Ethiopie: La mendicité a explosé dans un Tigré ravagé par la guerre entre 2020 et 2022

Vingt mois après la fin de la guerre, le Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, est toujours face à d’immenses défis. Le conflit avait opposé les Tigréens au pouvoir central éthiopien, allié de l’Érythrée voisine et d’autres régions comme celle Amhara.

Aujourd’hui, la région est exsangue. Le pouvoir tigréen a même déclaré une situation de famine. Dans un tel contexte, une partie de la population est tombée dans la pauvreté la plus totale et depuis la fin de la guerre, le nombre de mendiants a explosé. Illustration à Mekele, capitale tigréenne.

« Au nom de la Vierge, au nom de la Vierge », répète Méles.

Accroupi devant une église, l’homme mendie avec sa femme et leurs cinq enfants. Ce fermier originaire d’Abi Adi, à 100 kilomètres de là, est d’une maigreur effrayante. C’est la guerre qui l’a jeté dans la rue. « J’avais trois vaches, mais elles ont toutes été tuées par l’armée, affirme-t-il. Notre maison a été détruite, il ne reste plus rien. Donc, je dois mendier. Parfois, nous arrivons à nourrir les enfants, parfois non. Je suis assez triste de vivre comme ça. Mais je ne peux pas rentrer et cultiver. Je n’ai plus assez de force à cause du manque de nourriture ».

Les mendiants pullulent dans la capitale. À plus de 70 ans, Meseletch Weldekiran en est réduite à supplier les clients des restaurants. « Je fais du porte-à-porte pour demander de la nourriture, explique-t-elle. Je la fais sécher et je la ramène à mon village. Depuis la guerre, la situation de tout le monde a empiré. Heureusement, ici, un riche me prête un petit endroit pour passer la nuit ».

« On voit les mendiants partout »

Dans un restaurant de la ville, Ashema Figetat emballe les restes de son déjeuner pour les donner à des nécessiteux. Un geste généreux dans un contexte qui le touche profondément. « Il y en a tellement, soupire-t-il. On les voit partout. C’est triste surtout quand ce sont des enfants, alors qu’ils devraient être à l’école. Je me demande ce que va devenir la prochaine génération. On vit des temps difficiles ».

Les autorités tigréennes n’ont pas les moyens de faire face à cette crise sociale. Près de deux ans après la guerre, les Tigréens en sont toujours à se battre pour survivre.

La guerre du Tigré, de 2020 à 2022, pourrait avoir fait jusqu’à 600 000 morts selon l’Union africaine, sans compter un très grand nombre de pillages et destructions.

RFI

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