Le patron des Républicains (LR) Éric Ciotti a provoqué mardi un séisme dans son parti en annonçant que la droite avait « besoin d’une alliance » avec le Rassemblement national (RN) pour les législatives du 30 juin et 7 juillet. Une sortie saluée par Marine le Pen comme un « choix courageux ». De son côté, le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé qu’il mènerait « cette campagne » pour la majorité. Suivez en direct la situation politique française.
Les manœuvres politiques s’intensifient en vue des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, entre tentative d’union à droite comme à gauche et recherche d’un nouveau souffle pour la camp présidentiel.
Le patron des Républicains (LR) Éric Ciotti a ainsi provoqué un séisme au sein de son parti en appelant à rejoindre le Rassemblement national (RN), sans parvenir à entraîner avec lui pour l’instant d’autres dirigeants du parti, la plupart étant vent debout contre sa décision. En réaction, le président d’Horizons, Édouard Philippe, « tend la main » aux membres des LR opposés à une telle alliance.
De son côté, la nouvelle eurodéputée Marion Maréchal a déploré « un changement de position » du RN qui ne souhaite « aucune association directe ou indirecte avec Éric Zemmour ».
Le président français, Emmanuel Macron, s’exprimera pour sa part mercredi à la mi-journée au cours d’une conférence de presse où il « indiquera l’orientation qu’il croit juste pour la nation », a fait savoir son entourage.
Jordan Bardella temporise sur l’abrogation de la réforme des retraites
Le président du RN, Jordan Bardella, qui vise le poste de Premier ministre après les législatives anticipées, a renvoyé à plus tard une éventuelle abrogation de la réforme des retraites, n’en faisant pas sa priorité dans l’immédiat.
Le patron du parti de Marine Le Pen a expliqué mardi soir sur France 2 distinguer « l’urgence de l’importance », avec pour « priorité », le « pouvoir d’achat » et les « factures d’électricité ».
Dans un « second temps » seulement, il souhaiterait « évidemment » revenir sur la réforme Macron qui repousse à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, reconnaissant une « divergence » avec son nouvel allié de LR Eric Ciotti, favorable au récent report de l’âge légal.
« Il y aura un accord entre le Rassemblement national et Les Républicains » pour les législatives, avec « des dizaines » de députés LR qui seront « investis » ou « soutenus », a annoncé mardi Jordan Bardella lors d’un entretien au JT de 20H de France 2.
« J’ai lancé un appel à toutes les formations politiques patriotes autour du Rassemblement national qui veulent venir contribuer à cette majorité de redressement » et « je me félicite qu’Eric Ciotti (y) ait répondu favorablement », a poursuivi le président du RN en disant avoir « évidemment échangé » avec le patron de LR et « continuer de le faire dans les prochaines heures, et sans doute un peu plus tard dans la nuit ».
Interrogé sur l’échec de l’accord avec Reconquête, l’eurodéputé a expliqué que « les discussions avec Marion Maréchal n’ont pas abouti, car j’estime que les invectives et les positions très excessives d’Éric Zemmour ont rendu les conditions d’un accord caduques ».
« C’est moi qui mènerai cette campagne » pour la majorité, affirme Gabriel Attal
« C’est moi qui mènerai cette campagne » des élections législatives anticipées pour la majorité, a annoncé mardi sur TF1 le Premier ministre Gabriel Attal, qui avait jugé « soudaine » voire « brutale » la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale.
Gabriel Attal conduira la campagne « en tant que chef de la majorité, Premier ministre, avec l’identité qui est la (sienne) (…) c’est-à-dire toujours écouter les Français, même quand ça ne fait pas toujours plaisir ce qu’on entend, essayer de prendre des décisions concrètes, régler les problèmes », avec des « priorités »: « les grands services publics que sont la santé, l’école, le pouvoir d’achat et l’emploi, l’écologie ».
LFI dépose un recours au Conseil constitutionnel contre le gel des listes électorales
La cheffe des députés LFI Mathilde Panot annonce que son parti va déposer aujourd’hui un recours au Conseil constitutionnel contre le gel des listes électorales.
🚨 11 millions de personnes sont non ou mal inscrits sur les listes électorales.
Mais Macron veut une élection sans le peuple.
Nous déposons aujourd’hui un recours au Conseil constitutionnel contre le gel des listes électorales. pic.twitter.com/1gZKyLVeST
— Mathilde Panot (@MathildePanot) June 11, 2024
Les élections législatives anticipées ne sont « pas un référendum sur le président de la République » mais doivent permettre de « faire barrage aux extrémismes qui menacent des deux côtés », a estimé mardi le président du MoDem François Bayrou.
« Cette campagne n’est pas organisée pour faire un jugement ou un référendum sur le président de la République.
