Initialement prévue en mai 2020, puis reportée à plusieurs reprises jusqu’en 2022, la 15ème Conférence des Parties sur la diversité biologique porte une lourde ambition : dresser la feuille de route mondiale à suivre en matière de biodiversité dans le Post-2020 Global Biodiversity Framework, dans le but de garantir la préservation et la durabilité des écosystèmes. Si le lancement de la COP15 est maintenu pour octobre 2021, les phases de négociations entre Etats ont finalement été reportées pour le printemps 2022. L’Organisation des Nations unies (ONU) a publié une première version draft du Post-2020 Global Biodiversity Framework qui devra être discuté à cette occasion.
Lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, plusieurs traités internationaux inédits sont adoptés, encadrant la coopération internationale en matière de protection de l’environnement : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC), la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD), et la Convention sur la diversité biologique (CDB). Cette dernière a donné lieu à une Conférence des parties qui doit se réunir tous les deux ans pour orienter la coopération internationale en matière de protection de la biodiversité, sous l’égide de l’ONU, sur le même modèle que les COP sur le climat.
En mai 2020, c’est la 15ème Conférence des parties sur la diversité biologique qui devait se tenir à Kunming, en Chine, avec pour objectif de donner le cadre global de la stratégie biodiversité pour la décennie actuelle 2020-2030. La propagation du COVID-19 et les conséquences sanitaires qui en ont suivi ont contraint les organisateurs de cette COP15 à la reporter à plusieurs reprises, jusqu’en octobre 2021. Alors que des rumeurs ont couru au début du mois de juillet sur son possible report à 2022, il semblerait que la session soit finalement maintenue en format dématérialisée du 11 au 24 octobre 2021, suivie d’une session de négociations qui réunira les représentants des Etats au début d’année 2022, d’après un article publié récemment par Euractiv.
Enjeux et objectifs
Le défi est d’autant plus important que le bilan de la précédente stratégie, qui avait été élaborée lors de la COP10 avec les objectifs d’Aichi, a été largement insatisfaisant. Sur les 20 objectifs qui avaient été retenus en 2010, aucun n’a été atteint, d’après un rapport d’évaluation publié par l’ONU en 2020. Face à ce constat, et dans le contexte de la sixième extinction massive de biodiversité, les objectifs qui seront décidés lors de cette COP15 ainsi que les moyens pour y parvenir doivent permettre une adhésion globale, à toutes les échelles, pour engager la transition vers une société respectueuse des milieux naturels.
La version draft du Post-2020 Global Biodiversity Framework, publiée le 12 juillet 2021 par l’ONU, permet d’avoir une première idée des grandes décisions qui seront débattues lors de la COP15. L’objectif à horizon 2050 y est formulé de la manière suivante : « La biodiversité est évaluée, conservée, restaurée et utilisée avec sagesse, ce qui permet de préserver les services écosystémiques, de maintenir une planète saine et d’offrir des avantages essentiels à tous. »
Pour atteindre ce but, une première échéance : 2030, avec 21 objectifs à atteindre. Le secteur du bâtiment et de l’immobilier peut d’ailleurs y contribuer à plusieurs d’entre eux :
- * Restauration d’au minimum 20% des milieux terrestres et marins dégradés ;
- * Placement sous statut de protection d’au moins 30% des espaces terrestres et marins ;
- * Réduction du rythme d’introduction des espèces exotiques envahissantes (EEE) de moitié ;
- * Hausse de la superficie et des accès aux espaces végétalisés en milieu urbain
- * Renforcement du reporting des acteurs sur les dépendances et impacts de leurs activités sur la biodiversité
Ces quelques objectifs énoncés ne sont d’un extrait des 21 listés dans le framework. Parmi les 21 objectifs, plusieurs soulignent également la nécessité de prendre en compte les ponts entre la préservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique : aucunes mesures envisagées pour l’atténuation ou l’adaptation ne doivent avoir d’externalités négatives sur la biodiversité, et le potentiel de contribution des Solutions fondées sur la nature (SFN) doit être renforcé pour répondre aux défis climatiques.
Simplification de la complexité du vivant
Pour la lutte contre le réchauffement climatique, l’adoption lors de la COP21 d’un objectif commun, le maintien de la hausse de température en dessous du seuil des 2°C, et d’une métrique commune, la TeqCO2, a ainsi permis de fédérer l’ensemble des pays, acteurs et sociétés civiles autour d’un projet commun et lisible. Si ce système peut être critiqué, il a pu se décliner en outils de trajectoire carbone utilisés aujourd’hui par de nombreux acteurs. Si l’ambition de la COP15 est d’initier un engagement international en faveur de la préservation de la biodiversité de la même ampleur que la COP21 pour la lutte contre le changement climatique, le défi est de taille pour adopter un objectif qui reflète la complexité du vivant tout en répondant au besoin de simplification.
Cet enjeu de maniabilité des objectifs pour les acteurs est d’autant plus important qu’un certain nombre d’acteurs financiers français, assureurs, sociétés de gestion, etc., seront tenus de publier des indicateurs dès 2022 sur l’alignement de leurs objectifs en matière de biodiversité avec ceux du Global Biodiversity Framework qui seront décidé lors de cette COP15. Cette nouvelle obligation est entrée en vigueur avec le décret d’application de l’article 29 de la Loi Energie Climat, qui a été publié en mai 2021.
Entre la COP15 pour la diversité biologique et le Congrès mondial de la nature de l’UICN qui se tiendra en septembre à Marseille, les enjeux de biodiversité vont être placés sur le haut de l’agenda politique. Espérons qu’elle obtiendra une résonnance et une adhésion aussi large que celle autour de la COP21 sur les changements climatiques qui s’était tenue en 2015.
Source: novethic
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