Quinze morts et 160 disparus dans un naufrage au large de la Mauritanie

Un naufrage au large de la Mauritanie a fait 15 morts, et plus de 160 disparus, lundi. Une centaine de personnes ont par ailleurs pu être secourues par les garde-côtes mauritaniens. Le bateau surchargé avait pris la mer depuis le nord de la Gambie, en direction des îles Canaries avant de sombrer à quelques kilomètres des côtes mauritaniennes.

Nouveau drame au large des rives mauritaniennes. Lundi 22 juillet, une pirogue a fait naufrage à quelques kilomètres de Nouakchott avec environ 300 personnes à bord, selon un communiqué de l’Organisation internationale des migrations (OIM), publié mercredi. Le bateau avait quitté le nord de la Gambie, près de la frontière sénégalaise, le 15 juillet.

« On a été appelé lundi matin pour nous informer d’un accident tragique au large de la Mauritanie. Des pêcheurs ont repéré un bateau qui prenait l’eau au large de Nouakchott », explique Lamine Secka, chargé des affaires consulaires à l’ambassade de Gambie, contacté par InfoMigrants.

Lorsqu’ils sont arrivés sur zone, les garde-côtes mauritaniens ont secouru 120 personnes, dont plusieurs femmes et enfants, et découvert 15 corps. D’après Lamine Secka, la majorité des passagers étaient originaires de Gambie et du Sénégal.

Les survivants ont été pris en charge à leur arrivée au port par l’OIM. Dix d’entre eux ont été « hospitalisés d’urgence pour y recevoir des soins médicaux », précise l’agence onusienne.

« Les efforts se poursuivent pour retrouver les personnes disparues », dont le nombre pourrait s’élever à plus de 160, d’après les estimations de l’ONU basées sur les témoignages des rescapés. « Nous travaillons sans relâche pour soutenir le gouvernement mauritanien afin de fournir l’assistance nécessaire à ceux qui ont survécu et d’aider à retrouver les personnes disparues », a déclaré le chef de mission de l’OIM en Mauritanie, Boubacar Seybou.

Près de 5 000 morts dans l’Atlantique
C’est le dernier drame en date sur la route migratoire de l’Atlantique, où les accidents sont fréquents en raison des forts courants et des vents violents qui déstabilisent les frêles embarcations, souvent en mauvais état et surchargées. Le 1er juillet, un bateau de pêche traditionnel avait fait naufrage au large de la Mauritanie : 89 corps avaient été découverts et 72 personnes sont toujours portées disparues.

Seuls neuf survivants avaient été retrouvés. Là encore, la pirogue était partie du nord de la Gambie.

Pour les seuls cinq premiers mois de l’année, l’ONG Caminando Fronteras a comptabilisé plus de 4 800 morts dans cette zone, soit un décès toutes les 45 minutes. Un record.

Pour rejoindre les Canaries, les migrants prennent la mer depuis le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. Crédit : InfoMigrants

Depuis plusieurs années, la route vers les Canaries a été réactivée pour éviter les patrouilles déployées en nombre le long de la Méditerranée.

Et les arrivées dans l’archipel ne cessent d’augmenter au fil des ans. En 2023, près de 40 000 migrants ont débarqué sur ce territoire espagnol, un chiffre jamais enregistré même lors de la crise des « cayucos », en 2006, où 31 000 personnes avaient atteint ces îles.

Et l’année 2024 connait aussi une forte affluence. Près de 20 000 exilés sont arrivés aux Canaries, soit une hausse de 160% par rapport à la même période de l’année dernière.

La majorité des départs se concentrent désormais depuis les rives sénégalaises, gambiennes et mauritaniennes – les exilés partant moins depuis le sud du Maroc, plus contrôlé –, soit à plus de 1 500 km des côtes canariennes.

D’après le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, la hausse des traversées s’explique notamment par l’instabilité grandissante dans les États du Sahel. Mais la pauvreté, la raréfaction des ressources halieutiques, l’inflation, la crise économique post-Covid expliquent aussi les nombreux départs depuis le Sénégal.

infomigrants

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