Le parti d’extrême droite allemand AfD mis sur la touche au Parlement européen

Le parti d’extrême droite allemand AfD a été exclu jeudi du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen, dont fait partie le RN français, à la suite d’une série de scandales impliquant l’un de ses dirigeants, Maximilian Krah.

Le parti d’extrême droite allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD) a été exclu jeudi 23 mai des rangs du groupe Identité et démocratie (ID) au Parlement européen, à la suite de propos controversés de sa tête de liste aux élections européennes.

Cette décision intervient deux jours après l’annonce par le président et tête de liste du Rassemblement national aux élections européennes de juin, Jordan Bardella, de la rupture de l’alliance entre son parti et l’AfD.

Neuf élus allemands, dont Maximilian Krah, sont concernés par la mesure d’exclusion. « Le Bureau du groupe Identité et Démocratie au Parlement européen a décidé aujourd’hui d’exclure la délégation allemande, AfD, avec effet immédiat », a indiqué la Lega italienne, qui représente la principale délégation du groupe d’extrême droite.

« Le groupe ID ne veut plus être associé aux incidents impliquant Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD pour les élections européennes », poursuit-il.

« Toutes les délégations ont été consultées pour la décision dont nous sommes à l’initiative d’exclure la délégation de l’AfD du groupe ID », a déclaré à l’AFP Jean-Paul Garraud (RN), président de la délégation française.

« Cela fait suite aux propos inadmissibles tenus dernièrement par leur tête de liste », dont les « propos engagent à notre sens l’AfD », a-t-il ajouté.

Le dernier incident en date impliquant l’eurodéputé Maximilian Krah, soupçonné de proximité avec la Russie et la Chine, remonte au week-end dernier. Il a estimé qu’un SS n’était « pas automatiquement un criminel », dans un entretien avec le quotidien italien La Repubblica.

L’AfD avait banni mercredi de tout meeting électoral cet avocat de 47 ans, tout en le maintenant comme tête de liste aux élections du 9 juin.

Jeudi, le parti d’extrême droite allemand a indiqué « avoir pris note » de la décision du groupe, tout en se disant « optimiste » sur la suite.

« L’AfD s’efforcera bien entendu de constituer un groupe fort au Parlement européen, avec une délégation renforcée », indique le parti, affirmant sa volonté de « collaborer avec des partis voisins ».

Scandales en série
Depuis plusieurs semaines, Maximilian Krah est devenu embarrassant pour son parti. Il est visé par une enquête préliminaire pour soupçons de financements russe et chinois.

L’un de ses assistants au Parlement européen, Jian Guo, se voit reprocher par le parquet fédéral d’avoir espionné pour le compte de Pékin au cœur même de l’institution. Il a été arrêté fin avril.

Le numéro deux de la liste AfD et député du Bundestag, Petr Bystron, a par ailleurs annoncé mercredi renoncer aussi à faire campagne, invoquant auprès d’une radio bavaroise des raisons familiales.

Le groupe ID, présidé par l’Italien Marco Zanni (Lega), regroupait jusque-là 59 eurodéputés, issus de huit pays. Les principales délégations proviennent de la Lega italienne (23 élus) et du RN français (18).

C’est actuellement le sixième groupe au Parlement européen, derrière l’autre famille de la droite nationaliste, les Conservateurs et réformistes européens (CRE), qui comptent dans leurs rangs Fratelli d’Italia de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. Les sondages prédisent une montée en puissance de ces forces, qui pourraient conquérir jusqu’à autour de 37 % des sièges — contre 30 % actuellement — à l’issue des élections.

L’ex-présidente du RN, Marine Le Pen, et Giorgia Meloni ont laissé entrevoir un rapprochement possible à l’issue de ces élections, malgré de profondes divergences.

Un rapprochement entre ID et CRE créerait le deuxième plus gros groupe politique à Strasbourg, derrière le Parti populaire européen (PPE, chrétien-démocrate). Mais de telles tentatives d’union se sont jusqu’à présent soldées par des échecs.

AFP

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