Arrivé lundi à Washington, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a prononcé mercredi un discours devant le Congrès américain, où il a assuré que la « victoire » d’Israël dans la guerre à Gaza sera aussi une victoire pour les États-Unis. Des milliers de manifestants se sont rassemblés autour du Congrès pour protester contre son discours et pour demander un cessez-le-feu.
Devant un Congrès américain divisé, Benjamin Netanyahu a déclaré mercredi 24 juillet que la « victoire » d’Israël sera aussi celle des États-Unis, le Premier ministre israélien appelant les deux pays à « rester unis » après plus de neuf mois de guerre dans la bande de Gaza.
« Pour que les forces de la civilisation triomphent, l’Amérique et Israël doivent rester unis », a-t-il lancé depuis l’hémicycle de la Chambre des représentants, sous les applaudissements nourris d’élus républicains.
« Au Moyen-Orient, l’axe de la terreur de l’Iran défie les États-Unis, Israël et nos amis arabes. Il ne s’agit pas d’un choc de civilisations, mais d’un choc entre la barbarie et la civilisation », a ajouté Benjamin Netanyahu qui s’est livré à une vibrante défense de l’armée israélienne.
Il a exhorté les États-Unis à débloquer une nouvelle aide militaire pour Israël, a évoqué un Gaza démilitarisé et « déradicalisé » après la guerre et s’est dit « confiant » quant à l’issue des négociations pour faire libérer les otages détenus par le Hamas.
« Je suis convaincu que ces efforts peuvent être couronnés de succès », a déclaré le dirigeant, remerciant le président Joe Biden « pour ses efforts inlassables » en faveur des otages.
La « victoire » d’Israël sera aussi une victoire pour les États-Unis, a assuré le Premier ministre israélien. « Nous ne nous protégeons pas seulement nous-mêmes. Nous vous protégeons… Nos ennemis sont vos ennemis, notre combat est votre combat, et notre victoire sera votre victoire ».
Le Hamas a dénoncé le discours du premier ministre israélien. « Les déclarations de Netanyahu à propos des efforts importants pour faire revenir les otages sont un mensonge total et induisent en erreur l’opinion publique israélienne, américaine et internationale, alors qu’il est le seul qui a contrecarré tous les efforts visant à mettre fin à la guerre et à conclure un accord pour libérer les prisonniers, malgré les efforts continus de médiateurs de nos frères en Égypte et au Qatar », a déclaré le mouvement palestinien dans un communiqué.
Rencontre avec Biden puis Harris
C’est la quatrième fois – un record pour un dirigeant étranger – que Benjamin Netanyahu s’adresse ainsi au Congrès, un honneur généralement réservé aux dirigeants en visite d’État.
Jeudi, il rencontrera le président Joe Biden, avec lequel il entretient des relations compliquées pour discuter de « la situation à Gaza », « des progrès réalisés en vue d’un cessez-le-feu » et « d’un accord sur la libération des otages », selon la Maison Blanche.
Kamala Harris, qui n’a pas assisté à son discours en raison d’un voyage déjà programmé, s’entretiendra séparément avec le dirigeant israélien jeudi. En réponse à cette absence, un porte-parole du gouvernement israélien a estimé que le discours était « plus important que n’importe quel individu ».
Benjamin Netanyahu se rendra ensuite vendredi à la résidence Mar-a-Lago en Floride, à l’invitation de Donald Trump, les deux hommes disant s’entendre à merveille.
Fait notable : ce n’est pas à l’invitation de la Maison Blanche que le Premier ministre israélien est à Washington mais à celle des chefs parlementaires républicains, auxquels se sont joints malgré eux les chefs démocrates.
« Pas le bienvenu »
C’est que la visite du Premier ministre israélien, arrivé lundi à Washington, sème la pagaille et pas seulement dans les rues de la capitale.
De nombreux élus démocrates sont vent debout contre le dirigeant de droite israélien, condamnant sa conduite de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza qui s’est traduite par des milliers de morts palestiniens. Ils ont annoncé un boycott du discours au Congrès.
Figure très influente du camp démocrate, Nancy Pelosi a annoncé qu’elle n’y assistera pas.
« Non, Netanyahu n’est pas le bienvenu au Congrès américain », a écrit sur le réseau X le sénateur de gauche Bernie Sanders.
Des milliers de manifestants se sont rassemblés autour du Congrès pour protester contre le discours de Benjamin Netanyahu et pour demander un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Fossé sur l’après-guerre
Les États-Unis sont le premier allié et principal soutien militaire d’Israël. Mais l’administration Biden s’est agacée ces derniers mois des conséquences de la riposte israélienne à l’attaque menée le 7 octobre sur son sol par le Hamas, qui a déclenché la guerre à Gaza, insistant sur la protection des civils et l’entrée de l’aide humanitaire.
Washington est allé jusqu’à suspendre la livraison de certains types de bombes – sans pour autant cesser son soutien –, provoquant la colère du gouvernement israélien.
Benjamin Netanyahu a profité de la tribune du Congrès pour défendre son objectif d’éliminer le Hamas et insister sur la menace que représente l’Iran.
Pour l’heure, la priorité du président américain est plutôt de presser Benjamin Netanyahu à conclure un accord de cessez-le-feu avec le Hamas, au moment où certains le soupçonnent de traîner des pieds sous la pression des membres d’extrême droite de son gouvernement.
Il s’agit aussi pour Washington de préparer l’après-guerre. Et là, le fossé entre les deux gouvernements est béant, notamment sur la perspective de créer un État palestinien.
AFP