En Tunisie, c’est le musée national de Carthage qui se refait une beauté après celui du Bardo qui a rouvert en septembre 2023 après 2 ans de fermeture et qui est connu pour renfermer l’une des collections de mosaïques antiques les plus importantes au monde. Les travaux à Carthage estimés à 6,9 millions d’euros devraient durer jusqu’en 2027. Reportage dans les coulisses de ces travaux.
Surplombant la majestueuse baie de Tunis – là même où la légende veut que Didon ait fondé Carthage – se dresse le musée du même nom. Travaux obligent, seuls quelques chanceux sont autorisés à pénétrer dans l’enceinte. Parmi eux, Hatem Drissi, historien.
Avant les travaux, le musée attirait 500 000 visiteurs par an
Sur les 100 000 pièces des collections, seules 1 000 seront exposées. L’heure est aux choix. « La notion de pièce maîtresse est très relative, souligne Hatem Drissi. On a eu la chance de trouver un portrait de Trajan qui est très rare qui représente l’empereur [romain, NDLR] jeune ou même adolescent. On est en train de voir comment on peut le présenter dans le cadre d’une galerie d’empereurs qui va être présente dans cet espace-là. »
Des travaux qui ont aussi été l’occasion de lancer de grandes fouilles, pour le plus grand plaisir de Khansa Hannachi, l’archéologue tunisienne qui les dirige : « Toute cette zone-là où il y a le musée, c’est la place du Forum. J’adore fouiller parce qu’on trouve toujours des trésors. Les trésors, ce n’est pas l’argent, ce n’est pas l’or : les trésors, c’est l’histoire de nos ancêtres, nos ancêtres de toute époque. »
Avant les travaux, le musée de Carthage attirait 500 000 visiteurs par an : un chiffre que les autorités tunisiennes espèrent bien stimuler avec ces travaux très ambitieux.
Walid Khalfalli, conservateur auprès du ministère tunisien de la Culture: «On veut donner un coup de pouce au tourisme culturel dans le pays»
Situé dans le centre de Tunis, le Musée de Bardo a connu une histoire mouvementée ces dernières années : attentat en 2015, fermeture pendant deux ans en 2021 suite à la prise des pleins pouvoirs par Kaïs Saïed, président du pays. Autant d’événements qui ont contribué à fragiliser le secteur touristique.
En remettant ses deux grands musées à la page, la Tunisie espère conjurer le mauvais sort et dynamiser son secteur touristique.
« En 1979, le site a été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, rappelle Walid Khalfalli, conservateur auprès du ministère tunisien de la Culture, au sujet de Carthage. C’est un musée pratiquement à ciel ouvert [….]. On veut donner un coup de pouce au tourisme culturel dans le pays.
Mettre en place un musée qui fait honneur à l’histoire admirable de Carthage, ça ne peut que permettre de diversifier notre tourisme et permettre de ne pas se concentrer uniquement sur le tourisme balnéaire, le tourisme de loisir. L’idée, c’est aussi d’attirer les amoureux de la culture et du bassin méditerranéen ».
RFI