La recherche sur les nano-anticorps de camélidés pour lutter contre le coronavirus se poursuit. En Allemagne, de nouveaux anticorps particulièrement efficaces, même contre le variant Delta, ont été identifiés et pourront bientôt faire l’objet d’un essai clinique.
À l’Institut Max-Planck de chimie et de biophysique en Allemagne, les chercheurs ont de drôles de collègues. Britta, Nora, et Xenia sont trois alpagas élevés à l’Institut pour lutter contre la Covid-19. Les camélidés produisent des nano-anticorps, appelés aussi VHH, qui intéressent plusieurs universités à travers le monde. Les scientifiques voient en eux un potentiel traitement contre le SARS-CoV-2 et ses variants. Les recherches allemandes, parues dans The EMBO Journal, sont peut-être les plus abouties.
Les anticorps d’alpaga, une piste prometteuse
Les trois alpagas élevés par les scientifiques ont été immunisés avec le domaine S1 et le RBD de la protéine S du SARS-CoV-2 à raison d’une fois par semaine pendant cinq semaines. Leur sérum a été prélevé quatre jours après la dernière injection et les scientifiques ont pu y extraire les nano-anticorps spécifiques de la spicule du coronavirus.
Seuls, les plus performants se fixent à la protéine S avec une affinité 1.000 fois supérieure aux nano-anticorps précédemment isolés. De plus, les mutations portées par les variants Alpha, Bêta, Gamma et Delta ne semblent pas affaiblir cette liaison. Mais leur potentiel peut être décuplé si plusieurs nano-anticorps sont combinés par deux, pour former des tandems, ou par trois, les triades.
L’union fait la force
En tandem, deux nano-anticoprs avec des cibles différentes sont combinés pour masquer le plus d’épitopes sur la protéine S. Les triades sont encore plus redoutables. Trois nanoanticorps à la structure identique mais avec des cibles différentes sont assemblés : « Cela crée une liaison virtuellement irréversible. Le trio ne permet pas la libération de la protéine S et neutralise le virus jusqu’à 30.000 fois plus qu’avec un nano-anticorps seul », explique Thomas Güttler, un scientifique de l’Institut Max-Planck. Autre avantage, les triades persistent plus longtemps que les nano-anticorps isolés dans l’organisme avant d’être éliminés par l’urine.
Qu’ils soient seuls, à deux ou à trois, les nano-anticorps sont efficaces à très faible dose pour bloquer l’infection du SARS-CoV-2, de l’ordre du nanomolaire, voire du picomolaire pour les plus affins. S’ils sont impressionnants lors d’expériences in vitro, les nano-anticorps doivent encore faire leur preuve dans des essais cliniques où leur efficacité et leur sureté seront éprouvées.
« Nous voulons tester les nano-anticorps le plus tôt possible pour une utilisation sûre en tant que médicament pour qu’ils puissent bénéficier à ceux qui ont des formes graves de la Covid-19 et à ceux qui ne sont pas vaccinés ou qui ne peuvent pas développer une immunité protectrice », affirme Matthias Dobbelstein, scientifique à l’Université de médecine de Göttigen, qui a collaboré à ce travail.
Ces nano-anticorps sont faciles à produire et résistent à des hautes températures, jusqu’à 95 °C pour certains, ce qui facilite leur distribution et leur stockage. Les scientifiques envisagent de les administrer par inhalation pour qu’ils agissent directement dans les voies respiratoires supérieures
Source: titrespresse
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