Favorisée par des difficultés d’accès à l’eau potable et courante et des défauts d’assainissement, une épidémie de choléra se développe dans certains quartiers défavorisés de Mayotte. Santé publique France participe à la lutte contre la propagation de la maladie et au soutien des populations grâce à l’implication de ses agents à la Cellule régionale de Mayotte, à la mobilisation des volontaires de la Réserve sanitaire, et l’acquisition et l’envoi de vaccins.
Faisant suite à la résurgence de la maladie en Afrique de l’Est depuis 2021, une épidémie de choléra est en cours aux Comores depuis le 2 février 2024 avec une intensification de la circulation ces dernières semaines, en particulier à Anjouan. Cette épidémie a gagné l’archipel français voisin de Mayotte.
Au 15 mai 2024, 85 cas de choléra ont été signalés à Mayotte depuis le premier cas le 18 mars 2024 dont 68 sont des cas autochtones et 17 ont été importés des Comores ou des pays du continent africain.
Parmi eux, 7 cas nécessitant des soins de réanimation et 1 premier décès chez un enfant de 3 ans ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie. Un point hebdomadaire pour suivre l’évolution épidémiologique de la situation est publié chaque vendredi sur notre site.
La grande majorité des cas (61) ont été détectés dans la commune de Koungou, dans un quartier précaire avec des difficultés d’accès à l’eau potable (certains habitants de ce quartier consomment de l’eau de rivière) et des défauts d’assainissement (absence d’évacuation des eaux usées, partage de latrines) qui sont les principaux risques de diffusion de la maladie.
Cette transmission communautaire du choléra à Koungou et le risque d’importation de nouveaux cas de choléra des Comores exposent Mayotte à un risque de transmission locale sur tout le territoire, en particulier dans d’autres quartiers précaires. Un nouveau foyer a été signalé le 14 mai sur la commune de Mtzangamouji.
Comment Santé publique France vient en appui de l’ARS de Mayotte, qui gère la situation sanitaire sur le terrain
L’Agence régionale de santé de Mayotte a pour missions de limiter autant que possible l’introduction et la propagation de la maladie sur le territoire. Elle a, dans ce but, renforcé la veille sanitaire et mis en place le dépistage et le diagnostic des personnes entrant sur le territoire ainsi que des mesures de lutte autour de chaque cas diagnostiqué
- « Quel est le rôle de l’ARS dans la prise en charge du choléra à Mayotte ? », dans la foire aux questions sur le site de l’ARS
Pour sa part, Santé publique France appuie l’ARS au moyen de différents leviers d’action :
Investigation autour des personnes malades et surveillance épidémiologique
La Cellule régionale de Santé publique France à Mayotte mène des enquêtes sur le terrain, en se rendant au domicile des personnes infectées ou dans les unités dédiées à la prise en charge du choléra des hôpitaux afin d’interroger les personnes ou leur entourage. Ces investigations visent à déterminer s’il s’agit d’une infection contractée à Mayotte ou non ou s’il existe un lien épidémiologique avec des personnes malades avec un choléra déjà confirmé, dans le but de retracer la chaîne de transmission et Et d’en éviter de nouvelles.
D’autres informations sont collectées (données cliniques incluant la date de début et type de symptômes, présence d’autres personnes malades dans l’entourage, accès à l’eau, autres sources potentielles d’exposition).
Ces informations sont partagées avec l’ARS ainsi qu’avec les renforts de la Réserve sanitaire déployés sur le terrain pour les assister dans leurs actions (désinfection des habitations, vaccination, dépistage, recherche active des cas). La Cellule régionale produit un point épidémiologique quotidien destiné à l’ARS et un point hebdomadaire à destination des professionnels de santé et du grand public, publié sur notre site internet chaque vendredi.
Achat et envoi de médicaments et de vaccins
L’Établissement pharmaceutique (EP) a pour mission d’acheter et d’assurer le maintien en conditions opérationnelles, sur instruction de la Direction générale de la santé, de stocks de produits de santé nécessaires à la population en cas de situation sanitaire exceptionnelle. C’est en partie grâce à l’achat et à l’envoi de ces stocks de vaccins depuis l’Hexagone jusqu’à Mayotte que, selon l’ARS, 4 456 cas contacts ont pu être vaccinés sur l’île à la date du 13 mai 2024.
Envoi de professionnels de santé volontaires via la Réserve sanitaire
Gérée par Santé publique France, la Réserve sanitaire est constituée de professionnels de santé volontaires, capables d’intervenir en renfort face à une situation sanitaire exceptionnelle nécessitant un appui en ressources humaines. Elle peut être mobilisée par le ministère chargé de la Santé, ainsi que par les directeurs des Agences régionales de santé, pour des missions généralement courtes, en France ou à l’étranger.
Quelles sont les missions de la Réserve ?
Les missions de la Réserve sanitaire sont variées, elles portent notamment sur :
- _le renfort en offre de soins ;
- _le rapatriement ou évacuation de la population en cas de situation exceptionnelle ;
- _le renfort aux centres d’appels téléphoniques destinés aux victimes ;
- _les missions d’expertise et de coordination.
En cas d’alerte, les volontaires sont sélectionnés par Santé publique France et placés sous sa responsabilité. Les réservistes bénéficient de formations régulières, et leurs missions sont indemnisées.
Quelle est la mobilisation actuellement sur place ?
À Mayotte, 86 réservistes sont mobilisés dans le cadre de différentes missions initiées depuis mi-avril, dont 54 spécifiquement sur le choléra. Ils renforcent les équipes de l’ARS, de Santé publique France Mayotte, du Centre Hospitalier de Mayotte, des Centres Médicaux de Référence ou interviennent sur le terrain pour des missions d’investigation ou vaccination.
Certaines de ces missions arrivant à leur fin prochainement (une mission dure généralement un mois), une nouvelle campagne de recrutement de réservistes est en cours.
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