Au Nigeria, Gwoza peine à se remettre du triple attentat de ce week-end qui a fait 32 morts et une centaine de blessés. Pourtant, la vie semblait avoir repris son cours normal sur place suite au mouvement impulsé notamment par l’État de Borno dans cette ville martyre reprise par l’armée nigériane, avec l’aide la force conjointe multinationale.
Des dizaines de milliers d’habitants sont revenus ces trois dernières années dans l’ex-capitale du Califat autoproclamé par Boko Haram de 2014 à 2015. Comme dans de nombreuses localités du nord-est du Nigeria, le Programme alimentaire mondial apporte aux habitants de Gwoza du soutien alimentaire et une assistance financière pour accompagner leur retour dans leur communauté.
Mais les attentats du week-end dernier font craindre de nouveaux déplacements de population.
À Gwoza, le couvre-feu imposé par l’armée nigériane est levé depuis mardi dernier. Pourtant, Chi Lael, la porte-parole du Programme alimentaire mondial au Nigeria craint les effets de ce triple attentat sur les habitants. « Une chose aussi simple qu’aller au marché devient une question de vie ou de mort parce qu’ils ne savent pas s’ils vont être pris pour une cible. Ils peuvent très bien perdre leur vie », explique-t-elle.
Longtemps occupée par le groupe armé Boko Haram, Gwoza a vu depuis le retour de dizaines de milliers de déplacés, en majorité des agriculteurs.
À cause de l’attentat de ce week-end, beaucoup de personnes n’osent plus aller cultiver leur champ, comme l’observe déjà Chi Lael : « Des régions comme le nord sont censées être les zones productives du Nigeria. La production alimentaire de cette zone est nécessaire pour nourrir l’ensemble du pays.
Si on ne pratique plus l’agriculture dans le nord du Nigeria, nous avons des millions de personnes qui souffrent de la faim. »
Et selon le PAM, cette année, la crise alimentaire pourrait concerner 32 millions de Nigérianes et Nigérians, avec comme conséquence notamment de l’insécurité dans le nord-est mais surtout dans le nord-ouest du pays.
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