L’hormone GLP-1, déjà utilisée dans le diabète et l’obésité, prometteuse contre Alzheimer… semble aussi montrer des effets intéressants chez les personnes porteuses du VIH.
Après le diabète, l’obésité et les maladies neurodégénératives comme Alzheimer, le GLP-1 pourrait bien améliorer la vie des personnes séropositives. Cette molécule, commercialisée sous le nom de Wegovy pour l’obésité et Ozempic pour le diabète, imite une hormone appelée le glucagon-like peptide 1. Elle participe à la baisse des niveaux de sucre dans le sang et aide à contrôler l’appétit.
De nouveaux travaux, présentés début mars 2024, semblent également montrer une action positive chez les personnes porteuses du VIH.
La surcharge de graisse entraîne des lésions dans le foie
Tout comme dans la population générale, le nombre de personnes séropositives en surpoids devient de plus en plus important. D’autant plus que les thérapies antirétrovirales ont été associées avec une accumulation anormale de graisse abdominale, ce qui rend les patients séropositifs encore plus à risque que les autres.
Environ 30 à 40% des personnes porteuses du VIH sont affectées par une dysfonction métabolique, appelée la stéatose hépatique, qui se caractérise par une accumulation de graisse dans le foie. Plus la maladie progresse et plus le risque d’insuffisance hépatique et de maladies cardiaques est élevé.
Concrètement, la surcharge de graisse entraîne des lésions dans le foie, au point de l’empêcher de fonctionner correctement.
Ce qui peut mettre gravement en danger la vie du patient. « On sait que les personnes séropositives présentent des formes de maladie du foie gras plus agressives que les autres », confirme Jordan Lake, spécialisée dans les maladies infectieuses à l’Université du Texas (Etats-Unis), dans la revue Nature.
Moins de graisse autour du foie et sur l’abdomen
Pour l’instant, aucun médicament n’a été approuvé pour traiter ce problème. Mais l’hormone GLP-1 semble être prometteuse. Dans un essai clinique mené chez 222 personnes séropositives recevant un traitement contre le VIH, l’utilisation de cette molécule a été associée avec une perte de poids moyenne de 6,5 kilogrammes sur un an, soit environ 5,7% du poids d’origine des participants.
Avec une injection toutes les semaines pendant six mois, 29% des patients se sont totalement rétablis de leur stéatose hépatique.
Une réduction « impressionnante et significative en un temps aussi restreint », se félicite le Dr Lake. Seul point négatif : les malades les plus âgés, de 60 ans ou au-delà, ont montré une perte musculaire, ce qui demande un suivi spécialisé.
Au-delà du foie, l’hormone semble capable d’éliminer significativement la graisse abdominale chez les personnes séropositives.
C’est en tout cas ce que semble montrer un essai mené cette fois chez les personnes souffrant de lipohypertrophie, une anomalie de la répartition du tissu graisseux. « La graisse abdominale, associée à une inflammation élevée dans le corps, entraîne un risque cardiométabolique plus élevé », précise Allison Eckard, de l’Université médicale de Caroline du Sud.
Même chez les personnes dont le VIH est bien contrôlé, un état d’inflammation chronique peut s’installer.
Cette inflammation peut engendrer toutes sortes de maladies dans les organes, le cœur, les reins mais aussi le cerveau ou le foie. Pour les participants de cet essai, les marqueurs d’inflammation dans le sang (les protéines C réactives) avaient baissé de 40% par rapport aux participants qui n’ont pas eu accès à la molécule.
Ces données, qui sont pour le moment préliminaires, demandent à être confirmées par de futurs essais cliniques plus larges.
Mais si GLP-1 venait à confirmer son efficacité dans ce domaine, il pourrait bien devenir un traitement clé dans le contrôle des maladies métaboliques induites par les médicaments antirétroviraux chez les personnes porteuses du VIH.
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