Et si le monde était plus vert et plus équitable ? Cécile Ndjebet ne se contente pas de poser la question ; elle travaille activement à la concrétisation de la réponse.
« Les femmes sont à l’origine des efforts de conservation sur le terrain ; elles restaurent les écosystèmes dégradés et rétablissent la biodiversité. Malheureusement, cette reconnaissance n’est pas suivie d’actions gratifiantes », déplore Cécile Ndjebet.
Fondatrice de l’ONG Cameroun Écologie et cofondatrice du Réseau des femmes africaines pour la gestion communautaire des forêts (REFACOF), Mme Ndjebet a consacré plus de trois décennies à la conservation de l’environnement, en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes et la restauration des écosystèmes dégradés.
Une vie ancrée dans la nature
Le parcours de Ndjebet a commencé dans les forêts du Cameroun, où ses premières expériences avec sa mère et sa soeur lui ont inculqué un profond respect pour la nature.
« À l’âge de cinq ans, je pouvais me déplacer seule dans la forêt pour ramasser des champignons, des feuilles et du bois de chauffage », se souvient-elle. « Tout ce que je suis aujourd’hui vient de ce que j’ai vécu en grandissant. Les forêts nous ont tout donné, et je voulais m’assurer qu’elles le restent pour les générations futures ».
Ce lien intime avec la forêt lui a permis de découvrir non seulement les richesses qu’offre la nature, mais aussi les pratiques durables qui la protègent. Son amour pour l’environnement s’est accompagné d’une volonté farouche de soutenir et de défendre les femmes de son village, qui sont confrontées à de nombreux défis quotidiens.
Cécile Ndjebet, Fondatrice de l’ONG Cameroun Écologie et cofondatrice du Réseau des femmes africaines pour la gestion communautaire des forêts (REFACOF).
Inspirée par une figure emblématique mondiale
C’est après avoir rencontré feu le professeur Wangari Maathai, lauréate du prix Nobel et militante écologiste, en 2009, que le parcours professionnel de Mme Ndjebet a pris un tournant. Leur rencontre a eu un impact profond, renforçant son engagement en faveur de la gestion de l’environnement et de l’autonomisation des femmes.
« Le professeur Maathai croyait profondément au pouvoir des femmes pour restaurer les paysages africains », explique Mme Ndjebet, qui a suivi une formation d’agronome et de forestière sociale et qui est titulaire d’un master en foresterie sociale de l’université agricole de Wageningen, aux Pays-Bas. « Elle pensait que seules les femmes pouvaient aider à retrouver la verdure des paysages africains, détruits par les pratiques non durables et irresponsables de l’homme.
S’inspirant des paroles de Mme Maathai, Mme Ndjebet a depuis lors mobilisé d’innombrables femmes africaines pour planter des arbres, restaurer les écosystèmes et lutter pour leurs droits fonciers.
Son plaidoyer en faveur des écosystèmes des zones humides comprend le fer de lance des efforts de restauration des forêts de palétuviers et d’autres zones humides. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de campagnes plus larges, alignées sur la convention de Ramsar sur les zones humides, qui souligne l’importance des zones humides pour l’écologie mondiale et les moyens de subsistance locaux.
Cette promotion des idéaux de la Convention sur les zones humides a permis à Mme Ndjebet d’être sélectionnée pour faire partie de la cohorte inaugurale 2024 de la campagne Women Changemakers in the World of Wetlands (Femmes acteurs du changement dans le monde des zones humides).
Menée par la Convention sur les zones humides, cette campagne met en lumière les rôles et contributions fondamentaux des femmes du monde entier dans la préservation, la gestion et la sauvegarde des zones humides.
« La conservation doit avoir un visage humain, qui inclut les femmes, les hommes et les jeunes », déclare Mme Ndjebet. Les communautés locales « s’approprient » plus facilement leurs actions et s’engagent lorsque leurs intérêts et leurs préoccupations sont pris en considération et qu’elles participent à la prise de décision et au partage des bénéfices.
Surmonter les défis
Malgré les progrès réalisés jusqu’à présent, M. Ndjebet estime qu’il reste des défis à relever. Convaincre les communautés d’adopter des pratiques durables nécessite une éducation et un engagement constants afin de modifier des comportements établis de longue date, mais elle ne se laisse pas décourager.
« C’est à force de persévérance que nous avons réussi à restaurer des centaines d’hectares d’écosystèmes de palétuviers dégradés », affirme-t-elle. « Le principal défi consiste à convaincre les gens de changer leur comportement et leurs pratiques… la conservation nécessite encore beaucoup d’information, de sensibilisation et d’éducation.
Ses initiatives mettent l’accent sur la confiance et la prise de décision en collaboration, afin que les efforts de conservation soient non seulement efficaces, mais aussi équitables.
« Les communautés locales sont plus susceptibles d’adhérer à la conservation lorsque leurs besoins et leurs voix sont au coeur du processus », explique Mme Ndjebet, qui souligne que cette approche inclusive garantit que les communautés locales ne sont pas seulement des participants, mais aussi des leaders dans les efforts de conservation.
Un héritage d’autonomisation et de conservation
Grâce à son leadership au sein du REFACOF et de diverses plateformes mondiales, Mme Ndjebet a non seulement influencé les politiques, mais elle a également donné aux femmes les moyens de diriger. Son travail a été reconnu au niveau international et lui a valu plusieurs prix prestigieux, dont le prix Wangari Maathai et le prix Champion de la Terre des Nations unies.
Alors que Mme Ndjebet poursuit ses recherches doctorales sur les relations hommes-femmes et l’accès à la terre dans les zones rurales du Cameroun, son travail prouve qu’il est possible d’intégrer l’égalité des sexes dans les stratégies de conservation de l’environnement.
« L’autonomisation des femmes est essentielle pour parvenir à un développement durable et à une bonne gestion de l’environnement », affirme-t-elle. «
La vision de Ndjebet pour une planète plus verte et plus équitable trouve un large écho, mais elle a besoin de la reconnaissance et du soutien de toutes les femmes et de tous les hommes pour transformer ces idéaux en actions tangibles et en changements durables.
Cette histoire fait partie d’une série de collaboration entre la Convention sur les zones humides et Afrique Renouveau.
Africa Renewal.