».
Olivier Ndoole réclame aussi l’ouverture d’enquêtes contre les personnes impliquées dans la destruction du parc des Virunga. Pour lui, « le gouvernement congolais doit utiliser toutes les institutions présentes pour mettre hors d’état de nuire ces groupes armés. Il y a des mécanismes qui ont été mis en place, par exemple la Cour pénale internationale, où des procès se tiennent contre des criminels, mais dont on oublie l’aspect de la déforestation qui a dévoré le parc national des Virunga ».
Manque de moyens pour contrôler le parc
L’Institut congolais pour la conservation de la nature, dont Bienvenue Bwende est le porte-parole au Nord-Kivu, avoue ne pas avoir les moyens en hommes et en matériel pour contrôler le parc.
« Le contrôle de l’ensemble du parc devient de plus en plus difficile avec la situation sécuritaire actuelle, explique Bienvenue Bwende.
Il y a des zones auxquelles nous n’avons pas accès parce qu’elles sont soit occupées par les rebelles, soit elles sont dans des zones opérationnelles. Mais nous maintenons notre travail malgré les difficultés. A chaque fois que les conditions le permettent, nous essayons de maintenir la surveillance des espèces, bien évidemment dans des zones auxquelles nous avons accès ». En plus des conséquences sur le climat, la déforestation du parc des Virunga a occasionné une forte diminution des populations de certaines espèces animales protégées.
vivafrik