Malgré les moyens déployés pour empêcher les passeurs de faire embarquer les réfugiés sur des canots de fortune, le nombre de candidats à la traversée de la Manche ne cesse d’augmenter.
Des voitures sérigraphiées, camionnettes, buggy des forces de l’ordre patrouillent chaque nuit le long du littoral entre Dunkerque (Nord) et Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Des drones vrombissent au-dessus des dunes. Cette présence a permis le démantèlement de treize filières de passeurs entre France et Angleterre depuis janvier, affirme une note de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim) datée du 27 mai.
Huit d’entre elles étaient spécialisées dans le transport en « small-boats ».
Ces mauvaises copies de zodiacs, longues de 10 à 12 mètres, souvent acquises à bas prix et de piètre qualité, embarquent en moyenne une cinquantaine de migrants à leur bord.
Depuis les premiers passages par la mer recensés fin 2018, elles sont devenues le moyen numéro un des exilés pour rejoindre l’Angleterre, devant les tentatives de traversées clandestines à bord de camions.
« Les millions investis pour empêcher les exilés de partir n’empêchent rien »
Selon les derniers chiffres disponibles, diffusés par le gouvernement anglais, 574 personnes ont réussi à traverser la Manche à bord de small-boats durant la semaine du 20 au 26 mai, et 214 autres ont été empêchées de prendre la mer sur les plages françaises.
« Le principal danger est le nombre élevé de passagers. En mars, on a recensé jusqu’à 114 personnes sur une embarcation.
Il y a eu des morts, dont une enfant », remarque Alain Ledaguenel, secouriste de la Société nationale des sauveteurs en mer (SNSM) à Dunkerque et lanceur d’alerte sur les dangers encourus par les migrants dans la Manche.
À bord des small-boats, les Vietnamiens ont représenté la première nationalité arrivée en Grande-Bretagne entre janvier et avril, devant les migrants venus d’Afghanistan, de Syrie ou d’Iran.
Sur les quatre premiers mois de 2024, selon les autorités françaises, la moitié des candidats au départ ont réussi la traversée.
« Les millions investis pour empêcher les exilés de partir n’empêchent rien. À la fin ils passent, mais en prenant de plus en plus de risques », affirme Yann Manzi, cofondateur de l’association Utopia 56, qui organise chaque nuit des maraudes le long des côtes du Nord et du Pas-de-Calais.
L’ONG dénonce une recrudescence de l’usage par les forces de l’ordre de gaz lacrymogènes et tirs de LBD sur les plages.
L’Oltim, de son côté, affirme que « les violences (contre la police, ndlr) afin de protéger les trafiquants et d’empêcher la saisie du matériel nautique », déjà importantes ces derniers mois, ont pris de l’ampleur en avril.
lepariien