La Ville de Paris veut interdire les taxis volants pendant les JO 2024

La Ville de Paris, soutenue par un collectif d’ONG, a déposé un recours visant à suspendre l’autorisation des tests de taxis volants durant les Jeux Olympiques 2024. La mairie dénonce une aberration écologique et sonore ainsi qu’une décision unilatérale du gouvernement.

Le ministère des Transports a donné son feu vert pour des expérimentations de transport par taxi volant pendant les JO 2024 de Paris. L’arrêté a été publié mardi 16 juillet au Journal officiel, et autorise l’ouverture d’une plateforme de décollage et d’atterrissage pour ce type de véhicules sur la Seine, près de la gare d’Austerlitz.

Le Groupe ADP (qui gère les aéroports parisiens) a ainsi obtenu un droit de circulation aérienne publique.

Ce projet est contesté depuis ses débuts par bon nombre d’acteurs locaux, dont la Mairie de Paris. D’après Le Monde, cette dernière n’a d’ailleurs pas dit son dernier mot, puisqu’elle a déposé un recours en référé-suspension auprès du Conseil d’État. La même procédure a été engagée par un collectif d’ONG, composé entre autres de l’Union française contre les nuisances des aéronefs et de l’Association de défense contre les nuisances aériennes.

LA MAIRIE DE PARIS ET LES ASSOCIATIONS NE VEULENT PAS DE TAXIS VOLANTS AUX JO 2024
La Ville de Paris souhaite “obtenir le démantèlement du vertiport du XIIIe arrondissement et l’abandon définitif du projet de taxis volants”. Elle pointe du doigt une étude d’impact insuffisante et mise sur le fait que l’Autorité environnementale avait rendu un avis défavorable en septembre 2023. En février 2024, le commissaire chargé de l’enquête publique avait, lui aussi, émis des doutes quant à l’intérêt d’une telle initiative.

D’après lui, ce nouveau mode de transport ne contribuerait pas à une décongestion du trafic routier.

“Le projet de taxis volants était une aberration écologique pour ultrariches, c’est aujourd’hui un scandale démocratique : le gouvernement démissionnaire a choisi de passer en force”, dénonce Dan Lert, adjoint à la Maire de Paris en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie. Il évoque un mode de transport “30 fois plus énergivore et 45 fois plus émetteur en gaz à effets de serre qu’un déplacement en métro”.

Jean-Noël Aqua, élu conseiller de Paris, en rajoute une couche, qualifiant les taxis volants “d’aberration sonore”.

La Mairie de Paris souligne aussi que l’Agence européenne de sécurité aérienne n’a toujours pas certifié les véhicules développés par la société allemande Volocopter, retenus pour le projet. Elle estime par ailleurs qu’il s’agit d’un “risque majeur” de sécurité publique, ainsi qu’une atteinte au cadre patrimonial de la Seine et de ses berges, qui sont classées au Patrimoine mondial de l’Unesco.

PARIS 2024 L’AURA FAIT AVANT LOS ANGELES 2028
Du côté du gouvernement, on voit surtout une occasion de présenter la France comme une vitrine technologique. Les États-Unis ont la volonté de proposer ce mode de transport à l’occasion des JO 2028 de Los Angeles, il s’agit d’une opportunité de couper l’herbe sous le pied aux Américains. La France pourra ainsi dire qu’elle a été pionnière, même si les débuts risquent d’être timides. Surtout, la topographie et la superficie de Los Angeles justifient bien plus le recours aux taxis volant qu’à Paris.

L’exécutif est bien conscient que ces essais ne vont pas permettre de fluidifier le trafic et d’offrir une véritable offre de déplacement alternative.

Le taxi volant est un hélicoptère électrique compact comprenant deux places, dont une est occupée par le pilote. Un véhicule ne peut donc prendre en charge qu’un unique client.

Contrairement à la Ville de Paris, la région Ile-de-France est un soutien du projet, auquel elle a attribué une subvention d’un million d’euros. “Le développement de l’aviation basse altitude pour la mobilité aérienne urbaine est une aventure pleine de promesses, pour l’emploi, pour l’environnement et pour la vie des Franciliens”, annonçait Valérie Pécresse, présidente de la région, en 2022. “Je souhaite que le premier vol de passagers dans un avion à décollage et atterrissage verticaux ait lieu dans notre région, l’Ile-de-France.

Les JO sont une opportunité et une vitrine incroyable pour lancer ce projet”, déclarait-elle alors.

Le vertiport de la Seine et les taxis volants qu’il accueillera (si les recours échouent) n’ont donc un intérêt pratique que limité. L’autorisation accordée par le ministère des Transports est avant tout un enjeu politique et industriel visant à faire rayonner la France à l’international par le biais de l’exposition accordée par les Jeux Olympiques de Paris.

Le Monde

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