Une femme érythréenne est morte après le naufrage de son embarcation pneumatique, au large de Gravelines, dans le nord de la France, mercredi. Soixante-et-onze passagers, dont certains étaient à l’eau quand les secours sont arrivés, ont pu être récupérés et ramenés à Boulogne-sur-Mer.
Énième drame dans la Manche. Mercredi 17 juillet, une Érythréenne de 32 ans est morte après le naufrage de son embarcation au large de Gravelines, alors qu’elle tentait de rejoindre le Royaume-Uni. Les autres passagers, 71 au total, ont été secourus.
Cette tragédie porte à 20 le nombre de personnes mortes cette année en tentant de rallier les côtes anglaises clandestinement depuis la France.
#Naufrage d'une embarcation de migrants dans la Manche. Bilan consolidé : 71 personnes secourues mais malheureusement 1 personne n'a pas pu être réanimée. Coordination par @CROSSGrisNez
➡️https://t.co/4sJdavwJqc pic.twitter.com/Ktr4m4WMEd— Préfecture maritime Manche et mer du Nord (@premarmanche) July 17, 2024
En fin de journée mercredi, un patrouilleur signale « que les boudins d’une embarcation de migrants proche de lui » viennent de se dégonfler, et que des personnes sont « à l’eau », a expliqué la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar) dans un communiqué. Le navire se porte aussitôt à leur secours.
Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez mobilise également un avion de Frontex, deux hélicoptères et un bateau de sauvetage pour participer aux opérations.
Tous les moyens aériens déployés participent à localiser les naufragés « dont certains sont à la dérive en restant néanmoins assez proches du lieu de naufrage », relate la Prémar.
Le patrouilleur français recueille à son bord 59 naufragés, dont une personne inconsciente qui « n’a pas pu être réanimée » par l’équipe médicale de la SMUR (structure mobile d’urgence et de réanimation médicale), hélitreuillée depuis Boulogne-sur-Mer.
En parallèle, un navire des garde-côtes britanniques secourt 13 naufragés.
Toutes les personnes secourues ont été déposées à quai à Calais, où se trouvait un important déploiement de pompiers et policiers, a constaté un correspondant de l’AFP.
Les moyens aériens et nautiques ont poursuivi les recherches « sur une large zone autour du lieu de naufrage » jusqu’à la tombée de la nuit et « aucun autre naufragé n’a été détecté », a précisé la préfecture maritime. Bien que le dispositif de recherches ait été levé, la préfecture appelle les navires croisant dans le secteur « à une veille attentive ».
« On sait que ça va se reproduire »
Vendredi déjà, quatre migrants sont morts et des dizaines ont été repêchés par les secours alors qu’ils étaient déjà à l’eau, leur embarcation s’étant dégonflée dans la Manche. Ils avaient pris la mer depuis les côtes proches de Boulogne-sur-Mer vers 2h du matin dans l’espoir de rallier l’Angleterre. Leurs corps n’ont pas encore été identifiés.
« On est toujours aussi choqué d’apprendre un tel drame », a déploré à InfoMigrants Philippe, un habitant de Calais, lors d’une cérémonie d’hommage aux exilés disparus le 13 juillet. « Le plus terrible, c’est qu’on sait que ça va se reproduire. La côte anglaise semble tellement proche de chez nous. Il reste 35 km à ces gens, qui en ont déjà parcouru bien plus. Mais cette mer est dangereuse. Il faut la connaître. »
Parmi les plus fréquentés au monde, le détroit du Pas-de-Calais a été le théâtre ces dernières années de nombreux naufrages, le pire ayant eu lieu en 2021 quand 27 migrants, majoritairement des Kurdes irakiens âgés de 7 à 46 ans, sont morts noyés.
Plus de 1 000 policiers sur le littoral français
Pour freiner les départs, Paris et Londres se sont engagés à déployer des milliers d’effectifs policiers côté français. Cet été, plus de 1 000 policiers et gendarmes surveillent le littoral pour lutter contre l’immigration illégale, a indiqué le préfet du Pas-de-Calais, rappelant que 344 tentatives de traversées maritimes ont été interceptées côté français depuis le début de l’année, et 314 interpellations opérées parmi des filières de passeurs.
Malgré une surveillance accrue, soutenue par l’utilisation de drones et de caméras thermiques, plus de 14 000 personnes ont tout de même atteint le Royaume-Uni en 2024. Soit une hausse de 18% par rapport à la même période l’an dernier.
Lors du traditionnel discours du roi ce 17 juillet, cérémonie solennelle à la réouverture du Parlement britannique, le nouveau gouvernement travailliste emmené par Keir Starmer s’est engagé à lutter contre l’immigration clandestine, qui s’est imposée dans le pays comme un thème majeur des dernières législatives.
Il a annoncé la création d’une nouvelle force de sécurité dotée de « pouvoirs antiterroristes ». Ce nouveau « commandement pour la sécurité aux frontières » vise à « renforcer » la lutte contre les passeurs.
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