Ça a joué dans les européennes, j’entends bien. Mais cette fois, ce n’est pas la question. La question, c’est : est-ce que nous acceptons de voir l’idée de France dévoyée? », a-t-il déclaré sur BFMTV.
« D’abord, le 8 juillet (lendemain du second tour, NDLR), il faut éviter le pire » et « faire barrage aux extrémismes qui menacent des deux côtés », a résumé le maire de Pau, allié d’Emmanuel Macron.
La dissolution de l’Assemblée nationale annoncée dimanche par Emmanuel Macron accroît les risques et l’incertitude concernant la maîtrise budgétaire de la France, selon les agences de notation Fitch et Moody’s, cette dernière y voyant un risque pour la note.
Moody’s classe la France Aa2 avec perspective stable, un cran au-dessus des autres agences Fitch et S&P, qui la placent à AA- depuis respectivement 2023 et le mois de mai.
Le parti vainqueur des élections anticipées des 30 juin et 7 juillet « n’aura probablement pas de majorité absolue », relève Moody’s, puisqu’il faudrait à la majorité « une quarantaine de sièges supplémentaires », et au Rassemblement national « plus de 200 ».
Plusieurs poids lourds des Républicains ont revendiqué une « indépendance » de leur parti dans une tribune publiée dans Le Figaro.
« Aussi légitimes que soient les motifs de colère, donner un blanc-seing au Rassemblement national serait une profonde erreur qui ajouterait au désordre alimenté depuis des mois par l’extrême gauche et creuserait encore davantage les fractures au sein de notre nation », précise la tribune signée notamment par Gérard Larcher (président du Sénat), Bruno Retailleau (président du groupe LR au Sénat), Olivier Marleix (président du groupe LR à l’Assemblée), Laurent Wauquiez (président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes) ou encore Valérie Pécresse (présidente de la Région Île-de-France).
« La position exprimée par Éric Ciotti est une impasse, n’engage pas notre famille politique et ne représente en aucun cas la ligne des Républicains », conclut la tribune.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a jugé mardi « possible » une crise de la dette en France si le Rassemblement national (RN), donné favori des sondages pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, appliquait son programme.
« Jamais » depuis 2017, date de l’arrivée de Bruno Le Maire à son poste, hormis pendant la pandémie de Covid-19, « nous n’avions vu bondir l’écart de taux [d’emprunt, NDLR] entre la France et l’Allemagne aussi brutalement.
Si le RN applique son programme, une crise de la dette est possible en France », a estimé le ministre lors d’une réunion de lancement de la campagne électorale à Pacy-sur-Eure, dans son ancien fief électoral de l’Eure.
Édouard Philippe a déclaré mardi qu’il n’était « pas sûr qu’il soit complètement sain que le président de la République fasse une campagne législative » ; alors qu’Emmanuel Macron doit lancer celle de la majorité lors d’une conférence de presse mercredi, trois jours après avoir dissous l’Assemblée nationale.
Comme BFMTV lui demandait par ailleurs si les Français à qui il a parlé depuis dimanche avait compris cette décision présidentielle, le président d’Horizons a répondu : « Non. Ils n’ont pas compris. Et ça suscite chez eux, en tout cas chez ceux que j’ai rencontrés – et j’en ai rencontré quand même beaucoup depuis dimanche soir – de l’étonnement, de l’interrogation, parfois de la colère ».
« De la colère parce qu’il y a beaucoup de gens qui pensent que c’est un risque considérable de voir le RN accéder au pouvoir », a-t-il précisé.
La présidente PS de la Région Occitanie Carole Delga dit « oui au front populaire » en négociation entre les partis de gauche, mais « le plus large possible ».
Alors qu’un conseil national du PS est prévu mardi soir pour discuter de ces tractations, Carole Delga, opposante au patron du PS Olivier Faure et qui avait refusé l’alliance de gauche Nupes en 2022, estime que « face au péril de l’extrême droite, Macron met la France en danger. Je dis oui au Front populaire qui change la vie des gens en actes.
Un Front populaire ouvert et le plus large possible », a-t-elle écrit sur le réseau social X.
« J’y prendrai toute ma part avec ce que je suis : une femme libre, socialiste qui n’a jamais cédé ni aux sirènes macronistes, ni aux sirènes mélenchonistes », écrit-elle encore.
Sur France inter, elle a précisé que « dans les circonscriptions à risque », elle soutiendrait « celui qui peut battre l’extrême droite, que ce soit un candidat de droite comme un candidat insoumis ».
Face au péril de l’extrême-droite, Macron met la France en danger.
Je dis oui au Front populaire qui change la vie des gens en actes. Un Front populaire ouvert et le plus large possible. J’y prendrai toute ma part avec ce que je suis : une femme libre, socialiste qui n’a jamais…— Carole Delga (@CaroleDelga) June 11, 2024
Après l’annonce surprise de la dissolution provoquée dimanche 9 juin par le Président de la République, notre pays est aujourd’hui dans une situation de crise politique dont le pouvoir actuel et ses soutiens portent une très large part de responsabilité.
