Des engagements pour doter l’Afrique de systèmes de cuisson non dangereux

« C’est maintenant ou jamais ! » Les engagements se sont multipliés mardi lors d’un sommet à Paris destiné à favoriser l’équipement des ménages africains en systèmes de cuisson non dangereux, un enjeu sanitaire, social et climatique majeur.

Des promesses de financements et d’investissements ont été faites, et un engagement de dizaines d’acteurs à faire de ce sujet « une priorité » publié, selon un texte proposé par l’Agence internationale de l’Energie (AIE), organisatrice au côté des dirigeants tanzanien, norvégien et de la Banque africaine de développement (BAD).

2,3 milliards de personnes doivent cuire leurs aliments avec du charbon, du fumier, du bois…

Aujourd’hui, 2,3 milliards de personnes, dont plus d’un milliard en Afrique, doivent cuire leurs aliments sur feu ouvert ou sur des poêles rudimentaires chauffées par du charbon, du fumier, du bois, des déchets agricoles…

Les émanations nocives de ces équipements sont la troisième cause de décès prématuré dans le monde, la deuxième en Afrique subsaharienne, par maladies respiratoires, mais aussi AVC ou cancer.

Les premières victimes sont les femmes et les enfants, qui en outre consacrent des heures chaque jour à rechercher des combustibles. Et si la situation s’est améliorée dans les grands pays d’Asie, l’Afrique subit une « détérioration », à l’exception de quelques pays comme le Kenya ou la Tanzanie, observe l’AIE.

Mardi, un millier de participants, institutions, ONU, entreprises, etc., et représentants de 60 pays ont lancé des appels à agir. Certains, comme la France, le Danemark, la Norvège, les Etats-Unis et l’UE, ont annoncé des efforts accrus.

« Un tournant a eu lieu. C’est maintenant ou jamais ! », a lancé le directeur de l’AIE, Fatih Birol. « Les annonces d’aujourd’hui s’élèvent à 2,2 milliards de dollars, et viennent en plus des annonces connues », a-t-il indiqué, promettant de « suivre ce que deviennent ces promesses », venues pour un peu plus de la moitié du secteur privé, pour environ 30% de prêts à conditions très favorables, essentiellement d’origine publique, et pour 15% de crédits carbone.

Les besoins sont pourtant modestes, note l’AIE: 4 milliards de dollars annuels permettraient de régler en grande partie le problème en Afrique d’ici à 2030, quand seulement 2 milliards sont aujourd’hui investis dans le monde, pour l’essentiel hors du continent africain.

Plus réchauffant que l’avion

Parmi les initiatives des entreprises privées, TotalEnergies a annoncé son intention d’investir plus de 400 millions de dollars dans le développement et la distribution en Afrique et en Inde de gaz de pétrole liquéfié (GPL) destiné à la cuisson.

Aujourd'hui, 2,3 milliards de personnes, dont plus d'un milliard en Afrique, doivent cuire leurs aliments sur feu ouvert ou sur des poêles rudimentaires chauffées par du charbon, du fumier, du bois, des déchets agricoles (AFP/Archives - CRISTINA ALDEHUELA)

GPL, électricité, granulés à base de déchets agricoles, bioéthanol à base de cultures sucrières, etc., les propositions varient pour remplacer les systèmes actuels. Plutôt « low tech », mais encore trop chères pour un foyer moyen, qui doit être soutenu.

« Assurer un accès général à des modes de cuisson propres en Afrique requiert un financement abordable et durable », a souligné la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan. « On avance trop lentement », a regretté le président du Togo, Faure Gnassingbé, martelant que « la cuisson traditionnelle n'(était) plus soutenable ».

Relevant que les réseaux électriques en Afrique restent souvent déficients, il a plaidé pour le GPL, appelant les institutions réticentes désormais à subventionner des énergies fossiles à « envisager une exception ».

Un soutien au GPL que le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, présent mardi, n’a pas manqué de relever.

Sur le plan climatique, les méthodes de cuisson impropres génèrent actuellement, selon l’AIE, autant d’émissions réchauffant la planète que celles de l’aviation et du transport maritime cumulées. En cause, les émissions de méthane (liées à une combustion souvent mauvaise) et la déforestation.

A Paris, le secrétaire de l’ONU pour le climat (Cnuccc), Simon Stiell, a appelé les États à inclure des mesures en la matière dans leurs futurs engagements climatiques nationaux, attendus pour 2025. Seuls 60 pays l’ont fait, a-t-il indiqué.

Ministre malgache de l’Énergie, Olivier Jean-Baptiste s’est dit « prêt à accueillir toutes les initiatives », notamment du secteur privé.

A Madagascar, « 90% des ménages sont encore au bois et au charbon », et 100.000 hectares de forêt disparaissent chaque année, dont un tiers en raison des besoins culinaires. D’autres rendez-vous doivent être consacrés à ce sujet, selon l’AIE, au prochain G20, à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre et à la COP29.

AFP

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