Négociation sur les pandémies : vers une prolongation d’un an

Après deux ans d’âpres marchandages pour un accord sur la prévention des pandémies et faute de consensus, les pays de l’Organisation mondiale de la santé semblent s’acheminer vers une prolongation d’un an des négociations pour préserver les acquis et tenter de surmonter les obstacles.

Les efforts se sont poursuivi tout au long de l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) -l’organe suprême de décision de l’OMS- pour arriver à trouver une issue qui convienne à tous.

En décembre 2021, choqués par les ravages causés par le Covid-19 – qui a tué des millions de personnes, détruit les économies et paralysé les systèmes de santé – les pays membres de l’OMS ont demandé la rédaction d’un accord contraignant sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies.

Ce nouvel outil doit permette de ne pas répéter les erreurs.

Les négociateurs avaient une date butoir ambitieuse -les critiques disaient déjà impossible- la réunion de la 77e AMS cette semaine à Genève.

L’Assemblée a fait un bilan des progrès avec les responsables chargés de piloter les négociations et chargé un groupe de travail de voir la suite.

– Un an de plus, au plus –

Precious Matsoso, qui a co-dirigé les négociations a expliqué vendredi soir que l’extension des négociations avait été discutée et que le groupe de travail soumettrait une résolution samedi, dernier jour de la réunion annuelle.

Le texte approuvé vu par l’AFP montre que les pays étaient convenus « de prolonger le mandat » des négociations, de les terminer « dès que possible », les résultats étant soumis à l’AMS de 2025, ou plus tôt à une session extraordinaire de l’AMS « si possible en 2024 ».

La prochaine AMS régulière est prévue en mai 2025.

Lors des débats en début de semaine, les pays africains se sont exprimés d’une seule voix pour dire qu’ils voulaient profiter de l’élan affiché dans les négociations pour conclure l’accord d’ici la fin de l’année.

Washington en revanche a estimé qu’il fallait plus de temps (jusqu’à deux ans) pour élaborer le meilleur accord possible.

Selon les ONG, qui ont pu suivre de près les négociations et les débats, les pays membres se donnent donc au maximum un an, a expliqué K. M. Gopakumar, chercheur principal au Third World Network.

« Ce compromis est raisonnable au regard des différences » qui persistent, a-t-il expliqué.

Le projet d’accord sur les pandémies, tel qu’il existe, compte 34 articles dont 17 ont déjà été approuvés.

« Nous devons maintenir l’élan, mais en même temps permettre des discussions de fond sur certaines questions assez complexes et techniques qui restent en suspens », a expliqué à l’AFP l’ambassadeur norvégien Tormod Cappelen Endresen.

« Il est dans l’intérêt de tous d’avoir un système de préparation (aux pandémies Ndlr) plus juste et équitable », a-t-il ajouté.

Pour James Love, directeur de Knowledge Ecology International, une grande partie des ambitions initiales de l’accord avaient été affaiblies au fil du temps par des exceptions.

Il a appelé à des garanties fortes sur le transfert aux pays en développement de la technologie permettant de fabriquer des produits permettant de lutter contre les pandémies, afin d'éviter une nouvelle ruée vers les vaccins façon

Il a appelé à des garanties fortes sur le transfert aux pays en développement de la technologie permettant de fabriquer des produits permettant de lutter contre les pandémies, afin d’éviter une nouvelle ruée vers les vaccins façon « Hunger Games », comme pendant le Covid-19.

« C’est une chose de dire on va amasser les produits, mais c’en est une autre de dire que l’on va garder pour soi le savoir-faire sur la façon de les fabriquer alors que la vie des gens est en jeu », a-t-il déclaré.

– Urgences sanitaires –

Parallèlement, des négociations sur la révision du Règlement sanitaire international, se sont aussi tenues, et semble t-il, avec succès.

Adopté pour la première fois en 1969 et mis à jour pour la dernière fois en 2005, le RSI constitue le cadre juridiquement contraignant pour répondre aux urgences de santé publique.

Mais le Covid-19 a révélé les failles du système, les pays n’ayant pas réagi lorsque l’OMS a déclaré l’urgence sanitaire de portée internationale, son plus haut niveau d’alarme en janvier 2020.

Ce n’est que plusieurs semaines plus tard que le patron de l’OMS a créé un choc salutaire en parlant de pandémie.

Les modifications proposées comprennent justement la réforme du système d’alerte afin qu’il y ait des niveaux d’alarme plus nombreux et plus clairs, y compris l’ajout d’un niveau d’urgence en cas de pandémie.

« Nous sommes sur la bonne voie pour finaliser le paquet », a déclaré vendredi soir Ashley Bloomfield, co-présidente des négociations sur l’IHR.

AFP

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