Dominé par le secteur informel, l’entrepreneuriat africain est, pour la plupart des chefs d’entreprise du continent, d’abord une question de subsistance. Avec L-Impact, le Groupe Forrest International accompagne une cinquantaine d’entrepreneurs congolais, les projets les plus prometteurs bénéficiant d’une période d’incubation et de coaching de plusieurs mois.
L’Afrique serait-elle la nouvelle terre promise des entrepreneurs ? Sur un continent où galopent de concert la démographie et la numérisation, les vocations entrepreneuriales ne manquent pas. D’après une enquête réalisée en 2022 par l’Ichikowitz Family Foundation (IFF), près de huit Africains âgés de 18 à 24 ans sur dix (78%) envisageraient de créer leur propre entreprise.
Une fibre entrepreneuriale qui atteint même, chez les jeunes, 92 % des sondés au Malawi, 89 % au Rwanda ou encore 89 % en Ouganda. Et c’est, sans surprise, sur le secteur des nouvelles technologies que ces aspirants entrepreneurs misent en priorité (43%).
L’entrepreneuriat est une réalité essentielle de la vie économique africaine
Plus jeunes, les bataillons africains de l’entrepreneuriat sont aussi plus féminisés. En Afrique subsaharienne, une femme en âge de travailler sur quatre (25%) se lance dans l’aventure – une proportion quatre fois supérieure à ce qu’elle est en Europe, où elle plafonne à 6 %. Ce qui fait du continent la région du monde où le taux de femmes entrepreneurs est le plus élevé.
Évidemment, ces chiffres varient d’un pays africain à l’autre, selon les spécificités locales. Mais un invariant demeure : le fameux « plafond de verre ». Moins éduquées que les hommes, les femmes d’Afrique se tournent aussi davantage vers des activités informelles, nécessitant peu de capital et dégageant moins de revenus, donc moins de perspectives de croissance.
Cette prévalence de l’entrepreneuriat de subsistance – voire de survie – affecte, en Afrique, les femmes comme les hommes.
D’après la Banque mondiale, les entreprises informelles représentent encore près des trois quarts (72%) des entreprises dans les pays en développement où subsistent, comme en Afrique, un certain nombre de freins structurels : difficultés d’accès aux financements, manque d’infrastructures, complexité réglementaire, lacunes éducatives, instabilité politique et politique, corruption endémique, etc.
Ce qui n’empêche pas les jeunes Africains de se déclarer, d’après l’étude « African Youth Survey », majoritairement optimistes et confiants en l’avenir. Ni d’estimer, à 66 %, que leur pays encourage une culture de l’innovation.
En RDC, Groupe Forrest International accompagne les entrepreneurs congolais
S’ils ont foi en leurs propres capacités, les entrepreneurs africains sont donc confrontés à une série d’obstacles difficiles à surmonter pour qui ne s’appuie pas sur un réseau fourni ou des capitaux suffisants. Autant de barrières que le patronage de certains grands groupes peut contribuer à franchir.
En République démocratique du Congo (RDC), le Groupe Forrest International (GFI) et la Fondation Roi Baudouin se sont associés en 2023 pour lancer un nouveau programme d’accompagnement des entrepreneurs locaux.
Baptisée L-Impact et implantée à Lubumbashi, la seconde ville du pays, l’initiative s’est proposée d’accompagner une cinquantaine d’entrepreneurs en pré-incubation, puis une vingtaine de projets en phase d’incubation.
Suite au succès de la première édition en 2023, l’initiative a été reconduite en 2024.
Entièrement gratuite, cette dernière s’est étendue sur six mois et devrait permettre aux entrepreneurs sélectionnés, aux profils divers, de développer leur maîtrise des outils nécessaires à l’entrepreneur, de suivre le développement de leur écosystème ou encore d’approcher leurs futurs partenaires (financiers, clients, etc.).
Marqués, pour beaucoup, par une fibre écolo, les projets retenus se déploient dans les domaines de la gestion des déchets, de l’éducation, de l’énergie, de la culture, de la construction durable ou de l’économie circulaire.
En misant sur la jeunesse de Lubumbashi, GFI espère démontrer que l’entrepreneuriat peut être source d’émancipation sociale et d’inspiration pour les jeunes Congolais.
D’autres initiatives voient le jour en faveur des entrepreneurs congolais. En août dernier, plus de cinq-cent d’entre eux se sont réunis à Buvaku, dans la province du Sud-Kivu, afin d’échanger autour de leurs idées, de leurs défis et de leurs difficultés. Et en novembre, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a inauguré une nouvelle Maison de l’entrepreneuriat et de l’innovation.
Objectif : sensibiliser les jeunes Congolais à la culture des affaires, et accompagner les porteurs de projets, notamment sur le volet juridique et la connaissance des diverses structures et dispositifs susceptibles de les aider au cours de leur aventure entrepreneuriale.
L’entrepreneuriat africain rayonne à l’international
Enfin, les entrepreneurs africains peuvent compter sur le soutien d’institutions et de mécanismes internationaux. L’Agence française de développement (AFD) et Bpifrance viennent ainsi de lancer la deuxième phase de leur initiative Choose Africa : le programme, qui court jusqu’en 2027 et qui a déjà mobilisé 3,5 milliards d’euros, bénéficie d’ores et déjà à plus de 40 000 entreprises et à des centaines de milliers de microentrepreneurs africains.
La Biennale Euro-Africa, qui se tenait à Montpellier en octobre dernier, a de son côté ouvert un Campus des jeunes entrepreneurs africains afin de visibiliser l’innovation panafricaine. Autant de signes qui démontrent que la richesse entrepreneuriale africaine rayonne, de plus en plus, et bien au-delà des frontières du continent.
pressafrik