Les règles influencent-elles les performances des sportives ?

Détaillée lors d’une conférence de presse, une enquête menée auprès des équipes féminines de rugby participant aux Jeux Olympiques 2024 révèle des réalités importantes concernant les règles des sportives.

“75 % des athlètes interrogées ont vécu des expériences négatives liées à leurs règles, explique la Dr Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’INSEP. Pour 20 % d’entre elles, les règles étaient trop abondantes, tandis que 44 % ont ressenti des douleurs et des inconforts perturbant leur entraînement.”

De plus, beaucoup ont signalé souffrir du “syndrome prémenstruel, incluant fatigue, manque d’énergie, ballonnement, prise de poids et irritabilité, affectant ainsi leurs performances et leur bien-être”. Seulement 54 % des jeunes femmes ont discuté de ces problèmes avec des médecins.

Une évolution dans la prise de conscience est en cours
Traditionnellement, les sportives de haut niveau évitaient de mentionner les impacts potentiels de leurs règles sur leurs performances, mais une évolution dans la prise de conscience est en cours, comme l’indique une étude, encore sous embargo du grand public, sur les équipes de rugby féminin.

Pour mieux accompagner les sportives, “des ateliers de sensibilisation ont été organisés dans plusieurs CREPS entre octobre 2022 et février 2024. Ces séances ont abordé divers sujets, notamment la gestion des règles abondantes, des douleurs menstruelles, et des stratégies pour gérer le syndrome prémenstruel.

Des consultations individuelles sont également disponibles pour répondre aux besoins spécifiques des athlètes”.

Au cours des ateliers de sensibilisation, les jeunes athlètes apprennent à évaluer l’abondance de leurs règles. Elles sont invitées à répondre à des questions simples : combien de jours durent vos règles ? Combien de fois par jour changez-vous de protection ?

Ressentez-vous de la fatigue ou d’autres signes d’anémie, même légers ?

Si cette évaluation révèle que la sportive présente des règles abondantes, un bilan biologique est recommandé, accompagné parfois d’une échographie pelvienne pour examiner la muqueuse utérine. Une muqueuse épaisse peut indiquer un déséquilibre hormonal, avec une relative hyper-œstrogénie et un déficit en progestérone par rapport à la sécrétion d’œstrogènes.

Pour corriger ce déséquilibre, des traitements hormonaux sont souvent prescrits, comme la progestérone pendant la deuxième partie du cycle, administrée sur une durée de 10 à 15 jours. Parfois, un médicament peut être ajouté pour limiter les saignements menstruels. Il est important d’éviter certains contraceptifs qui peuvent aggraver le volume des règles. En cas d’anémie, une supplémentation en fer est souvent nécessaire.

“Beaucoup de jeunes sportives demandent parfois à décaler leurs règles pour éviter de les avoir le jour d’une compétition importante.

Des études montrent que moins de la moitié des sportives expriment ce souhait de manière générale.” Ce besoin est particulièrement marqué chez celles pratiquant des activités aquatiques, de la gymnastique et du patinage artistique. Par exemple, une enquête menée auprès de jeunes danseuses de l’Opéra de Paris a révélé que près de “45% d’entre elles consultent un médecin pour éviter d’avoir leurs règles lors de représentations importantes”.

Pour répondre à cette demande, lorsque la sportive prend un contraceptif œstroprogestatif, il suffit de lui recommander de ne pas faire la pause habituelle entre chaque plaquette et de prendre la pilule en continu. Si elle n’utilise pas la pilule, il est possible de prolonger son cycle en lui prescrivant de la progestérone jusqu’à la fin des représentations.

Le syndrome RED-S
L’absence de règles est fréquente chez les sportives et peut causer des problèmes sérieux. Le syndrome RED-S, dû à un déséquilibre entre l’alimentation et l’entraînement, se manifeste par l’arrêt des règles pendant plusieurs mois. Cela affecte les muscles, augmentant les risques de blessures, et affaiblit les os, augmentant le risque de fractures.

Les sportives concernées, comme celles en gymnastique ou en course à pied, doivent être conscientes de ces risques et envisager un traitement pour rétablir leurs règles et protéger leur santé globale.

Les performances sportives peuvent varier selon le moment du cycle menstruel.
Les œstrogènes, “hormones qui favorisent le gain de masse musculaire pendant l’entraînement, fluctuent tout au long du cycle. Leur taux est au plus bas pendant les règles, puis augmente après jusqu’à l’ovulation, ce qui peut améliorer les performances et renforcer les muscles de manière plus efficace.”

L’impact du cycle sur les performances est très individuel : certaines femmes remarquent une différence, d’autres non. Par exemple, certaines sportives ont remporté des médailles d’or même en ayant leurs règles. En plus des ateliers de sensibilisation, les jeunes sportives peuvent maintenant bénéficier d’un accompagnement individuel par consultation ou téléconsultation pour répondre à leurs questions spécifiques.

“Les médecins des équipes sportives féminines et les entraîneurs sont mieux formés pour aborder ces sujets, ce qui encourage les jeunes athlètes à parler de leurs problèmes et à trouver des solutions adaptées.”

pourquoidocteur

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