« Un héros hollywoodien » : la tentative d’assassinat de Donald Trump va peser lourd sur la campagne

La tentative d’assassinat de l’ancien président Donald Trump en plein meeting pour l’élection du 5 novembre va avoir des répercussions sur la campagne. L’image de l’homme d’affaires blessé, mais le poing levé, va lui permettre de sortir renforcé de cette agression. À l’inverse, son adversaire Joe Biden est toujours empêtré dans la polémique sur son état de santé et sa capacité à diriger le pays.

Au lendemain de la tentative d’assassinat dont il a été victime, mais dont il est ressorti seulement légèrement blessé, Donald Trump a exhorté, dimanche 14 juillet, les Américains à l’unité.

« Seul Dieu a empêché l’impensable de se produire », a assuré le candidat républicain à la présidentielle sur sa plateforme Truth Social. « À cet instant, il est plus important que jamais que nous nous tenions unis », a ajouté l’ex-président, appelant à ne pas « permettre au mal de gagner ».

« Une figure christique »

Cet événement a eu lieu alors que la campagne pour l’élection présidentielle organisée le 5 novembre bat son plein. Les conséquences de cette tentative d’assassinat sur le scrutin pourraient être considérables.

Dans tous les médias, l’image de l’ex-président de 78 ans évacué, la joue ensanglantée, mais le poing levé hurlant « Fight ! », après plusieurs tirs lors d’un de ses meetings à Butler en Pennsylvanie, tourne en boucle. Comme le résume, Matthieu Mabin, correspondant de France 24, aux États-Unis, elle « vaut tous les spots de campagne du monde ».

« Ces images d’un Donald Trump couvert de sang, le poing levé, à l’ombre d’un drapeau américain, vont devenir emblématiques.

Il en ressort presque comme un héros hollywoodien », estime également Reed Brody, ancien procureur de l’État de New York.

Donald Trump se relève et s'adresse à ses partisans, le point levé, en criant "fight! fight! fight!" avant d'être évacué par le Secret Service.
L’agression de l’ancien président et sa réaction combative, immortalisée par les photographes, devrait ainsi accroître ses chances de l’emporter face au président sortant Joe Biden.

« Il est devenu presque une figure christique », souligne ainsi Bruno Daroux, chroniqueur international sur l’antenne de France 24. « Certains de ses partisans le considéraient déjà comme une sorte de gourou intouchable et là, il a été frappé et quasiment instantanément, il a ressuscité ».

L’ancien président américain était déjà parvenu à rassembler les membres du Parti républicain autour de sa candidature, alors que certains avaient pris leur distance avec lui après l’insurrection meurtrière du 6 janvier 2021.

Cet événement pourrait lui attirer de nouveaux partisans. « Dans le cadre de la campagne électorale, les fameux républicains modérés ou les électeurs indépendants ne vont pouvoir qu’admirer le courage et la force de caractère dont a fait preuve Trump », estime ainsi Bruno Daroux. 

« Un avantage à Donald Trump »

La plupart des enquêtes d’opinion donnent Donald Trump, 78 ans, et Joe Biden, 81 ans, au coude-à-coude pour l’élection du 5 novembre, mais cette tentative d’assassinat pourrait sonner comme le glas pour le président en exercice, dont l’état de santé pose question au sein même du camp démocrate. Ces derniers jours, l’attention se focalisait sur les doutes sur sa capacité à affronter Donald Trump depuis leur débat du 27 juin, marqué par la performance calamiteuse du démocrate. Une vingtaine de parlementaires l’ont appelé à se retirer.

« Cela va peser dans cette campagne.

D’un côté on voit un homme courageux qui résiste et de l’autre un Joe Biden dont le propre camp lui demande de passer la main. Des donateurs, des élus et des ténors du parti démocrate pensent qu’il n’est pas le mieux placé », analyse Dominique Simonnet, écrivain et journaliste, spécialiste des États-Unis. « Dans ce face à face, il y a évidemment un avantage à Donald Trump ».

« Certains commentateurs aux États-Unis estiment déjà que les jeux sont faits et que l’élection est pliée », précise Bruno Daroux.

« Cela va mettre une pression incroyable à Joe Biden pour qu’il se retire de la course ».

Joe Biden lors d'une conférence de presse à Washington le 11 juillet 2024.

Mais quelles sont les options restantes pour les démocrates ?

Selon Anne Deysine, professeure émérite à l’Université Paris Nanterre, il est encore temps de sortir du chapeau un nouveau nom : « Ils peuvent conserver Kamala Harris (NDLR: la vice-présidente de Joe Biden) pour garder les 200 millions de dollars de fond de campagne et lui associer un gouverneur d’un état du Midwest pour faire un ticket gagnant ».

Ce meeting à Butler était le dernier avant la convention républicaine qui débute lundi à Milwaukee (Wisconsin), et au terme de laquelle Donald Trump doit être officiellement investi candidat du Parti républicain à la présidentielle.

Pour Matthieu Mabin, l’ancien locataire de la Maison Blanche va y débarquer en position de force : « Cette grande messe qui devait adouber Donald Trump promettait déjà d’être un vaste événement à sa gloire. Quand le candidat républicain va se présenter devant ses militants avec un pansement sur sa joue droite, sa popularité dans son propre camp aura déjà explosé tous les records ».

« Il est clair que les fanatiques de Trump vont arriver à la convention galvanisés pour soutenir leur homme fort », pense également Anne Deysine.

« Mais on peut quand même se demander si une partie de l’opinion estime que cette incitation à la violence vient du camp républicain et de Donald Trump. Il pourrait y avoir à la marge, un petit basculement du côté des démocrates », tempère-t-elle.

france24

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