Un exilé a été tué vendredi dans une collision entre son canot et un patrouilleur des garde-côtes grecques. L’incident s’est produit, d’après Athènes, après que le pilote de l’embarcation a sauté à l’eau par peur d’être arrêté.
Nouveau drame en mer Égée. Un migrant a été tué, et cinq autres blessés, dans une collision survenue le 31 mai entre un canot et un patrouilleur des garde-côtes grecs au large de l’île de Symi.
Dans la soirée, « deux patrouilleurs ont repéré un canot pneumatique avec un certain nombre de passagers, naviguant à une grande vitesse, sans feux de signalisation, en direction de l’îlot de Nimos », selon le communiqué des garde-côtes. Puis les patrouilleurs « se sont approchés du bateau et ont tenté de l’arrêter en utilisant des signaux sonores et lumineux, en vain ».
Toujours selon les autorités, le pilote du bateau pneumatique a sauté par-dessus bord pour éviter d’être arrêté, provoquant une collision avec l’un des patrouilleurs, qui a jeté à la mer « la plupart des passagers du hors-bord ».
Les garde-côtes ont tout de même pu secourir 18 personnes, dont un mineur, pendant que le bateau des migrants sombrait. Des premiers secours ont été prodigués à cinq exilés, tandis qu’un sixième, inconscient, a été réanimé. Les victimes ont ensuite été transportées au centre de santé de Symi où « malheureusement le décès de l’un des blessés a été constaté ».
Les passagers ont par ailleurs affirmé avoir payé chacun 4 000 dollars pour être transportés de Datça, en Turquie, en Grèce. Et le conducteur du bateau a été arrêté.
Plus de 12 000 arrivées cette année
Bien que l’Italie concentre la majorité des arrivées de migrants en Europe, la route migratoire de la Turquie vers la Grèce reste une voie d’accès pour des milliers de personnes en quête d’une vie meilleure. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 12 200 arrivées ont été enregistrées sur les îles grecques depuis le début de l’année 2024.
En 2023, environ 45 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Grèce, soit le nombre le plus élevé en quatre ans, selon les Nations unies.
De nombreuses embarcations en revanche n’arrivent pas à destination et sont refoulées en Turquie par les garde-côtes grecs, bien qu’Athènes a toujours réfuté ces agissements. Dans un rapport d’observation, l’ONG Aegean Boat Report (ABR) note l' »augmentation des refoulements en mer par les autorités grecques », y compris par « l’utilisation illégale » de radeaux de sauvetage.
Ainsi, au cours de la seule semaine du 20 mai, l’ONG constate que plus de 1 000 personnes et 48 canots ont stoppés par les autorités grecques.
Les pratiques des garde-côtes sont régulièrement pointées du doigt par les associations, les médias et les témoignages d’exilés. En novembre 2023, une nouvelle vidéo montrant des hommes masqués sur un bateau floqué d’un drapeau grec, agresser des migrants et les refouler en mer Égée, a été dévoilée par ABR.
Sur les vidéos filmées par les passagers afghans depuis la petite embarcation et diffusées par l’ONG, on entend des femmes et des enfants hurler de peur lorsque les hommes masqués brandissent leurs bâtons. Selon le compte-rendu d’ABR, ils « ont ordonné à tout le monde de remettre leurs téléphones, leur argent et autres objets de valeurs ». Les personnes qui ont refusé ont été frappées.
Deux versions du drame de Pylos
Contacté par InfoMigrants, le ministère grec des Affaires maritimes avait nié toutes accusations de « pushback » et de violences en mer. « Concernant les allégations d’actes répréhensibles présumés, nous devons souligner que les autorités grecques ne procèdent pas à de telles méthodes » et qu’il « existe des mécanismes de contrôle » des garde-côtes « le cas échant », avait-il assuré.
La parole des garde-côtes grecs est également remise en cause dans le drame de Pylos.
La version officielle affirme que les autorités ont tenté de secourir les 750 passagers de cet ancien bateau de pêche. Mais d’après les rescapés, les garde-côtes ont fait chavirer le chalutier en tentant de le remorquer avec une corde en dehors des eaux grecques.
Une enquête de la BBC démontrait par ailleurs que le bateau bondé était à l’arrêt au large de la Grèce et nécessitait une aide urgente, contrairement à la version donnée par les garde-côtes grecs, selon laquelle les exilés faisaient route vers l’Italie à une vitesse régulière.
Selon les témoignages des survivants, le bateau transportait principalement des Syriens, Pakistanais et Égyptiens. Seules 104 personnes ont survécu et 82 corps ont été retrouvés. On estime que le bilan des victimes s’élève à plus de 500 morts.
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