Les chaises musicales, un sport national ?

Alors que Bruno Genesio et Franck Haise étaient en concurrence pour devenir entraîneur de l’OGC Nice, Francesco Farioli s’est envolé vers l’Ajax Amsterdam. Après son passage à Reims, Will Still, qui rêve toujours de Premier League, s’est rapproché de l’Angleterre en signant à Lens. Un jeu des chaises musicales commun, mais qui prouve la difficulté des coachs français à s’exporter.

Les chaises musicales, un sport national ?
L’idylle entre Will Still et le Stade de Reims s’est terminée avec pertes et fracas en mai dernier après de longues semaines où l’entraîneur a fini par agacer, entre résultats moins probants et envie d’ailleurs. Le Belge était prêt à partir partout, mais surtout en Angleterre.

Sans jamais cacher sa volonté d’entraîner outre-Manche, il avait été pris la main dans le sac dès l’hiver en plein jeu de séduction avec Sunderland, prouvant ainsi qu’un transfert en deuxième division anglaise valait mieux à ses yeux qu’une éventuelle qualification européenne avec les Champenois.

Les Black Cats ont, depuis, changé de coach pour revenir à l’intérimaire Mike Dodds, sans pour autant solliciter de nouveau Still. Ce dernier s’est donc résolu à rester en Ligue 1, et c’est le RC Lens qui a mis le grappin dessus pour remplacer Franck Haise.

On prend les mêmes et on recommence
Depuis la fin de saison, trois clubs ont déjà vu leur banc bouger : l’OGC Nice, le LOSC et donc Lens. Après sept saisons chez les Sang et Or, entre la réserve et l’équipe première qu’il a menée en Ligue des champions, Franck Haise a surpris son monde en rebondissant directement du côté de Nice.

Le meilleur entraîneur du championnat lors de l’exercice 2022-2023 pallie le départ de Francesco Farioli à l’Ajax Amsterdam après une seule petite saison dans l’Hexagone, marquée par une cinquième place et un jeu restrictif.

L’ancien Lensois a été en concurrence avec Bruno Genesio, parti de Rennes en cours de saison pour, au bout du compte, succéder à Paulo Fonseca sur le banc de Lille. On s’y perd complètement, on retrouve les mêmes noms partout, mais on se rend aussi compte que les entraîneurs français sont toujours bloqués à la frontière.

À l’aube de la décennie 2010, Antoine Kombouaré remplaçait Paul Le Guen au PSG, Philippe Montanier filait ainsi à Valenciennes, Guy Lacombe posait ses valises à Monaco pendant que Frédéric Antonetti le remplaçait au Stade rennais et Didier Ollé-Nicolle – qui avait pris la place d’Antonetti à Nice – était remplacé lors de la saison 2009-2010 par… Éric Roy. Quinze ans plus tard, rien n’a vraiment changé.

Le jeu des chaises musicales est vieux comme le foot et n’est pas cantonné qu’aux limites franco-françaises quand on voit que Roy Hodgson a repris les rênes de Crystal Palace du haut de ses 75 ans ou que Thiago Motta devrait céder aux sirènes de la Juventus après sa belle aventure à Bologne.

Alors que les jeunes de l’élite ne se servent du championnat que comme tremplin pour partir vers l’étranger, ils ne sont jamais suivis par leurs coachs, largement minoritaires au-delà de l’Hexagone.

Willy Sagnol et Wilfried Nancy comme rares exemples
L’Italien Francesco Farioli, lui, n’a eu besoin que d’une saison pour taper dans l’œil de l’Ajax, alors que l’AC Milan ne devrait pas être refroidi par la tendance de Paulo Fonseca à glisser à l’approche de la ligne d’arrivée.

Les deux bonnes années du Portugais à la tête du LOSC lui ouvrent les portes d’un récent demi-finaliste de Ligue des champions alors que la France ne compte guère que Willy Sagnol, sur le banc de la Géorgie, Sébastien Desabre, sur celui de la RDC, et Wilfried Nancy, champion de MLS avec Columbus Crew, comme dignes représentants sur la scène internationale.

Didier Deschamps a régné sur le monde avec les Bleus, Zinédine Zidane a remporté trois C1 de suite au Real et Arsène Wenger a appris la langue de Molière à toute l’Angleterre, mais les exemples s’arrêtent bien souvent là.

On rabâche que les entraîneurs tricolores n’ont « pas la carte, pas le look » (dixit Bruno Genesio), « pas le réseau [mais] un concept concret » (selon Raymond Domenech) ou qu’ils souffrent d’une « tendance » qui bénéficie aux étrangers (pour Arsène Wenger), mais le résultat reste le même.

Longtemps coach français le plus coté du championnat, Christophe Galtier est monté jusqu’en haut en prenant les rênes du PSG, avant de chuter lourdement à l’étranger en n’attirant pas mieux qu’Al-Duhail SC, au Qatar. Récemment, seul Rudi Garcia, passé par la Roma, Al-Nassr, le Napoli, a eu du crédit (aujourd’hui effrité) à l’étranger.

Alors que les Portugais, les Allemands ou les Espagnols s’exportent aux quatre coins de l’Europe avec des résultats souvent remarqués, Franck Haise et Bruno Genesio représentent une nouvelle génération de techniciens français se heurtant, comme leurs aînés, à la frontière. En tant que Belge, Will Still reste rassuré puisqu’il possède encore toutes ses chances de rallier la Premier League.

sofoot

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