Poursuivi pour des faits d’« atteinte au crédit de l’Etat », « outrage à magistrat » et « diffusion de propos mensongers de nature à perturber la paix sociale », Boubacar Karamoko Traoré, proche collaborateur du Premier ministre malien, Choguel Maïga, qui avait été interpellé et placé en détention, le 28 mai dernier, a été situé sur son sort le 8 juillet 2024.
Il a donc été condamné par le pôle de lutte contre la cybercriminalité du Tribunal de Bamako, à un an de prison ferme. On lui reproche d’être signataire d’un document émanant de la faction du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), restée fidèle au chef du gouvernement.
En d’autres termes, il avait eu le tort de signer, au nom de la formation politique dont il fait partie, un document demandant le retour des civils au pouvoir.
C’est donc sa ferme opposition au maintien des militaires au pouvoir pendant quelques années supplémentaires, qui lui vaut cette condamnation. Il faut le dire. C’est courageux de sa part d’avoir exprimé une telle opinion sous un régime où les voix dissidentes ne sont pas acceptées, où les expressions d’opposition sont devenues exceptionnelles, surtout que lui-même faisait partie du système. En fait, cette prise de position montre qu’il n’est plus en phase avec la junte au pouvoir depuis que cette dernière a clairement affiché ses ambitions.
Le chef du gouvernement se retrouve face à un dilemme
La condamnation de ce proche, constitue une situation embarrassante pour Choguel Maïga dont il était le conseiller à la Primature. Suite à ce feuilleton politico-judiciaire, comment réagira le chef du gouvernement ? Et quid de son avenir politique ? Surtout que depuis un certain temps, Choguel ne semble plus faire l’unanimité au sein du M5-RFP ; ce qui a entrainé la dislocation de ce mouvement politique.
Va-t-il démissionner pour ne pas perdre la face ?
Où va-t-il avaler la couleuvre pour préserver son portefeuille ? On attend de voir. De toute évidence, le chef du gouvernement se retrouve face à un dilemme. Puisqu’en soutenant son collaborateur, il ne sera pas compris par les militaires. Mais s’il se claquemure dans le silence dans le but de préserver ses privilèges, il aura trahi un camarade politique.
En attendant, tout porte à croire que le locataire de la Primature au Mali est dans une quadrature du cercle d’où il lui sera difficile de sortir indemne politiquement.
LEPAYS