Londres– Interdits jusqu’à cinq ans, ils payent plein tarif ensuite, de quoi décourager les familles. Mais le vent tourne pour les enfants au célèbre Chelsea Flower Show de Londres, où des écoliers ont été chargés cette année de concevoir un jardin et de juger ceux des adultes.
Lundi soir, avant même l’ouverture au public de l’exposition florale qui attend plus de 150.000 visiteurs d’ici samedi, ils ont eu les honneurs du roi Charles III, environnementaliste passionné, venu avec la reine Camilla visiter leur « jardin interdit aux adultes ». Les enfants ont offert au monarque amusé un badge de « roi du compost », et à la reine celui de « reine des abeilles ».
« Il n’y a rien de mieux que de manger ce que vous faites pousser », leur a glissé Charles III. « Le goût est tellement meilleur ! »
Le jardin des enfants a été imaginé par 29 élèves d’une école primaire de l’ouest de Londres, avec l’aide du paysagiste Harry Holding.
Il sera partiellement réinstallé dans l’école après le Chelsea Flower Show.
Pour Harry Holding, 30 ans, il est « absolument vital que les enfants participent à la conversation, spécialement dans un monde qui change rapidement et où l’horticulture, le jardinage, et les activités liées à l’environnement sont de plus de plus importantes », dit-il à l’AFP.
Pour lui, le jardinage devrait avoir plus de place dans les écoles.
Travailler avec des 9-10 ans n’a pas toujours été simple, spécialement vu leur nombre: beaucoup « avaient de grandes idées », comme des rivières, un lac… « Ils voulaient quelque chose de vraiment fantastique, de vraiment magique, avec des portes secrètes, des cabanes dans les arbres » et même un crocodile…
Cabane dans les arbres
Le plan d’eau a vu le jour, sous une forme nettement plus compacte. Le crocodile est resté dans les cartons.
« Ce qui est formidable, quand on travaille avec des enfants, c’est qu’ils ne sont pas inhibés par les normes de l’industrie (…) et cela permet vraiment à la créativité de s’exprimer librement » ajoute le concepteur du jardin.
De cette créativité joyeuse est né un jardin avec un petit toboggan plongeant dans l’eau, une cabane en bois aux allures de tanière au ras de l’eau, des rochers sur lesquels grimper, une mini-forêt et des plantes surdimensionnées aux couleurs vives, dont des carnivores auxquelles les écoliers tenaient beaucoup.
Ni ciment ni béton dans ce jardin conçu avec un souci de biodiversité et développement durable.
Au départ les enfants ne voulaient y accepter aucun adulte. Il a fallu « une solide négociation » pour qu’ils les acceptent, selon Clare Matterson, directrice générale du RHS (la Royal Horticulture Society) qui organise le Chelsea Flower Show.
Les adultes peuvent désormais y entrer s’ils s’engagent à planter un arbre, trouvent une plante commençant par la première lettre de leur nom dans le jardin, ou contribuent financièrement à des projets de jardinage menés dans les écoles par la RHS.
Mais il faut montrer patte blanche : du haut de la cabane, un enfant fait le guet. « Intrus, intrus », signale-t-il avec humour quand un adulte s’approche.
Quelque 70 enfants de neuf écoles primaires londoniennes ont aussi été invités cette année pour un pique-nique, comme en 2023, quand la princesse Kate, actuellement soignée pour un cancer, avait été l’invitée vedette.
Ces enfants juges ont choisi leur jardin préféré parmi les six plus grands en compétition, en fonction de son intérêt pour le visiteur, de son attractivité pour la vie sauvage, et du sentiment de bien-être qu’ils ressentaient.
Leurs votes sont allés au jardin Octavia Hill d’Ann-Marie Powell, très soucieuse de s’adapter au réchauffement climatique.
AFP