Huit Etats de l’UE plaident pour le retour volontaire de réfugiés syriens selon Chypre

Chypre a annoncé vendredi faire partie d’un groupe d’Etats de l’Union européenne favorables à la mise en place de zones de sécurité en Syrie pour permettre le rapatriement des réfugiés ayant fui la guerre dans leur pays.

Chypre veut envisager le rapatriement des réfugiés syriens dans leur pays. Le pays a affirmé vendredi 17 mai faire partie d’un groupe d’au moins huit pays partageant ce projet.

Le ministre chypriote de l’Intérieur, Constantinos Ioannou, a déclaré dans un communiqué qu’après 13 ans de conflit en Syrie, « il est temps pour l’Union européenne (UE) de redéfinir sa position » sur ce pays.

« La stabilité dans ce pays n’a pas été entièrement rétablie » mais « nous devons accélérer le processus et prendre toutes les mesures nécessaires pour créer les conditions qui permettraient le retour des personnes en Syrie », a-t-il ajouté.

L’île méditerranéenne, l’État membre de l’UE le plus proche de la Syrie, a accueilli une conférence des États qui soutiennent sa proposition, quelques jours après que le bloc des 27 a donné son feu vert au pacte sur la migration et l’asile, une vaste réforme qui durcit le contrôle de l’immigration en Europe.

Les autres participants à la conférence, portant entre autres sur ces zones de sécurité en Syrie, sont l’Autriche, la République tchèque, le Danemark, la Grèce, l’Italie, Malte et la Pologne.

Les huit pays font partie d’un groupe plus large de 15 États membres, qui ont plaidé aussi pour de « nouvelles solutions » visant à transférer des migrants vers des pays tiers.

Soutien financier au Liban
Chypre est une destination privilégiée des réfugiés syriens et les arrivées ont fortement augmenté ces derniers mois. Afin d’endiguer cet afflux, le gouvernement a intensifié les patrouilles maritimes et suspendu l’examen des demandes d’asile des Syriens, refusant les allocations aux nouveaux arrivants.

Pour tenter de freiner les arrivées de Syriens, Constantinos Ioannou a appelé à un soutien financier accru au Liban, pays de transit pour ces migrants embourbé dans une crise économique inédite.

« Si le Liban s’effondre, les conséquences pour l’ensemble de l’UE seront incalculables », a-t-il averti.

Le Liban affirme accueillir environ deux millions de réfugiés de la Syrie voisine. Début mai, l’UE a annoncé une aide d’un milliard d’euros pour soutenir la « stabilité socio-économique » du Liban, tout en appelant ce pays à coopérer dans la lutte contre l’immigration clandestine vers l’Europe.

Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, dont l’influence est prépondérante au Liban, a appelé lundi le gouvernement de Beyrouth à « ouvrir la mer » aux bateaux de migrants pour faire pression sur l’Europe, accusée au Liban de vouloir maintenir les réfugiés syriens dans le pays.

Record d’expulsions
Pour diminuer le nombre de demandeurs d’asile dans le pays, Chypre a décidé de se concentrer sur les expulsions. Au cours des quatre premiers mois de 2024, 3 337 migrants ont été expulsés de l’île. Un nombre supérieur à la même période en 2023, où 2 348 expulsions avaient été enregistrées.

Ces renvois, qui incluent des expulsions forcées, des retours volontaires et des relocalisations, concernent généralement les Maghrébins, les Africains subsahariens, les Bangladais et les Égyptiens. Pour rappel, les renvois contraints ne concernent pas les Syriens ou les Afghans, nombreux à Chypre, mais inexpulsables en raison de la situation politique de ces États.

Une politique d’éloignement assumée à l’heure où Chypre fait face à une hausse considérable d’arrivées de Syriens sur son sol.

Plus de 1 000 personnes ont débarqué sur des bateaux en provenance du Liban depuis le début du mois d’avril, dans un contexte d’aggravation des tensions au Moyen-Orient. Face à l’explosion des arrivées, Nicosie a annoncé suspendre le traitement des demandeurs d’asile syriens.

Pour de nombreux candidats à l’exil, Chypre constitue une des portes d’entrée de l’Union européenne. D’après le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), fin septembre 2023, 26 995 demandeurs d’asile étaient en attente d’une réponse auprès du service de l’Asile, dont un tiers ayant déposé leur dossier cette même année. Fin 2022, un peu plus de 29 000 demandes étaient en attente, et quelque 13 000 en 2021.

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