La commission électorale sud-africaine a célébré 30 ans de démocratie lors de la Journée de la liberté, le 27 avril, quelques semaines avant les élections de 2024.
Jour de vote en Afrique du Sud. Depuis 7 heures ce matin, plus de 23 000 bureaux ont ouvert, dans le pays, pour permettre à plus de 27 millions d’électeurs de choisir leurs parlementaires – qui éliront ensuite un président, et leurs conseillers régionaux.
Une élection qui pourrait représenter un tournant pour le pays, si le parti de la libération, le Congrès National Africain (ANC) venait à perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale, comme le prédisent les sondages.
Les bureaux de vote ont ouvert ce mercredi 29 mai en Afrique du Sud, pour des élections législatives annoncées comme les plus disputées des trente dernières années. Quelque 27,6 millions d’électeurs inscrits sont appelés à se rendre aux urnes jusqu’à 21h00 (19h00 TU) pour choisir 400 députés.
Des législatives à un enjeu de taille : en effet, les députés élus auront ensuite la lourde tâche de nommer le président du pays. Une élection qui pourrait représenter un tournant pour le pays, si le parti de la libération, le Congrès National Africain, l’ANC, et son leader Cyril Ramaphosa venait à perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale – du jamais vu depuis 1994 -, comme le prédisent les sondages.
L’ANC, le parti de Nelson Mandela, est en effet au pouvoir depuis 1994, mais a perdu beaucoup de son aura et de son avance lors des derniers scrutins.
À Soweto, une file alimente le bureau de vote
Dans un bureau de vote du township de Soweto, au sud-ouest de Johannesburg, les portes du bureau ont ouvert au matin. Comme partout dans le pays, les agents de la commission électorale accueillent les premiers électeurs, décrit notre correspondante sur place, Claire Bargelès.
Un peu plus tôt, les bulletins de vote sont arrivés, escortés par la police sud africaine, dans ce lycée de Soweto transformé en bureau de vote.
Il s’agit d’un lieu très symbolique : c’était de cet établissement Morris Isaacson qu’était parti le soulèvement des élèves de Soweto en 1976, des émeutes réprimées dans le sang, et qui avait représenté un tournant dans la lutte contre l’apartheid.
Tôt ce matin, à l’ouverture des bureaux de vote, il n’y avait pas encore foule, mais une file régulière alimente en continu le lieu.
Lorsqu’ils rentrent cette école publique transformée en bureau de vote, les électeurs reçoivent, un à un, trois bulletins de vote, alors que le pays vote à la fois pour des scrutins nationaux et régionaux.
Des bulletins très longs puisque quelque 70 partis sont en lice, ainsi que des candidats indépendants.
Une fois passé par l’isoloir, les électeurs reçoivent ensuite une trace au marqueur sur leur pouce, pour indiquer qu’ils ont bien voté. Malgré tout, au matin, le contraste est déjà grand par rapport aux élections de 1994, il y a 30 ans, où d’immenses files s’étaient formées pour les premières élections libres.
Dans un autre bureau de vote, l’appel pour des élections libres et justes
Dans un autre bureau de vote, à l’ouest de Johannesburg, le monde est déjà présent à l’ouverture du bureau. Il y a plus de 200 personnes, même 300, et le nombre ne fait qu’augmenter, rapporte notre correspondant sur place, Romain Chanson.
Ce bureau de vote, heureusement, a ouvert à l’heure puisque ces gens attendaient dans le froid – l’hiver a débuté en Afrique du Sud. À l’ouverture, un petit discours touchant de la présidente du bureau a appelé les Sud-africains à rester qui ils sont, c’est-à-dire une nation démocratique, une nation respectueuse des opinions politiques et à assurer des élections qui soient libres et justes.
S’il y a autant de monde, ce matin, dans ce bureau de vote précis – ce n’est pas le cas partout, comme à Soweto – c’est que ces électeurs sont motivés par un désir de changement, et désireux que l’ANC perde ses élections.
L’ANC en forte perte de vitesse
Soweto est traditionnellement une place forte pour l’ANC au pouvoir, pourtant cette année, le coeur des habitants balance car les sentiments vis-à-vis du parti au pouvoir ont aussi changé là-bas, raconte Claire Bargelès.
Le quartier n’a d’ailleurs plus d’électricité depuis plusieurs jours, pour cause de panne.
Cela n’empêche en rien les opérations de vote, mais cela alimente encore plus la colère de ceux qui affirment ne pas voter ANC.
Les principales critiques qui visent le parti au pouvoir sont en lien avec le manque de services publics, ainsi que le chômage qui touche un tiers de la population.
Toutefois, l’on trouve aussi des habitants qui apprécient les politiques sociales, mises en place depuis 30 ans par le parti, notamment en matière de logement, malgré certains échecs.
Le choix des indécis, ainsi que l’abstention, seront également à mettre dans la balance, pour déterminer si la formation de Cyril Ramaphosa perdra ou non sa majorité absolue, dans ces élections très incertaines.
Les sondages ont été durs avec l’ANC. Ils voient le parti au pouvoir sous les 50%, voire sous les 40% nationalement, des scores qui seraient extrêmement bas.
Cette tendance s’observe depuis 20 ans et, depuis, tous les différents résultats électoraux de l’ANC déclinent d’élection en élection.
Si la formation du président actuel passe sous la barre des 50%, cela représenterait non seulement une chute brutale de confiance, par rapport aux 57% de 2019, mais pourrait aussi conduire à une coalition. Dans les zones urbaines comme rurales, on hésite donc entre donner une nouvelle chance au parti, ou tourner la page.
Je n’ai plus d’espoir quant à la capacité de l’ANC à changer.
Ils ont eu suffisamment de chances pour le faire, et à la place, ils utilisent leur pouvoir pour manipuler le système. Pour l’instant je ne sais pas trop quoi faire, mais une chose est sûre, je vais voter. Peut-être que je déciderai une fois dans la queue.
RFI.