Les effets contrastés d’El Niño sur les marchés agricoles

On avait annoncé l’année dernière qu’il serait l’arbitre d’une partie de la production mondiale : ces derniers mois, le phénomène climatique El Niño a eu effectivement un impact sur plusieurs matières premières, mais son effet a été aussi beaucoup moins dévastateur que prévu sur d’autres, le riz et l’huile de palme par exemple.

Les premières récoltes touchées ont été celles de l’hémisphère sud – Australie, Argentine, Brésil – puis, depuis ce printemps, celles de l’hémisphère nord. Il n’est donc pas exclu qu’El Niño ait encore un impact sur plusieurs grandes familles de culture.

Selon le dernier rapport Cyclope sur les matières premières, l’inquiétude demeure, par exemple, pour la récolte de poivre au Vietnam, premier producteur et exportateur mondial. Le poivrier est particulièrement sensible aux aléas climatiques. Les arbres ont été épargnés l’année dernière en raison du calendrier agricole, mais la récolte de cette année pourrait être fortement perturbée, selon les auteurs du rapport.

Plus de peur que de mal ?
Les perspectives restent aussi incertaines pour l’huile de palme, car la récolte a lieu toute l’année. La situation pourrait très bien encore se dégrader, confie un expert, mais, à ce stade, El Niño a eu un effet beaucoup moins dévastateur que prévu alors même que des régions de production d’huile de palme ont été affectées par des périodes de sècheresse au second semestre 2023.

Le constat est du même ordre sur le marché du riz, où l’impact de la perturbation climatique n’aurait finalement pas été si important.

La récolte 2024 qui est en cours ne suscite pas de crainte majeure. Si l’avenir reste incertain dans la filière, c’est plutôt pour des raisons géopolitiques : « On ne sait pas encore quand l’Inde reviendra pleinement sur le marché, après plusieurs mois de restrictions à l’exportation », explique Patricio Mendez del Villar, économiste de la filière et auteur de la lettre mensuelle Osiriz, éditée par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Après El Niño, la Niña
Parmi les matières premières affectées par El Niño mais qui semblent tirées d’affaire, on peut citer les anchois. La perturbation climatique a provoqué l’année dernière une baisse importante des captures au large du Pérou, le phénomène éloignant les stocks d’anchois des côtes, mais la production devrait revenir à des niveaux normaux cette année, selon le rapport Cyclope.

Sur le marché du coton, El Niño n’apparaît plus non plus comme la préoccupation principale aujourd’hui.

Même s’il a fait des dégâts aux États-Unis l’année dernière, au Texas en particulier, les dernières estimations pour la récolte australienne sont plutôt rassurantes.

Ce qui inquiète aujourd’hui, explique un négociant, c’est désormais le pendant d’El Niño, la Niña, un phénomène associé à une baisse des températures des océans et qui pourrait avoir un impact important au Brésil, pays dont la production cotonnière a explosé ces dernières années.

RFI

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