Tôt ce jeudi 6 juin, l’armée israélienne a revendiqué une frappe aérienne contre une école de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans la bande de Gaza. Selon un communiqué de l’armée, cette école abritait « une base du Hamas ». L’attaque a fait une quarantaine de morts, un chiffre susceptible d’évoluer.
L’armée israélienne assume son opération, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Son aviation a mené une frappe contre « une base du Hamas située dans cette école. Plusieurs membres de groupes armés palestiniens (Hamas et Jihad islamique) ayant participé au massacre du 7 octobre, ont été éliminés », détaille l’armée israélienne dans un communiqué.
« Des avions de combat de l’armée […] ont mené une frappe précise sur une base du Hamas placée à l’intérieur d’une école de l’UNRWA dans la région de Nousseirat », a affirmé dans un communiqué l’armée israélienne qui a fait état de « plusieurs terroristes tués. […] Des terroristes du Hamas et du Jihad islamique appartenant aux forces Nukhba et ayant participé à l’attaque meurtrière contre des communautés du sud d’Israël le 7 octobre dernier opéraient dans cette enceinte. Les terroristes ont dirigé leur campagne de terreur depuis la zone de l’école tout en l’exploitant et en l’utilisant comme abri », a assuré l’armée.
Les images qui proviennent de Gaza montrent une nouvelle fois des scènes de chaos, rapporte notre correspondant à Jérusalem. Des dizaines de corps alignés au sol. Des familles décimées. Des survivants en pleurs.
Des blessés transportés vers un hôpital de campagne. Des enfants morts.
« Un nombre considérable de martyrs et de blessés continuent d’affluer à l’hôpital des martyrs d’al-Aqsa », situé dans la ville de Deir al-Balah, près de Nousseirat, annonce le service de presse du Hamas. Plus tôt dans la nuit, cet hôpital avait indiqué faire face à la « panne de l’un de ses générateurs électriques », ce qui risquait de compliquer le traitement de patients vulnérables et de provoquer « une catastrophe humanitaire ».
« L’odeur de sang »
Avant cette frappe, l’hôpital d’al-Aqsa avait déjà reçu, depuis le 4 juin, « au moins 70 morts et plus de 300 blessés, en majorité des femmes et des enfants, à la suite des frappes israéliennes sur les zones centrales de la bande de Gaza, selon Médecins sans frontières (MSF). L’odeur du sang dans la salle des urgences ce matin était insupportable. Il y a des gens étendus partout, sur le sol, dehors. Des corps étaient apportés dans des sacs en plastique.
La situation est insoutenable », avait déclaré, sur X, Karin Huster, coordinatrice de MSF pour Gaza.
Gaza UPDATE:
Medical teams at Al-Aqsa Hospital are currently trying to deal with a huge influx of patients, many of whom arrived with severe burns, shrapnel wounds, fractures, and other traumatic injuries.
Al-Aqsa is one of the only remaining functional health facilities in…
— Doctors w/o Borders (@MSF_USA) June 5, 2024
Il y a une dizaine de jours, ces mêmes scènes de dévastation, des corps mutilés, brûlés à la suite d’une frappe aérienne israélienne contre un camp de déplacés dans la région de Rafah. Israël avait reconnu « un accident tragique » et annoncé « ouvrir une enquête ». Ce jeudi, pas besoin d’enquêter. L’armée affirme avoir pris un certain nombre de mesures pour minimiser les pertes civiles. Les Palestiniens dénoncent « un horrible massacre ».
La frappe aérienne a touché une école de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
Il faut rappeler que les écoles et autres bâtiments de l’UNRWA à Gaza ont, pour beaucoup, été transformés en refuges pour les populations déplacées par la guerre. Selon l’agence, 170 de ces bâtiments ont été bombardés, ce qui depuis le début du conflit a causé la mort de plus de 450 Palestiniens dans ces sites qui doivent en principe être protégés…
Jonathan Fowler, porte-parole de l’Unrwa: «Nous croyons que l’école a peut-être été frappée à plusieurs reprises, et nous ne pouvons confirmer le nombre de morts»
Sami Boukhelifa
L’organisation, qui coordonne la quasi-totalité de l’aide à Gaza, s’est retrouvée au cœur d’une tempête diplomatique et au bord de la rupture après qu’Israël a accusé, en janvier, une douzaine de ses 13 000 employés de Gaza d’être impliqués dans l’attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien, le Hamas, ayant déclenché la guerre en cours le 7 octobre 2023.
Cela a conduit de nombreux pays, dont les États-Unis, principal bailleur de fonds, à suspendre brusquement le financement de l’agence, menaçant ainsi ses efforts d’acheminement de l’aide à Gaza, bien que plusieurs États aient, depuis, repris leurs versements. Et le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a exigé qu’Israël cesse « sa campagne » contre son agence, dans une tribune publiée vendredi dernier dans le New York Times.
rfi