— François Baroin (@francoisbaroin) June 11, 2024
Interrogé sur BFMTV, Édouard Philippe, ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, s’est dit consterné par l’appel d’Éric Ciotti à nouer une alliance entre LR et le RN. « Je pense qu’il y a une dimension d’ambition personnelle, d’ambition niçoise », a-t-il déclaré.
« Il est assez évident que tous ceux qui veulent me rejoindre sont les bienvenus », a-t-il déclaré en réitérant son souhait de bâtir une « nouvelle majorité », qui selon lui ne doit pas être « la reproduction de l’architecture de la majorité telle qu’elle a été conçue en 2022 ».
Mardi, dans un communiqué qui ne cite aucun parti, tout en visant clairement des projets du RN et, pour faire bonne mesure, de LFI, le Medef a dit redouter les propositions de « certains », « allant du retour de la retraite à 60 ans à l’indexation automatique des salaires sur l’inflation, en passant par la sortie du nucléaire ou de l’énergie éolienne ».
« Elles se traduiraient immanquablement par une nouvelle dégradation de nos finances publiques et par des hausses d’impôt pour les ménages et les entreprises », a assuré le Medef, pointant aussi un risque « d’instabilité financière et de défiance de nos partenaires économiques ».
COMMUNIQUE | Pour une réussite économique française et européenne.#electionseuropeennes2024
Lire le communiqué : https://t.co/eOvhN0RtZE pic.twitter.com/3DY6ZBIlIr— Mouvement des Entreprises de France (@medef) June 11, 2024
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a appelé mardi les responsables des Républicains (LR) « à rejeter fermement tout accord électoral avec le RN » tel que prôné par le chef du parti Éric Ciotti, qui a été conspué dans l’après-midi par des étudiants juifs.
« Les Républicains n’auraient plus de républicain que le nom s’ils choisissaient de faire alliance avec le RN », a fustigé le président du Crif, Yonathan Arfi sur le réseau social X.
De leur côté, une dizaine de membres de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) se sont rendus vers 16 heures devant le siège de LR, brandissant des panneaux « De Gaulle n’est pas Le Pen », « Non à l’alliance avec le RN » ou encore « N’enterrez pas la Résistance ».
Le président de LR, qui sortait du bâtiment juste à ce moment pour gagner l’Assemblée nationale voisine, a été accueilli par des cris « Vous faites honte à l’histoire de votre parti », « honte à la compromission », « honte à Ciotti », « vive la République! » de la part des militants.
Mardi matin, Crif et UEJF avaient fait partie des institutions juives ayant dénoncé l’appel à des candidatures uniques à gauche pour les législatives, y voyant une « honte » et un « accord infâme » avec LFI qu’elles accusent d’antisémitisme.
#ciotti hué par des manifestants l’accusant de trahir le Gaullisme et de pactiser avec l’extrême droite.
Le chef des Républicains qui appelle à l’alliance avec le #RN parvient avec aide forces de l’ordre à se frayer un passage pour entrer dans l’assemblée nationale #f24 pic.twitter.com/U7YhhTrAC0— clovis casali (@cloviscasali) June 11, 2024
Le Pen prend la tête du bloc des droites. Reste-t-il une droite de résistance ? Il faut l'espérer. Les insoumis assument leurs responsabilités. Une nouvelle fois, ils jettent les rancunes à la rivière et construisent l'unité populaire. La France n'est pas condamnée à la peine de…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 11, 2024
Jean Garrigues, historien et professeur à l’université d’Orléans et à Sciences Po, analyse les tractations politiques qui se poursuivent mardi en France en vue des élections législatives anticipées.
« L’alliance annoncée entre Les Républicains et le Rassemblement national marque un tournant dans l’histoire de notre pays », jugent mardi les partis de gauche, dans un communiqué du « Nouveau Front Populaire », relayé notamment par le député LFI Manuel Bompard.
Communiqué du nouveau Front Populaire
L’alliance annoncée entre Les Républicains et le Rassemblement national marque un tournant dans l’histoire de notre pays.
Elle est malheureusement la consécration de la dérive continue de l’orientation politique de la droite française vers…
— Manuel Bompard (@mbompard) June 11, 2024
Marion Maréchal a déploré mardi « un changement de position » du Rassemblement national (RN) qui « refuse le principe même d’un accord » avec son parti, Reconquête, dans le cadres des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
« Malgré mes tentatives de négociation, le regrettable argument qui m’a été avancé [est] qu’ils ne souhaitent aucune association directe ou indirecte avec Éric Zemmour », a expliqué dans un communiqué celle qui dirigeait la liste zemmouriste aux européennes, en précisant que Jordan Bardella l’avait informée mardi après-midi de sa décision.