New Delhi – Un tribunal indien a exhorté le gouvernement à décréter l’urgence nationale face à la vague de chaleur que subit depuis plusieurs jours l’Inde, avec des températures bien au-dessus des 45°C dans de nombreuses villes, et qui a, selon cette juridiction, fait des « centaines » de morts.
Le seul Etat indien du Bihar, dans le nord-est, a annoncé vendredi qu’au moins 14 personnes avaient péri en une seule journée, la veille, du fait de cette canicule.
Dans ce contexte, la Haute cour du Rajasthan, dans le nord-ouest, estime que l’Inde devrait qualifier de « calamités nationales » les futures périodes de très forte chaleur, ce qui permettrait de mobiliser les services de sécurité de la même manière que pour d’autres catastrophes naturelles comme les inondations et les cyclones.
Cette juridiction a conclu que les autorités n’avaient pas réussi à prendre les mesures appropriées pour protéger la population face à la situation météorologique actuelle.
« En raison des températures extrêmes (…), des centaines de personnes ont perdu la vie au cours du mois », a déploré la cour dans une ordonnance rendue jeudi.
« Nous n’avons pas de planète B sur laquelle nous pourrions nous installer (…). Si nous ne prenons pas des mesures strictes maintenant, nous perdrons pour toujours la chance de voir nos enfants s’épanouir », est-il écrit dans ce document.
C’est au Rajasthan, à Phalodi, en bordure du désert du Thar, que l’actuel record indien, 51°C, avait été enregistré en 2016.
Le changement climatique en cause
A New Delhi, une cité d’environ 30 millions d’habitants, où la température a augmenté cette semaine, la consommation d’électricité a atteint un sommet mercredi du fait notamment d’un recours massif à la climatisation.
La municipalité a par ailleurs averti d’une « très forte probabilité de contracter des maladies liées à la chaleur » et d’être victime d’un « coup de chaud à tous les âges », ainsi que d’un risque de pénurie d’eau.
Un pic de 52,9°C, un possible nouveau record national, y a été enregistré ce jour-là, même si les autorités s’interrogent sur une possible « erreur de capteur ».
En 2022 déjà, le thermomètre dan la capitale était monté à 49,2°C.
L’Inde est coutumière des fortes chaleurs estivales mais des années de recherches scientifiques ont montré que le changement climatique rendait ces épisodes plus longs, plus fréquents et plus intenses.
Les chercheurs soulignent que cette modification du climat induite par l’homme doit être considérée comme un avertissement.
La place des combustibles
Les vagues de chaleur constituent « la plus grande menace pour le bien-être de l’Inde aujourd’hui », a à cet égard expliqué à l’AFP Aarti Khosla, la directrice de l’institut de recherche Climate Trends.
Les températures extrêmes dans la région de New Delhi sont, selon elle, « la preuve que la question qui se pose aujourd’hui est celle de la survie ».
Le pays le plus peuplé du monde, avec 1,45 milliard d’habitants, est le troisième émetteur de gaz à effet de serre de la planète mais s’est engagé à atteindre une économie à zéro émission nette d’ici à 2070, soit deux décennies après la plupart des nations occidentales industrialisées.
Pour l’instant, le charbon assure l’essentiel de la production d’électricité en Inde.
Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Narendra Modi, qui brigue un troisième mandat aux élections législatives en cours, affirme que les combustibles fossiles restent primordiaux pour répondre aux besoins énergétiques croissants de son pays et sortir des millions de personnes de la pauvreté.
AFP