L’État du Jonglei est en proie à des tensions après l’éviction de son gouverneur Denay Chagor par le président du Soudan du Sud Salva Kiir. Démi de ses fonctions au profit d’un de ses rivaux au sein de la South Sudan Opposition Alliance, l’ex-gouverneur conteste cette décision.
Au Soudan du Sud, la perspective des élections, qui devraient se tenir en décembre cette année, semble attiser les rivalités et les manœuvres au sein de la classe politique. L’accord de paix de 2018 a permis un partage du pouvoir entre les différents camps en conflit depuis le début de la guerre civile en 2013.
Le gouvernement actuel, au niveau national comme régional et local, est le fruit d’une répartition des postes entre les différents partis : ceux du président Salva Kiir et du vice-président Riek Machar, mais pas que. D’autres forces politiques se sont jointes au processus de paix, c’est le cas de SSOA, la South Sudan Opposition Alliance, une coalition de huit partis d’opposition, qui a obtenu notamment le poste de gouverneur de l’État du Jonglei.
C’est Denay Chagor, une figure de l’opposition qui fait parler de lui ces derniers jours, alors qu’il occupait ce poste depuis 2020. Démi de ses fonctions mercredi 29 mai par le président Salva Kiir, il rejette cette décision.
Lutte d’influence
Pour contester son éviction, Denay Chagor tente de mobiliser ses alliés au sein de la South Sudan Opposition Alliance. Il estime que les règles de fonctionnement internes n’ont pas été respectées. Et il accuse le vice-président Hussein Abdelbagi, membre de l’alliance et du National Democratic Movement (NDM), d’avoir influencé le président Salva Kiir pour qu’il prenne, « une décision unilatérale ».
Et ce afin de le marginaliser lui, et son parti politique, le South Sudan United Movement (SSUM).
C’est dans ce contexte que ce vendredi en fin de journée, des tirs retentissent dans la maison du gouverneur, à Bor, la capitale de l’État du Jonglei. Des gardes du gouverneur déchu, Denay Chagor, ont pénétré par effraction dans l’armurerie de la résidence, volé des armes, tiré en l’air, avant de prendre la fuite.
Dans cette région familière des rébellions armées, menées par des chefs tombés en disgrâce, l’inquiétude s’est vite propagée.
Mais il n’en est rien, a assuré l’ex-gouverneur, actuellement à Juba et joint par RFI. Un communiqué du ministère de l’Information du Jonglei confirme également que le calme règne à Bor. Le nouveau gouverneur, Mahjuob Biel Turuk, membre de la South Sudan Opposition Alliance et du National Democratic Movement (NDM), a pris ses fonctions vendredi 31 mai.
RFI