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Le Rassemblement national tenait son dernier meeting de campagne, dimanche à Paris, à une semaine des élections européennes. L’occasion pour de nombreux jeunes séduits par Jordan Bardella, tête de liste du partie au scrutin du 9 juin, de le voir « en vrai ».

Un duo de DJ, du gros son, des jeux de lumière : si le portrait de Jordan Bardella n’était pas affiché en grand sur les écrans au fond de la scène du Dôme de Paris, dimanche 2 juin, on aurait pu se croire à un concert plutôt qu’à un meeting politique. Avec son candidat de 28 ans, le Rassemblement national (RN) sait qu’il touche désormais un électorat plus jeune et s’adapte en lui donnant envie de venir, et surtout de revenir, à ses meetings.

À une semaine des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles Jordan Bardella est donné largement en tête avec plus de 30 % des intentions de vote, selon les sondages, les lieutenants et autres seconds couteaux du RN qui chauffent habituellement la salle ont été laissés au repos.

Les tubes de Sean Paul, Madonna, Eurythmics ou LMFAO ont été préférés pour accueillir les quelque 5 500 sympathisants réunis porte de Versailles.

Seules la porte-parole Laure Lavalette et Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, se sont ainsi exprimées avant Jordan Bardella. Et cela fonctionne. À l’image de son utilisation des réseaux sociaux TikTok et Instagram pour faire sa communication, la tête de liste du RN a réussi à rendre « cool » un meeting d’extrême droite pour une partie de la jeunesse.

« C’est mon premier meeting, je voulais voir à quoi ça ressemblait et, surtout, je voulais voir Jordan Bardella, se réjouit Lucie, 18 ans. C’est quelqu’un d’éloquent, qui sait parler aux jeunes avec des mots qu’on comprend… Et en plus il est beau », ajoute-t-elle avec un sourire gêné.

Jordan Bardella serait-il devenu une rock star avec ses fans et ses groupies ?

La présence, dimanche à Paris, de très nombreux jeunes, et notamment de jeunes filles, pourrait le laisser croire. De même que les « Jordaaaannn ! » et les « Je t’aiiiime ! » criés à tue-tête et venant interrompre son discours comme lors d’un concert. Les moins de 30 ans sont en tout cas 34 % à vouloir voter pour le Rassemblement national le 9 juin, selon un sondage Ipsos, publié mercredi 29 mai, sur Brut et Franceinfo. Des intentions de vote qui grimpent même à 38 % chez les 22-25 ans, toujours selon le même sondage.

« Je suis ici parce que ma fille de 14 ans m’a convaincue de faire le trajet », raconte Faustine, une agricultrice de 42 ans tout juste arrivée de Champagne pour assister au meeting.

« C’est mon rêve depuis toujours de voir Jordan [Bardella] en vrai », confirme Érinyes, qui suit beaucoup la politique sur la chaîne conservatrice CNews. « Il a beaucoup de charisme et c’est quelqu’un de droit et d’honnête, qui fera ce qu’il dit. Il va vraiment essayer de changer les choses », pense-t-elle.

« Sur l’immigration, Les Républicains beaucoup trop laxistes »

À commencer par réduire l’immigration. Comme leurs aînés, les jeunes séduits par le discours de Jordan Bardella répondent systématiquement « immigration » lorsqu’il leur est demandé sur quelle thématique le patron du RN se démarque des autres candidats à leurs yeux.

C’est le cas de Lucie et d’Érinyes, mais aussi d’Élie, 20 ans, qui hésite encore entre un vote Jordan Bardella et Marion Maréchal. « J’ai toujours été de droite, alors l’immigration et la sécurité, ce sont des sujets qui me tiennent à cœur et je trouve que Les Républicains sont beaucoup trop laxistes sur ces questions », estime-t-il.

Sur ce point, Jordan Bardella le rassure, affirmant lors de son discours qu’il faut « préserver notre mode de vie et ce que nous sommes face à l’immigration de masse ».

Pour lui, « notre civilisation peut mourir parce que la submersion migratoire aura changé nos mœurs, nos coutumes, nos modes de vie. Dans d’innombrables quartiers, les Français ne reconnaissent plus la France qui les a vus grandir ». Et de dénoncer un « totalitarisme islamique qui souhaite conquérir la France pour y imposer ses règles. »

De quoi déclencher un chant typique des meetings d’extrême droite que l’on pouvait déjà entendre à l’époque du Front national de Jean-Marie Le Pen : « On est chez nous ! On est chez nous ! On est chez nous ! ». Un hymne que les DJ du RN n’ont toutefois pas encore intégré à leur playlist.

Les fondamentaux du RN restent bien les mêmes. La campagne de Jordan Bardella s’appuie une nouvelle fois sur le sentiment de déclassement vécu par certains Français, et avec celui-ci, l’idée d’un recul de la France.

« Nous sommes la France debout face à l’effacement et au délitement », a d’ailleurs insisté le candidat. « L’enjeu de ces élections, c’est la disparition de la France. La nation ou sa dilution », avait, pour sa part, lancé Marine Le Pen avant lui.

Jordan Bardella « pas d’extrême droite »

Au-delà de l’immigration, la tête de liste du RN a également insisté sur les problèmes de pouvoir d’achat des Français, rappelant que « des millions de Français renoncent à se déplacer et à se chauffer » en raison des prix élevés de l’énergie.

« C’est ce qui le différencie de Marion Maréchal, qui ne parle que d’immigration.

Jordan Bardella parle aussi du pouvoir d’achat. C’est le bon compromis entre sécurité et social. Il pense aux intérêts de tous les Français », juge Cyril, 18 ans, pour qui le candidat RN n’est ni de gauche, ni de droite, et certainement pas d’extrême droite.

Un qualificatif auquel n’adhère aucun des jeunes rencontrés dimanche.

Pour la plupart d’entre eux, Jordan Bardella, en dépit de mesures comme la préférence nationale qui le raccroche à cette famille politique, n’est « pas d’extrême droite », mais « juste de droite ». Un élément essentiel qui contribue à leur sentiment de fierté.

Car contrairement aux meeting du RN d’il y a encore quelques années, où les jeunes étaient peu nombreux et préféraient éviter les questions des journalistes, ceux-là sont ravis de leur répondre et assument totalement leur vote.

Marine Le Pen ne s’y est d’ailleurs pas trompée.

« Vous êtes la lame de fond, le grand courant qui a longtemps cheminé souterrainement, tantôt refoulé, tantôt endigué. Mais les digues du politiquement correct cèdent les unes après les autres », a-t-elle affirmé. Avant de s’adresser spécifiquement aux jeunes : « Je vois beaucoup de jeunes dans la salle. Je dis à la jeunesse d’aller voter. Si la jeunesse vote, c’est la France qui gagne. »

france24

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