La justice américaine montre du doigt le Hezbollah pour l’attaque « terroriste » contre Rushdie

New York– La justice américaine a montré du doigt mercredi le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah en inculpant pour « terrorisme » un jeune Américano-libanais qui avait failli assassiner en 2022 l’écrivain américano-britannique Salman Rushdie dans l’Etat de New York.

C’est la première fois que Washington cite aussi précisément l’organisation chiite soutenue par Téhéran pour l’attaque au couteau contre M. Rushdie perpétrée par Hadi Matar le 12 août 2022, lors d’une conférence littéraire au bord des Grands lacs américains qui aurait pu coûter la vie à l’auteur mondialement célèbre des « Versets sataniques » sorti en 1988.

« En essayant de tuer Salman Rushdie (dans l’Etat) de New York en 2022, Hadi Matar a perpétré un acte de terrorisme au nom du Hezbollah, une organisation terroriste liée au régime iranien », a accusé dans un communiqué le ministre de la Justice Merrick Garland.

Le Hezbollah est considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays, parmi lesquels les Etats-Unis, ceux de l’Union européenne, le Royaume-Uni et une majorité des Etats membres de la Ligue arabe.

Et depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza en octobre dernier, le Hezbollah échange quotidiennement des tirs transfrontaliers avec l’Etat hébreu qui font redouter une guerre régionale à plus grande échelle.

« Le ministère de la Justice poursuivra ceux qui commettent des actes de violence au nom de groupes terroristes et qui sapent les libertés fondamentales consacrées par notre Constitution », a mis en garde le ministre Garland.

Hadi Matar, Américain de 26 ans également Libanais, qui vivait dans le New Jersey en banlieue de la mégapole New York, est déjà poursuivi et détenu depuis près de deux ans par la justice locale de l’Etat de New York qui le soupçonne d’être un sympathisant du Hezbollah.

Inculpé pour « terrorisme »

Le jeune homme a été inculpé il y a une semaine à l’échelon fédéral par un « grand jury » — des citoyens qui participent à la phase d’instruction pénale — pour trois chefs d’accusation, dont le « soutien à une organisation terroriste étrangère », selon un document judiciaire du 17 juillet rendu public mercredi par le tribunal fédéral de la juridiction ouest de l’Etat de New York.

M. Matar avait plaidé devant la justice locale « non coupable » de « tentative de meurtre » et d »agression », ouvrant la voie à un procès qui pourrait démarrer le 15 octobre selon la presse américaine.

L’accusé encourt 25 ans d’emprisonnement.

La procédure devant la justice fédérale est un processus distinct.

Le 12 août 2022, au début d’une conférence littéraire dans un cadre bucolique de la petite ville de Chautauqua, au bord des Grands lacs, Salman Rushdie avait été poignardé sur scène une dizaine de fois au cou, au visage, au ventre, par Hadi Matar, lequel avait été maîtrisé.

Après une longue convalescence, Salman Rushdie, 77 ans, a perdu la vue de l’oeil droit et porte maintenant un verre noir sur ses lunettes.

« Le Couteau »

Il a raconté cette agression et partagé ses réflexions sur la mort et sur l’amour dans « Le Couteau » paru en avril.

Né à Bombay en Inde en juin 1947, Salman Rushdie a publié son premier roman « Grimus » en 1975.

Auteur d’une quinzaine de romans, récits pour la jeunesse, nouvelles et essais, il a reçu en 1981 le prix Booker, l’une des plus prestigieuses récompenses littéraires pour « Les enfants de minuit ».

L’écrivain britannique avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication des « Versets sataniques » en 1988, conduisant le fondateur de la République islamique, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, à émettre en 1989 une fatwa réclamant son assassinat.

M. Rushdie avait été contraint de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cachette en cachette.

Installé dans la ville de New York depuis plus de 20 ans et naturalisé américain, il avait retrouvé ces dernières années une liberté de mouvement et avait même confié se sentir de nouveau en sécurité aux Etats-Unis, avant l’attaque de l’été 2022.

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