Un groupe de 27 exilés est bloqué depuis près d’une semaine dans la zone tampon de l’île, qui fait office de ligne de séparation entre le nord, sous administration turque, et le sud, membre de l’Union européenne. L’ONU a fait part de son inquiétude, alors que les températures frôlent les 40 degrés.
Cela fait près d’une semaine qu’ils patientent, coincés dans la zone tampon qui sépare l’île de Chypre en deux. Vingt-sept migrants – afghans, camerounais, soudanais et iraniens – venant de la partie nord sous administration turque, sont bloqués là par les autorités du sud, qui refusent de les laisser entrer sur son territoire sans les autorisations nécessaires.
Le 4 juin, le président Nikos Christodulides a déclaré que son gouvernement était prêt à fournir toute aide humanitaire aux exilés, alors que le mercure affiche cette semaine près de 40 degrés. Mais le chef d’État a également prévenu que la zone tampon, contrôlée par l’ONU, « ne deviendra pas une nouvelle voie de passage des migrants illégaux ».
Le Haut-commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR) a assuré fournir au groupe – dont environ la moitié sont des femmes et des enfants – de la nourriture, de l’eau, des premiers soins et un abri. Le porte-parole de la force de maintien de la paix des Nations Unies à Chypre (UNFICYP), Aleem Siddique s’est dit néanmoins « préoccupé » par la situation, mercredi 5 juin. « L’accès à des procédures d’asile appropriées en vertu du droit national, européen et international est nécessaire », a-t-il affirmé à l’agence de presse chypriote.
Transférés de Chypre en Italie
Depuis quelques années, des milliers de candidats à l’exil choisissent cette île de la Méditerranée pour entrer dans l’Union européenne (UE). Beaucoup transitent par le nord, avant de traverser la Ligne verte pour le sud du territoire, membre de l’UE depuis 2004. Une fois cette ligne traversée, ces personnes demandent l’asile.
Les 27 migrants coincés actuellement dans la zone tampon n’ont, eux, pas pu faire valoir leur demande de protection.
En 2021, deux demandeurs d’asile camerounais, Grace Enjei et Daniel Ejuba, avaient été coincés eux aussi à cet endroit durant six mois. Ils avaient finalement été transférés en Italie avec quelques autres migrants par le pape François, à la fin de sa visite à Chypre.
La situation des 27 migrants intervient quelques jours avant les élections locales et européennes, où la migration est une question majeure sur l’île. En septembre, environ 200 Chypriotes ont défilé à Limassol, dans le sud de Chypre, pour protester contre la présence de ressortissants étrangers dans la ville. Des slogans racistes déclamés en début de manifestation, les participants sont rapidement passés aux actes.
Les vitrines des restaurants et des épiceries tenues par des non-Chypriotes ont été brisées, et des devantures de boutiques, brûlées par les cocktails Molotov.
Il y a quelques semaines, le gouvernement actuel s’est dit par ailleurs favorable au rapatriement des réfugiés syriens dans leur pays.
« La stabilité dans ce pays n’a pas été entièrement rétablie » mais « nous devons accélérer le processus et prendre toutes les mesures nécessaires pour créer les conditions qui permettraient le retour des personnes en Syrie », a déclaré le ministre chypriote de l’Intérieur, Constantinos Ioannou.
Depuis plusieurs mois, de nombreux bateaux chargés de migrants syriens accostent à l’est de l’île, en provenance du Liban pour la plupart. Début avril, 350 personnes avaient accosté en 48h, un record.
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