Ancien disciple de Martine Aubry et de François Hollande, le député de la 11e circonscription de Seine-et-Marne dirige le Parti Socialiste depuis plus de 5 ans.
Peut-il être le Premier ministre qui met tout le monde d’accord ? Depuis le deuxième tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, qui a débouché sur une courte victoire du Nouveau Front Populaire (NFP), les tractations et les rumeurs vont bon train autour du nom du futur Premier ministre et sur la composition de son gouvernement.
Si le camp présidentiel ne cesse de rappeler ces derniers jours que le choix du prochain chef du gouvernement revient en premier lieu à Emmanuel Macron, ce dernier va tout de même devoir composer avec une Assemblée où aucune majorité absolue ne se dégage et qui a malgré tout le pouvoir d’invalider le Premier ministre qui sera finalement désigné.
Faure se positionne
Parmi les possibilités de sortie de crise, le président de la République pourrait donc choisir un nom susceptible d’être accepté à la fois par l’union de gauche et par son propre camp. Dans cette optique, les noms de plusieurs membres du Parti Socialiste (PS) ont été mentionnés parmi les « premier-ministrables ».
Tête d’affiche du PS depuis plusieurs années en tant que premier secrétaire, Olivier Faure figure parmi ces candidats plus ou moins déclarés. Interrogé sur le sujet ce mercredi 10 juillet, le député de la 11e circonscription de Seine-et-Marne a d’ailleurs affirmé qu’il était « prêt à assumer » la fonction de Premier ministre.
Elections législatives : Olivier Faure (PS) se dit « prêt à assumer » la fonction de Premier ministre
Double culture
Né en 1968 dans le département de l’Isère, Olivier Faure est le fils d’un agent des impôts français et d’une infirmière de nationalité vietnamienne. Comme il l’a lui même raconté à Paris Match, cette double culture s’exprimait aussi sur le terrain politique, entre une « famille paternelle d’extrême-droite » et un grand-père maternel ministre « dans un gouvernement viet-minh au lendemain de la chute de Dien Bien Phu ».
Passionné très tôt par la chose publique, Olivier Faure est ainsi entré au PS à l’âge de 16 ans.
Alors qu’il suit des études universitaires de droit économique, puis de sciences politiques, son engagement s’affermit et il se retrouve à 23 ans à la tête des jeunes rocardiens, un mouvement de centre-gauche où il prend la succession d’un certain Manuel Valls, d’après Libération.
Un professionnel de la politique
Après une brève expérience en tant que cadre dirigeant dans une PME entre 1993 et 1997, Olivier Faure embrasse définitivement une carrière de professionnel de la politique. Il rejoint ainsi l’équipe de Martine Aubry au ministère de l’Emploi en 1997 et participe à la mise en place de la loi des 35 heures. En 2000, il devient directeur adjoint du cabinet de François Hollande à la tête du PS.
Il accompagnera et conseillera ensuite le premier secrétaire Hollande jusqu’en 2007 et à la défaite de Ségolène Royal à la présidentielle. Candidat malheureux aux législatives cette année-là, Faure intègre tout de même l’Assemblée nationale en qualité de secrétaire général du groupe socialiste, présidé par Jean-Marc Ayrault.
Membre de l’équipe de campagne de François Hollande en 2012
De plus en plus incontournable au sein de la branche « hollandiste » du PS, il retrouve ensuite son mentor pour la campagne des primaires socialistes de 2011. Chargé de la communication de François Hollande à cette occasion, il devient ensuite l’expert « opinion » du candidat socialiste pendant la campagne présidentielle de 2012.
Après la victoire de François Hollande, Olivier Faure se présente de nouveau aux élections législatives en Seine-et-Marne et s’impose au deuxième tour face à la candidate UMP. Il a depuis été réélu à trois reprises, triomphant notamment dès le premier tour lors des législatives anticipées de 2024.
Désaccords sur la déchéance de nationalité et la loi travail
Pendant le quinquennat de François Hollande, Olivier Faure a continué à gravir les échelons au sein du PS, dont il est devenu l’un des porte-paroles en 2014. L’Isérois a aussi marqué son désaccord avec certaines prises de position du président Hollande, s’opposant notamment en 2015 au projet de loi sur la déchéance de nationalité, comme le signalait feu Le Lab d’Europe 1.
D’après Libération, Faure aurait également, à l’époque où son parti était au pouvoir, prêché pour trouver des terrains d’entente avec les syndicats sur les réformes économiques très contestées (notamment la loi Travail), sans réussir à infléchir les décisions gouvernementales sur ces sujets.
« L’unique enfant de François Hollande et Martine Aubry »
Après la débâcle du PS à la présidentielle de 2017 (Benoît Hamon éliminé au premier tour avec 6,36% des suffrages exprimés), Olivier Faure s’est imposé comme l’un des seuls cadres du parti encore debout dans la tempête. Refusant tout accord avec le parti d’Emmanuel Macron En Marche, il gagne en notoriété et est élu en mars 2018 premier secrétaire du PS sur la promesse d’une « opposition intelligente », comme le rapporte à l’époque Europe 1.
Réélu en 2021 à la tête du parti, celui qui se présente parfois en plaisantant comme « l’unique enfant de François Hollande et Martine Aubry » plaide alors en interne pour un rapprochement avec d’autres formations de gauche dans la perspective de la présidentielle de 2022. Le PS se fixe finalement sur la candidature d’Anne Hidalgo et connaît un nouvel échec, encore plus retentissant (1,74% des voix au premier tour).
La stratégie de l’union requinque le PS
Au lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron, les partis de gauche s’entendent pour s’unir au sein de la NUPES. Très actif au cours des négociations, Olivier Faure est la cible de critiques au sein du PS, où certains membres de l’aile droite lui reprochent de s’allier avec La France Insoumise.
La stratégie du premier secrétaire permet toutefois au parti de sauver les meubles en conservant une trentaine de députés.
Malgré des remous internes, Faure garde ensuite la tête du PS pendant les deux années suivantes et se retrouve donc, après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, de nouveau au cœur des négociations avec les autres partis de gauche, qui aboutiront cette fois au NFP. Là encore, la stratégie de l’union est un succès pour le PS, qui double quasiment son nombre de députés par rapport à 2022, selon le Nouvel Obs.
gala