Une origine naturelle du dérèglement climatique “extrêmement improbable” d’après une étude
Notre espèce serait bien responsable du déséquilibre énergétique de la planète; une affirmation qui tombe sous le sens, mais qui restait encore démontrer avec la rigueur statistique nécessaire.
Peu de monde doute encore de la réalité du réchauffement climatique. De même, chacun connaît la responsabilité accablante de notre espèce dans ce désastre écologique. Il reste pourtant certains irréductibles comme Donald Trump, qui a passé quatre ans à déclamer sa rhétorique climatosceptique à qui voulait bien l’entendre. N’en déplaise à l’ex-Président des États-Unis, une nouvelle étude vient de le contredire une nouvelle fois : d’après des chercheurs, il y aurait “moins d’1% de chance” que le déséquilibre énergétique de la Terre ait pu survenir naturellement.
Une histoire de déséquilibre
Pendant des milliers d’années, la Terre a fonctionné dans une certaine harmonie; énergétiquement parlant, elle était dans un quasi-équilibre permanent. Elle accumule en permanence de l’énergie à travers le rayonnement solaire; pour que ce système physique reste à l’équilibre, il faut donc s’en débarrasser grâce à deux phénomènes. Le premier, c’est la réflexion : il suffit de renvoyer le rayonnement d’où il vient grâce à des surfaces réfléchissantes. Les nuages et les surfaces comme les banquises sont donc très importants, car ils agissent comme un gigantesque pare-soleil naturel. L’énergie non réfléchie est absorbée par le sol; pour rester à l’équilibre, elle est ensuite ré-émise sous forme de rayonnement infrarouge.
Pendant très longtemps, ce bilan était donc nul : la Terre absorbait autant d’énergie qu’elle n’en émettait. Mais cette dynamique a changé avec l’industrialisation, qui a commencé à chambouler cet équilibre; davantage de chaleur est générée et se retrouve emprisonnée, majoritairement dans les océans. À tel point que toute cette énergie ne peut plus être évacuée; elle reste donc dans le système Terre, avec tout un tas de conséquences désastreuses. Cela se traduit par l’impact climatique que l’on connaît : hausse des températures, montée des eaux, accentuation des phénomènes climatiques extrêmes…
Une origine naturelle “extrêmement improbable“
Cette dynamique est déjà bien connue et constatée de façon empirique; il est toutefois très difficile de démontrer ses origines avec une rigueur statistique satisfaisante; en sciences, il ne suffit pas de savoir quelque chose et de le constater au quotidien pour le prouver. En effet, pour fournir une preuve statistiquement admissible et rigoureuse à ce genre de phénomène, il faut un recul considérable et une grande quantité de données pertinentes.
Cette hypothèse de l’origine humaine semble désormais validée une fois pour toutes, grâce aux travaux des chercheurs de l’université de Princeton. Ils se sont basés sur des tas d’images satellites collectées sur les 20 dernières années, et la conclusion est sans appel. D’après Shiv Priyam Raghuraman, l’un des auteurs de l’étude, il serait “exceptionnellement improbable que cette tendance puisse être expliquée par une variation naturelle du système climatique”. Évidemment, cela ne fait que confirmer ce que l’on savait déjà. Ce qui est plus intéressant, en revanche, c’est leur conclusion sur la cause de ce déséquilibre énergétique.
Notre pare-soleil naturel tombe en lambeaux
D’après les chercheurs, on imagine souvent que c’est l’effet de serre qui est directement responsable; il est vrai que celui-ci a tendance à emprisonner le rayonnement infrarouge (voir schéma) que la Terre émet en retour pour dissiper la chaleur du rayonnement solaire. Mais en réalité, le rôle de ce phénomène dans le bilan énergétique de la Terre serait plus indirect. D’après les chercheurs, ce déséquilibre viendrait surtout de la baisse des surfaces réfléchissantes. Avec la baisse de la couverture nuageuse et la fonte des glaces (directement imputable à l’Homme), nous sommes donc moins protégés contre le rayonnement solaire. Et comme toujours en climatologie, il s’agit d’un cercle vicieux; plus la glace fond, plus il fait chaud, et plus il fait chaud, plus la glace fond….
Désormais, les chercheurs espèrent poursuivre leurs efforts pour améliorer les modélisations climatiques futures. Mais armés de cette confirmation sans ambiguïté, ils espèrent aussi attirer l’attention des instances décisionnaires, afin qu’elles mobilisent des moyens. Faute de quoi, ce déséquilibre continuera de croître indéfiniment.
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