Le gouvernement travailliste britannique a annoncé lundi son intention d’accélérer les renvois vers leur pays d’origine des migrants non autorisés à rester au Royaume-Uni. Les autorités comptent utiliser l’argent et les avions prévus pour le Plan Rwanda pour expulser « les gens qui n’ont pas le droit de rester » au Royaume-Uni.
Si le Premier ministre travailliste Keir Starmer a confirmé, dès son arrivée au pouvoir, l’abandon du projet controversé d’expulser des migrants au Rwanda, il maintient cependant sa position de fermeté sur l’immigration irrégulière. Lundi 22 juillet, sa ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a annoncé son intention d’accélérer les expulsions de migrants sans-papiers vers leur pays d’origine.
« Nous remplacerons le [projet d’expulser des migrants au Rwanda] par un programme sérieux de retour et d’application de la loi », a-t-elle affirmé à la Chambre des Communes, en dénonçant une mesure qui a déjà coûté « 700 millions de livres » (830 millions d’euros) au contribuable britannique.
The Tories spent £700m of taxpayers money to send just 4 volunteers to Rwanda.
It is the most shocking waste of taxpayers money I have ever seen.
Instead of gimmicks we need hard graft. Labour will boost our border security instead. pic.twitter.com/Qn7NYkQPsU
— Yvette Cooper (@YvetteCooperMP) July 22, 2024
« Nous avons immédiatement remplacé les vols programmés vers le Rwanda par des vols pour renvoyer les gens qui n’ont pas le droit de rester [au Royaume-Uni] vers leur pays d’origine », a encore déclaré Yvette Cooper.
Elle a ajouté avoir demandé aux services de son ministère « d’intensifier les opérations de contrôle cet été, en visant le travail illégal dans les secteurs à haut risque ».
Lutter contre les « causes » de l’immigration
Londres entend également renforcer sa coopération avec ses voisins européens pour lutter contre les « causes » de l’immigration, « notamment via le ‘processus de Rome’ », le programme de coopération entre pays d’immigration et pays d’émigration lancé l’an dernier sous l’égide de la Première ministre italienne Georgia Meloni.
La semaine dernière, le Royaume-Uni a ainsi annoncé vouloir mobiliser 84 millions de livres (99 millions d’euros) d’aide au développement en Afrique du Nord et au Moyen Orient.
« Nous devrions agir beaucoup plus en amont, bien avant que les bateaux n’arrivent » en France pour servir aux migrants, a prévenu Yvette Cooper.
Le Royaume-Uni tente depuis plusieurs années d’enrayer l’immigration illégale, en particulier les arrivées de migrants par la Manche sur des canots pneumatiques de fortune, mais la politique de l’ancienne majorité conservatrice a été très critiquée par les associations d’aide aux demandeurs d’asile ainsi que par plusieurs instances internationales et européennes.
Pour se démarquer de son prédécesseur, Keir Starmer a promis de traiter le dossier de l’immigration « avec humanité », et a annoncé vouloir accélérer le traitement des dossiers de demandeurs d’asile tout en durcissant la lutte contre les gangs de passeurs pour « renforcer » les frontières.
« Commandement d’élite de la sécurité des frontières »
Lors de la campagne électorale, Keir Starmer s’était engagé à créer un nouveau « commandement d’élite de la sécurité des frontières ». Il entendait ainsi faire du Royaume-Uni un « territoire hostile » pour les réseaux de trafiquants qui organisent les périlleuses traversées de la Manche. « Nous vous trouverons, nous vous arrêterons, nous protègerons vos victimes », avait-il lancé.
Pour ce faire, le nouveau Premier ministre prévoit une augmentation des contrôles à la frontière franco-britannique, sur le modèle de la lutte anti-terroriste.
« J’utiliserai le MI5 [le service de renseignement responsable de la sécurité intérieur du pays, ndlr] pour aider à démanteler les réseaux de passeurs, qui ne valent pas mieux que les terroristes », avait-il déclaré auprès du média britannique The Sun, le 9 mai. « Nous utiliserons ces nouveaux pouvoirs pour accéder aux comptes bancaires, surveiller l’utilisation d’internet et suivre les mouvements des criminels au sein des gangs ».
Après avoir baissé en 2023, le nombre d’arrivées de migrants en Angleterre est reparti à la hausse cette année.
Depuis janvier, plus de 14 000 migrants ont traversé la Manche pour arriver au Royaume-Uni, soit une hausse de 18 % par rapport à la même période l’an dernier.
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