Macron profite du « grand bordel  » politique et bouge encore…

Malgré de nombreuses défaites politiques, le président bouge encore. La main que lui a tendue Laurent Wauquiez, au moment où le Nouveau Front populaire se déchire, lui offre paradoxalement des alternatives. Décryptage.

-Une retentissante défaite aux élections européennes.

-Une décision solitaire- dissoudre l’Assemblée nationale- qui implique une immédiate et irrémédiable rupture avec son « petit frère », le premier ministre Gabriel Attal ainsi qu’avec son allié des jours heureux Edouard Philippe.

-Un groupe de députés ratatiné – une centaine de sièges perdus dans une Assemblée nationale plus explosée que jamais, ce qui interdit quasiment la formation d’un gouvernement pérenne quelles que soient les alliances éventuellement passées.

Pas terrible, c’est le moins que l’on puisse relever, le bilan politique d’Emmanuel Macron.

Et l’on pourrait rallonger cette énumération des bides à répétition. Qui écoute encore les recommandations de l’ex- « maître des horloges » ? A-t-il été ravi de la réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale ? Rien n’est moins certain car, à son goût, la dame est trop imprévisible, trop indépendante, insuffisamment « macroniste » si l’adjectif a encore un sens.

La confirmation de l’Insoumis Éric Coquerel à la tête de la prestigieuse commission des Finances n’est pas faite non plus pour lui plaire d’autant que le « bloc central », tout de même sérieusement rabougri, a perdu un poste clef, celui de rapporteur général du budget échu à l’incontrôlable député Charles Amédée de Courson, impitoyable pourfendeur du… président. Lequel Courson a battu Jean-René Cazeneuve, un (très) proche de Macron. Sans oublier la ridicule déconvenue provoquée par la composition du bureau de l’Assemblée nationale à majorité…

Nouveau front populaire, parce que des députés Ensemble pour la République (EPR, le nouveau bloc censément macroniste) sont allés se coucher plutôt que de siéger dans l’hémicycle !

Sombre description en effet d’un pouvoir présidentiel en apparente déliquescence. Et pourtant le Président, dans ce contexte pourri, relève la tête. À la surprise de la plupart des observateurs, Emmanuel Macron bouge encore.

Xavier Bertrand, Premier ministre ?
Ce sursaut, il le doit d’abord à un nouvel allié, le plus inattendu qui soit, le président du groupe parlementaire « La Droite républicaine », Laurent Wauquiez. Depuis le premier jour, depuis 2017, il fut pourtant un impitoyable pourfendeur du macronisme et du chef de l’état, poussant loin la critique et l’opposition, jusque l’excès, parfois même l’insulte, accablant d’un incommensurable mépris ce président qui « n’a pas les pieds dans la terre de France ».

Si Wauquiez, fort de la soixantaine de députés LR qui, à l’inverse d’Éric Ciotti, ont refusé de se prosterner aux pieds de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, repousse l’hypothèse d’une « coalition » qui, au regard du rapport des forces au sein de l’Assemblée nationale ne serait pas « majoritaire », il propose en revanche et à la surprise générale, d’élaborer avec le camp Macron un « pacte législatif ». Divine surprise et, surtout, « coup » politique que le président ne manque pas de reprendre aussitôt à son compte.

Car ce « coup » est un « double coup » : il isole un peu plus encore le Rassemblement national et il interdit le (très) éventuel appel à un premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire. D’où cette rumeur que quelques macronistes, plutôt rangés à droite, se sont empressés de faire circuler : le moment venu, c’est à dire au plus tôt après les Jeux Olympiques, Xavier Bertrand serait le « profil idéal » pour être nommé Premier ministre.

Idéal ? De droite. Idéal ? Gaulliste. Idéal ? Fibre social incontestée. Ideal ? Élu de province. Idéal ? A fréquemment « cartonné » Macron. Une « qualité » désormais indispensable pour accéder à Matignon…

Force est de constater qu’Emmanuel Macron, pourtant originellement venu de la social-démocratie, ne fait aucun effort pour détacher le PS et les Verts de La France Insoumise et du NFP. Comme un renoncement au macronisme des origines, celui qui prétendait réunir le « meilleur » de la droite et le « meilleur » de la gauche.

Comme un alignement sur la ligne que prône Gérald Darmanin, celle d’un bloc central clairement déporté sur sa droite. Le chef de l’État prend d’autant plus vite la main que lui tend Laurent Wauquiez qu’il semble approuver cette évolution droitière. Au grand dam d’une partie de la (défunte ?) macronie.

Mais avec ce président là, il faut apprendre à se méfier.

Tôt ou tard, les socialistes et les écologistes rompront avec les Insoumis. Saura t-il seulement se rapprocher d’eux pour renouer avec ses racines idéologiques et culturelles ?

Rien n’est moins sûr. Les macronistes « de gauche » en sont désespérés.

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