Après une attaque yéménite de drone qui a fait un mort à Tel-Aviv, le Proche-Orient connaît une montée des tensions, avec des frappes israéliennes sur Hodeïda et des représailles des Houthis. Dimanche 21 juillet, les rebelles yéménites ont menacé Israël d’une « réponse énorme » à ses frappes meurtrières contre le port de Hodeïda, toujours en flammes.
Cela pourrait représenter une nouvelle escalade régionale liée à la guerre dans la bande de Gaza, entrée dans son dixième mois.
Alors que les pompiers s’emploient à éteindre un incendie provoqué par les raids israéliens au port de Hodeïda, point d’entrée clé pour le carburant et l’aide humanitaire au Yémen, les Houthis ont réitéré leurs menaces contre Israël. « La réponse à l’agression israélienne […] est inévitable et sera énorme », a averti leur porte-parole militaire, Yahya Saree. Le chef des rebelles, Abdel Malik al-Houthi, a, lui, déclaré que ces frappes conduiraient à « de nouvelles attaques visant Israël ».
Du côté d’Israël, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a prévenu que d’autres opérations contre les Houthis suivront, « s’ils osent nous attaquer ».
Le gouvernement yéménite a condamné les raids israéliens. En guerre depuis 2014 contre les Houthis, qui contrôlent de vastes pans du Yémen, le gouvernement central yéménite est reconnu par la communauté internationale et soutenu par l’Arabie saoudite.
Entre-temps à Hodeïda, des réservoirs de carburant et une centrale électrique sont toujours en feu.
Les pompiers peuvent ne pas être « en mesure de contenir la propagation du feu » avant plusieurs jours, affirme Mohammed Albasha, analyste du Moyen-Orient pour le groupe américain Navanti, faisant craindre une aggravation des pénuries dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Depuis novembre, les Houthis mènent des attaques contre des navires présentés comme liés à Israël au large du Yémen et ont tiré des missiles contre des villes israéliennes, la plupart ayant été interceptés.
Pour Israël, les attaques houthies « ont dépassé le périmètre naturel de leurs cibles en mer Rouge »
Pour Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, les frappes de ce week-end augmentent le risque d’escalade régionale.
« Avec l’attaque et la riposte israélienne, le Moyen-Orient a connu un changement significatif. Les attaques ont dépassé le périmètre naturel de leurs cibles en mer Rouge, atteignant la profondeur israélienne. Israël considère cela comme une violation de sa ligne rouge. Déjà en difficulté avec Gaza et sous pression du Hezbollah, Israël ne pouvait pas rester sans répondre. »
Eliott Brachet
Hasni Abidi ajoute que cette riposte israélienne pose un défi complexe à la communauté internationale : « Cette riposte israélienne pose aujourd’hui un problème à la communauté internationale, qui observe une certaine retenue, notamment les États-Unis et les pays du Golfe voisins du Yémen. Ils craignent que la situation ne dégénère davantage, entraînant toute la région dans un conflit plus large. » En représailles, les Houthis parlent de contre-attaques imminentes contre l’État hébreu, suscitant l’inquiétude des voisins du Yémen, en premier lieu l’Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite « n’a nullement été impliquée ni n’a participé à l’attaque »
L’Arabie saoudite a rapidement réagi aux événements, rapporte notre correspondant à Riyad, Joseph Clément. Le général de brigade Turki Al Maliki, porte-parole du ministère de la Défense, a déclaré à l’agence de presse saoudienne : « L’Arabie saoudite n’a nullement été impliquée ni n’a participé à l’attaque contre Hodeïda. » Il a prévenu que son pays ne tolérerait aucune intrusion dans son espace aérien, quel que soit le belligérant.
En avril, les Houthis avaient reproché à Riyad de soutenir les États-Unis dans leurs efforts pour limiter leur expansion en mer Rouge, ce qui avait poussé le ministre du Tourisme saoudien, Ahmed Al Kathib, à rassurer quant à la poursuite de la construction d’hôtels de luxe le long de ce littoral. Plus récemment, les Houthis ont menacé d’attaquer les aéroports saoudiens, images de drone à l’appui.
La nouvelle tournure du conflit entre les Houthis et Israël complique la position de Riyad, tiraillée entre un rapprochement avec Israël et l’empathie des Saoudiens pour la cause palestinienne. Le Royaume cherche toujours à trouver un point d’équilibre dans ce contexte de tension croissante.
rfi