LÉGISLATIVES: LA FRANCE A-T-ELLE VRAIMENT « PERDU UN TRIMESTRE DE CROISSANCE » À CAUSE DE LA DISSOLUTION?

Si la CPME estime que la dissolution coûtera au moins un trimestre de croissance à l’économie française, il est encore bien trop tôt pour en mesurer les répercussions avec précision. Les économistes s’accordent néanmoins pour dire que l’incertitude politique incitent les chefs d’entreprise à temporiser leurs investissements.

Pour François Asselin, « dans tous les cas, on a perdu. » Invité sur BFM Business mercredi 3 juillet, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a assuré que la dissolution décidée par Emmanuel Macron aura de lourdes conséquences économiques quel que soit le résultat.

« On a perdu déjà un trimestre de croissance », a-t-il anticipé, expliquant que dans un contexte politique aussi « peu lisible », les entrepreneurs se mettent « en mode ‘pause' » en suspendant les investissements comme les recrutements.

La déflagration provoquée par la dissolution a-t-elle été si forte au point de mettre l’économie française à l’arrêt? Ce qui est certain, c’est que cela génère « beaucoup d’incertitudes » chez les chefs d’entreprise qui peuvent effectivement être amenés à retarder certains projets, souligne sur BFM Business Xavier Jaravel, professeur à la London School of Economics. Pour autant, « c’est difficile de quantifier un effet sur la croissance », indique-t-il.

L’activité recule dans le secteur privé
Si le brouillard politique dans lequel est plongé la France aura sans doute un impact sur l’activité économique, il est encore trop tôt pour en mesurer l’ampleur. Affirmer que la dissolution anéantira trois mois de croissance semble à cet égard pour le moins précipité.

Contacté par BFM Business, l’Insee rappelle que les données qui apporteront des informations sur le comportement des ménages et des entreprises depuis l’annonce de la dissolution sont actuellement en cours de collecte. Ces enquêtes ne seront publiées que le 25 juillet.

C’est à cette date « que nous aurons une première indication de l’effet potentiel de cette séquence électorale », souligne l’institut de la statistique.
Un indicateur avancé publié mercredi par l’agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB) nous apporte toutefois un premier élément de réponse. Cet indicateur, c’est l’indice PMI Flash. Son rôle est de prédire les futures tendances économiques en interrogeant plusieurs entreprises. Au moins de juin, l’indice PMI Flash de la France a accusé un recul à 48,2, après 48,9 en mai. Un indice supérieur à 50 témoigne d’une augmentation de l’activité du secteur privé, un chiffre inférieur à ce seuil reflète à l’inverse un tassement.

Le contexte politique est-il en cause? Les entreprises interrogées « attribuent principalement cette baisse des niveaux d’activité à une diminution du nombre de clients et à la baisse des nouvelles affaires », expliquent S&P et la HCOB mais « d’autres ont également imputé cette tendance aux élections législatives ». À noter toutefois que l’indice PMI Flash avait déjà accusé un recul en mai, soit avant l’annonce de la dissolution, dans un contexte de ralentissement général de l’activité tricolore depuis plusieurs mois.

L’impact des élections sur l’activité économique
L’Insee a déjà tenté d’évaluer l’effet « période électorale » sur les comportements des acteurs économiques. Ses différentes enquêtes réalisées les années d’élections présidentielles et législatives depuis 1988 (y compris anticipées de 1997) ont montré que la confiance des ménages sur le niveau de vie, leur situation financière personnelle ou encore le chômage augmentait significativement dans le mois précédent le scrutin, même si cet effet n’était que de « courte durée ».

Un regain d’optimisme qui ne s’observait pas auprès des entreprises pour lesquelles « nous n’avons pas constaté par le passé d’effet marqué des périodes électorales », note l’Insee.

Difficile pour autant de comparer les périodes électorales des précédentes années avec ces élections législatives 2024 qui s’inscrivent dans un contexte politique particulier et devraient aboutir sur un scénario qui ne saurait, quoi qu’il arrive, contenter les entreprises.

bmftv

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